À Carnac, 39 menhirs détruits pour installer un magasin Mr. Bricolage

Des vestiges millénaires sens dessus dessous. 39 menhirs ont été détruits dans le cadre de travaux pour installer un magasin de bricolage de l'enseigne Mr. Bricolage à Carnac, dans le Morbihan. Ces alignements de pierres datant de la période néolithique (entre 6000 et 2200 avant notre ère) étaient pourtant signalés comme un site archéologique mais le maire dit ne pas en avoir eu connaissance, révèle Ouest-France.

Le site concerné consiste en deux alignements de pierres sous forme de murets de moins de deux mètres de haut. Le signalement est venu de Christian Obeltz, un chercheur en archéologie basé à Carnac et spécialiste du néolitique, qui a publié une note de blog critiquant des "aménagements brutaux" jouxtant les alignements de menhirs et "dénaturant ce site mondialement connu". Il estime que la destruction de ces alignements est "illégale".

"Toute destruction d’un site archéologique est passible d’une lourde amende", assure-t-il à Ouest-France.

Le maire pas au courant

L'entreprise Mr. Bricolage a obtenu un permis de construire sur ce terrain en bonne et due forme auprès de la mairie de Carnac. Le document a été délivré le 22 août 2022, ouvrant la voie à des travaux pour l'installation d'un magasin qui sont aujourd'hui bien entamés.

Le maire de Carnac Olivier Lepick assure ne pas avoir failli à ses obligations préalables à la délivrance du permis et n'avoir tout simplement pas été au courant de la présence de tels vestiges.

"Nous sommes extrêmement attentifs à ce genre de choses, nous regardons les zones de pré-inscription archéologique. Dans ce dossier, de notre côté, nous avons respecté scrupuleusement la législation", martèle-t-il.

Des rapports archéologiques

Pourtant, l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) avait été sollicité dès 2014 pour un diagnostic archéologique après des velléités d'installation d'une autre entreprise. Le rapport avait alors fait état de la probable découverte "d’un alignement mégalithique inédit" dans un rapport publié en avril 2015, soit l'alignement désormais détruit. Le permis de construire avait alors été invalidé.

Le maire explique qu'après vérification, la Direction régionale des affaires culturelles avait signalé le site dans l'ancien Plan d'occupation des sols mais pas dans le nouveau Plan local d'urbanisme.

De son côté, le gérant de l'entreprise assure qu'il était "de bonne foi" en demandant son permis et en commençant à construire. Il affirme ne pas avoir eu connaissance du caractère historique des alignements plus tôt.

"Si on avait su cela, on aurait fait autrement, évidemment!", assure-t-il.

Candidature pour un classement à l'Unesco

Les 39 menhirs détruits faisaient partie d'un groupe de 397 mégalithes répartis sur Carnac et 26 autres communes morbihannaises qui concoure à une classification au patrimoine mondial de l'Unesco, sous la houlette du maire de Carnac notamment.

Les alignements de menhirs détruits "constituaient sans doute l’un des ensembles de stèles les plus anciens de la commune de Carnac, à en juger par les datations au Carbone 14 obtenues en 2010 (...): 5480-5320 avant J.-C., soit la datation la plus haute obtenue pour un menhir dans l’ouest de la France!", assure de son côté Christian Olbetz.

Article original publié sur BFMTV.com