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À Roland-Garros, la guerre en Ukraine plane sur certains matches et conférences de presse

L’Ukrainienne Marta Kostyuk (à droite) et la Biélorusse Aryna Sabalenka (à gauche), avant leur match du premier tour à Roland-Garros, le 28 mai 2023.
L’Ukrainienne Marta Kostyuk (à droite) et la Biélorusse Aryna Sabalenka (à gauche), avant leur match du premier tour à Roland-Garros, le 28 mai 2023.

ROLAND-GARROS - Déjà, à quelques jours du début de Roland-Garros, l’Ukrainienne Lesia Tsurenko avait annoncé la couleur. « Le message avant les Internationaux de France que je lance à tous les autres sportifs (ukrainiens) est toujours le même : nous devons y aller et les battre sur tous les terrains. » Dans ses propos, elle évoquait bien sûr ses potentiels adversaires russes et biélorusses.

Si la 66e mondiale affrontera une Tchèque - Barbora Krejčíková - pour son entrée dans le tournoi parisien ce mardi 30 mai, l’actuelle guerre en Ukraine est déjà beaucoup présente sur les courts, dans les tribunes et lors des conférences de presse de « Roland » dont le premier tour a début ce dimanche.

Ce jour-là, la première polémique a vite éclaté, quand l’Ukrainienne Marta Kostyuk a été huée par une partie du public du Philippe-Chatrier après sa défaite ; elle avait en effet refusé de serrer la main de la Biélorusse Aryna Sabalenka.

« Les gens devraient avoir honte ! », avait réagi la 39e mondiale en conférence de presse, elle qui reproche aussi à l’ATP et la WTA d’être trop accommodantes avec les joueurs russes et biélorusses.

De nombreuses fédérations internationales ont banni les sportifs russes et biélorusses de leurs compétitions à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 (et dans laquelle la Biélorussie se positionne en alliée de Moscou), mais à l’exception des compétitions de sélections (Coupe Davis et Billie Jean King Cup), ils peuvent participer aux circuits professionnels de tennis, sous bannière neutre, sans drapeau ni hymne en cas de victoire.

Les joueuses et joueurs russes ne sont pas hués

Aryna Sabalenka, qui pourrait potentiellement devenir numéro 1 mondiale à l’issue du tournoi, s’était aussitôt défendue : « je l’ai dit bien des fois : aucun joueur russe ou biélorusse ne soutient la guerre. Personne. Comment peut-on soutenir la guerre ? Les gens normaux ne le font pas. Pourquoi faut-il dire haut et fort ce genre de choses ? C’est évident, comme 1 + 1 = 2. Si on pouvait y mettre un terme, on le ferait tout de suite. »

Ce n’est pas la Russe Varvara Gracheva - qualifiée pour le 2e tour - qui dira le contraire, elle qui est installée en France depuis 2016 et qui a demandé à être naturalisée, même si sa démarche a été entamée bien avant le début du conflit.

Le lendemain, lundi 29 mai, les regards se sont ensuite tournés vers Elina Svitolina. L’Ukrainienne, retombée à la 192e place mondiale, entamait son tournoi contre l’Italienne Martina Trevisan. Sur le court Simonne-Mathieu en milieu d’après-midi, l’épouse de Gaël Monfils a été particulièrement soutenue par le public, notamment par des compatriotes dont les drapeaux bleu et jaune étaient bien visibles en tribunes, rapporte Le Parisien. Ces bannières avaient déjà été largement visibles lors de sa finale remportée au tournoi de Strasbourg deux jours plus tôt.

« Merci beaucoup d’être venu me soutenir. Je suis très contente de la façon dont j’ai joué aujourd’hui, et j’ai hâte du prochain match », a lancé l’Ukrainienne au public parisien après sa victoire, elle qui a donné la totalité de son prize-money remporté à Strasbourg pour des associations venant en aide aux enfants ukrainiens, afin de reconstruire des écoles.

Quid de l’atmosphère entourant les matches des Russes porte d’Auteuil ? Pour le moment, tout se passe dans les règles de l’art. Si les drapeaux ou symboles russes et biélorusses sont interdits dans l’enceinte de Roland-Garros pour cette édition, les Russes et Biélorusses sont peut-être un peu moins soutenus que le reste des engagés, mais ils ne sont pas sifflés pour autant et restent applaudis « normalement ». Preuve en est après la victoire de Karen Khachanov dimanche sur le Suzanne-Lenglen, qui venait - en plus - de renverser un Français, Constant Lestienne, après avoir été mené deux sets zéro.

Si le tournoi masculin ne devrait pas tourner à l’incident diplomatique, aucun tennisman ukrainien n’étant engagé - contre cinq Russes, dont le numéro 2 mondial Daniil Medvedev et un Biélorusse -, ce n’est pas la même donne dans le tableau féminin.

En conférences de presse, des questions inévitables

Après les deux premiers jours de compétition, il restait encore en lice dix Russes, trois Biélorusses et quatre Ukrainiennes. Malgré tout, hormis un potentiel Svitolina-Blinkova (Russie) au 3e tour - le remake de la finale strasbourgeoise de samedi où tout s’est bien passé -, il ne devrait probablement pas y avoir de confrontations russo-ukrainiennes ou biélorusso-ukrainiennes vu la configuration du tableau.

On sera quand même curieux d’entendre la réaction du public en cas de victoire finale de Daniil Medvedev ou de Daria Kasatkina (la Russe la mieux classée, tête de série N°9)…

Malgré tout, la pression du conflit en Ukraine ne reste jamais bien loin, notamment lors des conférences de presse, où des questions sur le sujet sont inévitablement posées par les journalistes. « À chaque tournoi, on nous demande notre ressenti », a ainsi soupiré l’Ukrainienne Dayana Yastremska lundi après sa défaite au premier tour. « On a expliqué notre position. On ne se sent pas bien de jouer contre des Russes. Sur le plan émotionnel, c’est difficile. Mais il vaut mieux leur poser la question à elles : se sentent-elles bien en jouant contre nous ? »

La Russe Anastasia Pavlyuchenkova a, elle, été interrogée par une journaliste ukrainienne à propos d’une publication sur les réseaux sociaux dénonçant la guerre, qu’elle avait finalement retirée. La 333e joueuse mondiale a alors dû expliquer que la décision avait été prise « avec son conseiller en relations publiques ».

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