À l’hôpital, les conditions de travail nuisent à la santé mentale du personnel

 38 % des salariés à l’hôpital présentent des symptômes  de dépression contre 30 % dans l’ensemble des personnes en emploi
38 % des salariés à l’hôpital présentent des symptômes de dépression contre 30 % dans l’ensemble des personnes en emploi

HÔPITAL - C’est une étude qui confirme les alertes que lance le personnel hospitalier depuis des années : à l’hôpital, les conditions de travail sont dangereuses pour la santé mentale des salariés. Publiée ce jeudi par la Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques (DREES), l’analyse compare l’état psychique du personnel hospitalier à l’été 2021 - entre deux vagues de Covid-19 - à celle du reste de la population en emploi.

Son but ? Mesurer la fréquence des symptômes de dépression, d’anxiété ou le besoin de prise en charge psychologique parmi les personnes travaillant à l’hôpital. Et les résultats sont sans appel : les conditions de travail à l’hôpital créent plus de souffrance qu’ailleurs.

Dépression, anxiété : le personnel hospitalier est en souffrance

L’étude pointe en effet une souffrance psychologique plus grande chez le personnel hospitalier qu’au sein du reste de la population. À l’hôpital, c’est 38 % des salariés qui présentent des symptômes « légers à modérés » de dépression (perte d’appétit, fatigue, difficultés de concentration…), contre 30 % dans l’ensemble des personnes en emploi. Un écart mesuré aussi pour les symptômes de l’anxiété (nervosité, inquiétude, irritabilité), qui sont déclarés par 38 % du personnel hospitalier contre 22 % de l’ensemble des personnes en emploi. Toutefois, les symptômes de dépression et d’anxiété « graves » sont aussi fréquents à l’hôpital que dans l’ensemble des personnes en emploi.

Ces symptômes s’accompagnent d’un besoin de soutien psychologique accru puisque près d’un quart des personnes travaillant à l’hôpital déclare avoir « besoin d’aide pour des difficultés psychologiques » contre 19 % de la population en emploi générale.

Des résultats directement liés aux conditions de travail à l’hôpital

En cause, les « conditions de travail difficiles » propres à l’hôpital. Les résultats de l’étude soulignent en effet que « les situations de tension au travail comportant une demande psychologique forte et une latitude décisionnelle faible, identifiées comme accroissant ces risques, sont plus fréquentes à l’hôpital. En 2017, elles concernaient 35 % des personnes salariées de la fonction publique hospitalière, contre 27 % de l’ensemble des salariés ».

Parmi les facteurs qui dégradent la santé mentale, l’étude compte aussi la difficulté à concilier sa vie personnelle et professionnelle, les « incitations à ne pas prendre ou à repousser un congé maladie » et les « surcharges inhabituelles de travail ». Dans une moindre mesure, la santé mentale dégradée des hospitaliers découle aussi de la « proportion élevée de femmes », qui constituent plus des trois quarts des effectifs et sont plus souvent sujettes aux troubles anxieux et dépressifs, selon l’étude.

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