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À Kastellorizo, l’amour gréco-turc

Je ne sais pas si c’est parce que j’ai faim, mais je n’ai jamais vu de calamars frits plus rouges et plus délicieux que ceux qui sortent de la poêle de Gogo. Je suis dans la cuisine de la taverne Athina à Kastellorizo ​​qui, comme tous les restaurants, est pleine de monde. C’est la date anniversaire de la libération de l’île [de l’Italie fasciste, le 13 septembre 1943], en présence de la présidente de la République, et tout le monde est sorti manger paré de ses plus beaux vêtements. Même la tortue de mer nous honore de sa présence en se promenant entre les bateaux.

“C’est prêt !” dit Gogo en posant l’assiette sur le comptoir et en se tournant vers moi : “Alors qui t’a parlé de moi ?” Beaucoup de monde, en réalité. L’histoire de Gogo et Kerem, qui, malgré les éclats de voix sur les plateaux de télévision et les estrades de leurs pays, sont tombés amoureux, se sont mariés et vivent heureux à Kastellorizo ​​depuis six mois, est une histoire que les insulaires aiment raconter.

Courrier international
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“Depuis 1999, je viens ici et je n’ai pas eu peur une seule fois”, m’a dit Mme Sotiria Daniilidou un peu plus tôt dans un café du port, non sans manifester une certaine réserve. En effet, maintes et maintes fois, ce qu’elle a raconté aux journalistes a été transformé, voire déformé, car la peur fait vendre. “Mon fils vit à Kastellorizo ​​​​avec sa femme depuis des années, ils n’ont jamais rencontré de problème”, a ajouté Mme Anna Martala, assise à proximité.

“Les Turcs sont toujours très amicaux, a poursuivi Mme Daniilidou. Il y a aussi eu des mariages entre nous ! As-tu rencontré Gogo ?”

“Comme tu aimes, j’aime”

Gogo Karydogianni a rencontré Kerem le 20 juin 2019 dans cette même taverne. Kerem, ingénieur sur les bateaux de tourisme qui vont et viennent depuis la côte turque, passait régulièrement prendre son café au restaurant. “À l’époque j’étais très remontée contre les Turcs, je ne voulais pas le voir. J’ai été élevée avec certains préjugés. J’avais l’habitude de faire son café avec de l’eau non potable”, explique Gogo. Mais Kerem était patient. Un jour, il lui prit la main et lui demanda de discuter avec lui. “Tu es humaine, je suis humain, comme tu aimes, j’aime”, lui a-t-il dit.

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