Bordeaux : chef d’oeuvre en péril

Bordeaux fait peur. Bordeaux inquiète. Attention à la chute ! Les années 2000 n'épargnent pas les clubs de légende.
C’est une petite annonce qui pourrait paraitre dans les pages saumon du Figaro : « Région viticole recherche émir, cheikh, nabab, prince rouge ou oligarque souhaitant investir dans le vin et s'acheter un club de foot. » Bordeaux est relégable. Le champion de France 2009 pointe au soir de la septième journée de Ligue 1 à la dix-huitième place. Les Girondins traversent-ils une saison pourrie comme Lens, Nantes, Auxerre ou Monaco en ont connue durant les années 2000, les tirant vers le bas avant de les engloutir en Ligue 2 ? L’avenir le dira. Bordeaux meurt d’ennui. Les réseaux sociaux révèlent le mal-être des supporters. « Il y a des chantiers partout, derrière, au milieu, devant et pas beaucoup de solutions. C'est ce qui me tracasse un peu. » Francis Gillot n’a pas de baguette magique. Il constate l’affaiblissement de son équipe au fil des mois. En 2013, Yoan Gouffran a quitté le club en janvier. Benoit Trémoulinas et Jaroslav Plasil sont partis à l’intersaison. Le départ du capitaine bordelais a cassé un ressort même si les habitués du Stade Chaban-Delmas savent que Plasil était sur la pente descendante, qu’il n’apportait plus grand-chose et que ses prestations laissaient à désirer. C’était tout de même (un peu) mieux avec lui que la rencontre face à Reims qualifiée par Hubert Fournier « d'un niveau technique proche du football amateur. »
M6 en première ligne
Le problème de Bordeaux ne date pas d’hier. Il est structurel. Chaque année, le club perd des joueurs et ne les remplace pas. Alou Diarra, Fernando Cavenaghi, Souleymane Diawara, Yoann Gourcuff, Marouane Chamakh, la liste est longue des Bordelais partis alors que les arrivées se comptent sur les doigt d’une main. Les recrues déçoivent : Fahid Ben Khalfallah a joué treize minutes depuis le début de la saison en Ligue 1. Il était venu en 2010 pour faire oublier Gourcuff. Nicolas Maurice-Belay entame sa troisième année avec Bordeaux. Il a disputé vingt-neuf matches l’an passé en championnat sans inscrire un but. Il est titulaire depuis le début de saison et n’a toujours pas marqué. Après la déroute à Francfort, Maurice-Belay a pointé du doigt les soucis d’un vestiaire : « Il faut vraiment qu’on se dise les choses et surtout arrêter de ne pas se les dire pour ne pas blesser l’un ou l’autre. On manque de dureté. Au niveau offensif et défensif on manque aussi d’agressivité puisque techniquement on perd encore trop de ballons. » Paroles et paroles. Toujours des déclarations d’intention. Toujours des diagnostics sans remède. Cheick Diabaté pèche par maladresse. Cédric Carrasso a le niveau international dans cette formation ; il est le seul. Ludovic Obraniak fait le boulot. C’est un cas isolé avec Henri Saivet, issu du centre de formation.
Les rodomontades de Jean-Louis Triaud ne suffiront pas. Bordeaux est à la croisée des chemins et l’actionnaire (M6) est en première ligne. Les supporters reprochent à Nicolas de Tavernost une stratégie d’épicier. Le club plonge, l’actionnaire n’investit pas et mène une politique de rigueur sans éclat et sans avenir. Le message subliminal est clair : soit vous restez et vous mettez la main à la poche, soit vous partez. La vocation de M6 n’est pas de construire une grande équipe. Alors quelle solution ? Vendre ? J’imagine que M6 y pense. Le nouveau stade (situé à Bordeaux Lac) sera livré en 2015. D’ici là il n’est pas certain que les choses bougent.