À New York, la fumée rend l’air « nocif », retour des masques et sorties scolaires annulées

A New York, la fumée rend l’air « nocif », retour des masque et sorties scolaires annulées (Photo de New York prise le 7 juin 2023)
A New York, la fumée rend l’air « nocif », retour des masque et sorties scolaires annulées (Photo de New York prise le 7 juin 2023)

ETATS-UNIS - Comme un air de Blade Runner 2049. La statue de la Liberté et les gratte-ciel de Manhattan enveloppés dans un brouillard orange et marron : les feux de forêt au Québec obscurcissent ce mercredi 7 juin la célébrissime « skyline » de New York et rendent l’air très difficilement respirable pour ses 8,5 millions d’habitants.

Les masques du Covid font leur réapparition dans les rues de Manhattan, Brooklyn et Queens, à l’instar de Hugh Hill qui promène son chien à Central Park, le gigantesque poumon vert de la capitale économique et culturelle des États-Unis.

Depuis le début de la semaine, les autorités de la ville et de l’État de New York ont multiplié les messages d’alertes et commencé des distributions de masques.

« La fumée et la brume des incendies de forêt qui ravagent des pans entiers de la forêt canadienne ont atteint l’est des États-Unis. La région de DC a une qualité de l’air Code Red pour la première fois depuis 2011 qui n’était pas liée au 4 juillet et les responsables de la ville de New York préviennent que la fumée “sans précédent” pourrait persister plusieurs jours. »

« Une des pires » qualités d’air « au monde »

« Je suis attristé aujourd’hui de constater que la ville de New York, qui bénéficie d’habitude d’une bonne qualité d’air, a l’une des pires au monde à cause de ces feux de forêt » au Canada, s’est alarmé le sénateur new-yorkais Chuck Schumer, s’exprimant ce mercredi depuis le Sénat à Washington, où il dirige la majorité démocrate. La situation est encore plus mauvaise dans les grandes banlieues huppées et vertes au nord de New York, le long du fleuve Hudson, où le ciel vire au jaune-orange-gris et où l’air racle la gorge.

« La ville de New York a actuellement la pire qualité de l’air de toutes les grandes villes du monde, selon un classement en direct d’IQAir, une entreprise technologique qui suit la qualité de l’air et la pollution dans le monde. »

D’après le site IQAir.com, qui surveille les niveaux de pollution à travers la planète, l’indice pour New York a atteint mercredi matin « 158 » sur une échelle de zéro à 500, avec une concentration de microparticules PM2.5 à un niveau 14 fois plus élevé que les normes de l’Organisation mondiale de la Santé.

Mais selon le New York Times, mercredi en début d’après-midi, la ville de New York signalait un indice de 235. Ceci avant que l’indice atteigne finalement un niveau affolant en fin de journée : d’après le site gouvernemental airnow.gov, l’indice pour la qualité de l’air pour New York a atteint le chiffre record de 413 sur une échelle de zéro à 500, un record depuis plus de deux décennies.

D’après la gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, l’indice de qualité de l’air est passé mercredi de « nocif à » très nocif « et toutes les activités scolaires et parascolaires en plein air ont été suspendues ou limitées » au strict nécessaire.

Les vols perturbés à cause de la fumée

La fumée des incendies commence également à affecter les vols dans la région de New York. Ce mercredi à midi, la Federal Aviation Administration a interrompu certains vols vers l’aéroport La Guardia et les retards se sont accumulés à l’aéroport international Newark Liberty.

« Le soleil n’est plus visible, tout est orange, les lumières du parking se sont allumées et nous sommes bloqués à 50°F. »

« La FAA a pris des mesures pour gérer le flux de trafic dans la région de New York en raison de la visibilité réduite de la fumée des feux de forêt », a déclaré l’agence dans un communiqué, cité par le New York Times, notant que la fumée peut affecter la visibilité de la même manière que les nuages ​​bas ou le brouillard.

Pas de course pour la journée mondiale de la course à pied

Les monuments les plus célèbres de New York -- statue de la Liberté, pont de Brooklyn, tour One World Trade Center -- ne se détachent plus comme d’habitude sous un ciel bleu et limpide. « Hier, en rentrant de mes cours je respirais de la fumée », témoigne auprès de l’AFP Evangelia Antonakos, professeure de mathématiques de 47 ans, accompagnée par son enfant de 5 ans portant lui aussi un masque.

« Ce n’est pas le jour pour s’entraîner au marathon », a prévenu, avec son sens de la litote, le maire de la ville Eric Adams. Ce qui a de quoi décevoir les coureurs puisque ce mercredi est la journée mondiale de la course à pied. Compte tenu de la situation, les New York Road Runners ont annulé tous leurs événements liés à cette journée.

« Si vous êtes à New York ou dans une zone touchée, veuillez lire et suivre l’avis de santé de votre ville concernant la qualité de l’air pour le 7 juin, et envisagez de courir un autre jour. », a-t-il été annoncé.

Tenter de protéger les animaux

Et cela ne touche pas que les humains. Les animaux aussi ressentent les effets de la fumée. Alors que des conseils sont diffusés pour protéger les animaux de compagnie (notamment éviter de les laisser sortir trop longtemps), les chevaux de calèches de la ville ont dû également arrêter de travailler ce mercredi.

« Vue en direct de Midtown Manhattan alors que la fumée dense des feux de forêt s’installe à nouveau au-dessus de New York. Une scène absolument surréaliste. »

Le département de la santé de la ville de New York a en effet annoncé dans l’après-midi une « suspension du travail » pour tous les chevaux de travail, note le New York Times. « Le ministère de la Santé surveille la situation et informera l’industrie des chevaux de calèche du moment où les services pourront continuer », a déclaré la porte-parole du ministère, Shari Logan.

Des risques pour les personnes fragiles

Plus au sud, la capitale fédérale Washington s’est également réveillée mercredi dans une odeur âcre et sous un ciel voilé malgré un temps ensoleillé. « La qualité de l’air aujourd’hui sera nocive pour la santé des personnes ayant une maladie cardiaque ou respiratoire, les personnes âgées, les enfants et adolescents », selon les autorités locales.

Comme à New York et dans l’État du Maryland, les écoles publiques ont annulé les activités en extérieur pour les enfants, notamment le sport et les récréations en extérieur. Certains cours ont été annulés en fin de journée pour que les enfants puissent rentrer plus tôt chez eux.

L’indice de qualité de l’air à Washington était de 199 mercredi matin, un niveau considéré comme « nocif » et qui devrait perdurer jeudi. Et selon le site fire.airnow.gov, ce sont des dizaines de millions d’habitants du nord-est et de l’est des États-Unis (New York, Washington, Philadelphie, Pittsburgh,...) qui sont soumis cette semaine à une très mauvaise qualité de l’air.

Les conditions à New York devraient se poursuivre jeudi et vendredi et se prolonger potentiellement jusqu’au week-end, selon Basil Seggos, commissaire du Département de la conservation de l’environnement de l’État de New York, cité par le New York Times. « En fin de compte, cela va continuer pendant les prochains jours et probablement jusqu’au week-end », a-t-il déclaré aux journalistes mercredi après-midi. « Nous prierons pour qu’il pleuve dans le nord et que les vents changent. »

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