À Paris, 500 jeunes migrants occupent une école désaffectée, refuge saturé et cible de l’extrême droite

Depuis avril, les associations d’aide aux réfugiés dénoncent une « crise humanitaire et sécuritaire » en plein cœur des quartiers aisés du 16e arrondissement de la capitale.

« Jusqu’où l’État nous laissera dans cette situation ? » Deux mois après le début de l’occupation d’une école désaffectée dans le 16e arrondissement de Paris, le 4 avril dernier, les associations d’aide aux migrants réclament plus que jamais une mise à l’abri pour les quelque 500 jeunes qui vivent maintenant dans des conditions particulièrement précaires, sans eau courante ni électricité.

Le HuffPost a visité les lieux au bord de la saturation, jeudi 1er juin. Les bénévoles estiment que cette occupation ne fait que répondre à la dispersion systématique des campements de migrants et à la pression policière dans les rues de Paris depuis quelques années.

« On est rentré dans une situation inédite, mais qui va devenir usuelle : zéro tente dans Paris. Il y a les JO qui approchent », analyse Agathe Nadimi, fondatrice de l’association Les Midis du Mie. « Ça veut dire qu’ils [les jeunes migrants] sont invisibles. Rien n’existe. Et donc, l’école, ça a été en premier lieu un refuge pour dire : “stop, ça suffit” », ajoute-t-elle.

À notre micro, plusieurs jeunes disent vouloir rester en France pour y étudier, travailler et s’intégrer. Ces derniers proviennent principalement de Guinée, de Côte d’Ivoire ou du Mali après un périlleux périple à travers le désert et la mer. Après leur arrivée en France, l’évaluation de l’Aide sociale à l’enfance n’a pas reconnu leur minorité, ce que plusieurs jeunes contestent.

« Sans action immédiate de l’État, un drame semble inévitable », préviennent les associations Utopia 56, Les Midis du Mie, Timmy et Tara dans leur dernier communiqué, publié ce 1er juin. Celles-ci s’inquiètent de manifestations de groupuscules d’extrême droite devant l’école au cours des dernières semaines, particulièrement dans un contexte de tensions autour de centre de demandeurs d’asile ailleurs en France. Au HuffPost, les associations affirment devoir payer elles-mêmes un service de sécurité, faute d’avoir obtenu une protection policière autour de l’établissement.

Un « accompagnement pluridisciplinaire » des jeunes migrants, « adapté à leurs situations individuelles et dans des hébergements stables en Île-de-France », est aussi réclamé par les associations.

En 2022, l’État recensait près de 15 000 mineurs non accompagnés (MNA) en France, soit trois plus qu’en 2014, première année de recensement.

À voir également sur Le HuffPost :

À Rennes, des migrants délogés pour faire place à des sans-abri d’Île-de-France

Migrants morts dans la Manche : cinq militaires mis en examen en France

VIDÉO - Alpes-Maritimes: de jeunes migrants exploités par des réseaux de trafiquants de drogue, affirme Eric Ciotti