Publicité

À l’Assemblée, la NUPES et LIOT exhortent le gouvernement à laisser voter la PPL LIOT

POLITIQUE - Les députés NUPES et LIOT demandent la VAR, version Assemblée nationale. Lors de la séance de questions au gouvernement ce mardi 30 mai, les députés LIOT et NUPES avaient une seule question à l’esprit : « Le gouvernement laissera-t-il l’Assemblée nationale se prononcer » le 8 juin sur la proposition de loi visant à abroger le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans ?

Le ton a été donné dès la première question, attribuée à la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain : « Dans une démocratie chahutée par votre gouvernement, où la séparation des pouvoirs est un principe fondamental de notre République, jusqu’où êtes vous prête à aller dans le dévoiement de nos institutions pour ne pas perdre la face ? », a demandé l’élue de l’Isère à la Première ministre. « Je vous le dis madame la Première ministre, soyez sport. Le 8 juin, acceptez votre défaite », conclut-elle, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Quelques instants plus tard, c’est le député LIOT Charles de Courson qui a pris le relais. « Cette proposition de loi vise un double objectif : permettre enfin à l’Assemblée nationale de se prononcer sur la hausse de deux années de l’âge légal de départ à la retraite. Et deuxièmement, de lancer une conférence de financement du système de retraites pour aboutir à des propositions équilibrées », fait valoir le centriste, applaudi par les bancs de la gauche et de l’extrême droite.

« Le gouvernement laissera-t-il l’Assemblée nationale se prononcer sur cette proposition de loi ou aura-t-il de nouveau recours à de dispositions visant à en empêcher le vote ? », ajoute-t-il, évoquant « certaines rumeurs » sur un éventuel recours au vote bloqué ou « une nouvelle réunion du bureau de l’Assemblée nationale pour écarter cette proposition ».

« Le 8 juin, c’est une séance de rattrapage »

Par la suite, ce sont les députés GDR Sébastien Jumel et LFI Florian Chauche qui ont insisté. « Sur la réforme des retraites, les Français attendent un vrai vote à l’Assemblée. Pas de blabla, pas de combines. […] Le 8 juin, c’est une séance de rattrapage, les Français l’attendent, les Français vous regardent », a lancé le premier. « Nous vous invitons, nous le groupe communiste, solennellement à laisser se dérouler pleinement l’examen de cette loi », ajoute-t-il.

Comme l’ont rappelé les opposants au texte, la proposition de loi LIOT a été jugée recevable, d’abord par le bureau de l’Assemblée nationale puis par le président de la commission des Finances Éric Coquerel ce mardi. Néanmoins, le groupe Renaissance dispose encore de quelques options pour éviter un vote en séance et pourrait y avoir recours dès ce mercredi lors de l’examen du texte en commission.

C’est in fine la présidente de l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot sur la tenue du vote. Et sa position est très claire : « Il ne doit pas y avoir de débat sur cet article qui est clairement anticonstitutionnel. (...) Je prendrai mes responsabilités, c’est la raison pour laquelle je suis présidente de l’Assemblée nationale », a-t-elle déclaré sur France 2.

À l’unisson, la majorité et le gouvernement fustigent une proposition de loi « inconstitutionnelle » en raison de son coût pour les finances publiques (15 milliards selon la majorité, 270 millions selon les oppositions). Interpellée par Cyrielle Chatelain, la Première ministre Élisabeth Borne a redit une nouvelle fois son opposition à l’examen du texte.

« On ne défend pas les institutions à coups de propositions de loi anticonstitutionnelles. On ne ment pas aux Français en portant, avec la plus grande démagogie, un texte dont chacun sait ici pertinemment qu’il serait censuré par le Conseil constitutionnel s’il parvenait au bout de son cheminement parlementaire », a répondu la Première ministre dans l’hémicycle. « Jusqu’au bout, nous défendrons la réalité face à la démagogie et la Constitution face à ceux qui la remettent en cause », a-t-elle ajouté.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a pour sa part vertement répondu à Charles de Courson, estimant qu’avec ce texte, le député, connu pour être un fin connaisseur des finances publiques, ne « pourrait plus jamais venir dans cet hémicycle et doctement faire la leçon » sur ce sujet. « Monsieur le député de Courson, comment vous sentez-vous quand le Front national et LFI se lèvent pour vous soutenir dans une admirable tenaille identitaire et extrémiste ? », a-t-il lancé.

La suite du match doit se jouer ce mercredi 31 mai en Commission des Affaires sociales, avant que le texte n’arrive dans l’hémicycle le 8 juin. Pour une séance sous haute tension, que le vote ait lieu ou pas.

À voir également sur Le HuffPost :

Braun-Pivet sur la PPL Liot : « Je prendrai mes responsabilités » si Coquerel la laisse passer

Retraites : les petits arrangements avec l’esprit de la Ve République