À Saint-Brévin, Dorothée Pacaud succède à Yannick Morez comme maire après sa démission

Dorothée Pacaud, élue maire de Saint-Brévin le 9 juin 2023, aux côtés de son prédécesseur Yannick Morez.
Dorothée Pacaud, élue maire de Saint-Brévin le 9 juin 2023, aux côtés de son prédécesseur Yannick Morez.

L’élection de Dorothée Pacaud a été légèrement perturbée par une dizaine de jeunes militants d’extrême droite. Elle veut poursuivre le projet du Cada qui a cristallisé la colère autour de son prédécesseur.

POLITIQUE - Une élection symbolique. La première adjointe de Saint-Brevin-les-Pins Dorothée Pacaud a été élue maire de cette commune de Loire-Atlantique vendredi 9 juin dans la soirée après la démission fracassante de Yannick Morez, visé par des menaces et des violences de l’extrême droite, selon une correspondante de l’AFP sur place.

Cette enseignante de 45 ans, sans étiquette, devient la première femme à prendre la tête de cette station balnéaire de 14 800 habitants. Son prédécesseur avait démissionné avec fracas après des mois de tensions autour du déplacement d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA).

L’ancien maire DVD Yannick Morez avait expliqué son choix de quitter ses fonctions après le manque « flagrant » de soutien de l’État depuis l’officialisation, fin 2021, du transfert de ce centre près d’une école de sa commune. Cible de menaces, les attaques à son encontre avaient culminé le 22 mars au petit matin avec l’incendie de deux véhicules du maire devant son domicile, dont la façade avait également été touchée par les flammes alors qu’il y dormait en famille. Lors de son audition au Sénat, le 17 mai, Yannick Morez avait souligné que ses adjoints avaient eux aussi été victimes d’une campagne de dénigrement de la part de l’extrême droite sur internet.

Depuis l’acceptation de la démission du maire par le préfet, Dorothée Pacaud exerçait la fonction de maire par intérim. Mère de trois enfants, jamais encartée dans un parti, cette professeure d’histoire-géographie en collège a été élue pour la première fois à Saint-Brévin en 2014. D’abord en charge de l’environnement, elle était devenue première adjointe en 2017. Elle était jusqu’à présent chargée de la culture, du patrimoine et du jumelage.

Des militants d’ultradroite perturbent le conseil municipal

La réunion du conseil municipal, vendredi en début de soirée, s’est tenue dans une ambiance un peu tendue. Une dizaine de jeunes militants d’ultra-droite se sont présentés devant les vitres du conseil municipal en brandissant des fumigènes et criant « Hier Annecy, demain Saint-Brévin », avant d’être repoussés par les gendarmes. Ces militants n’étaient pas originaires de la commune, selon les gendarmes.

« Je m’attendais à cette entrée en matière et j’y étais préparée », a déclaré à la presse Dorothée Pacaud, 45 ans, ceinte de son écharpe tricolore. « Pour autant, j’aborde avec beaucoup de sérénité les trois années qui viennent », a-t-elle ajouté. « Je pense que la parole de mon prédécesseur a porté haut et j’ai bon espoir d’être davantage soutenue ».

Vendredi, devant l’entrée du conseil municipal, quelques habitants opposés au CADA avaient distribué un tract signé de Bernard Germain, porte-parole de la « Coordination Partout Callac », faisant lui aussi référence au drame d’Annecy. Interpellée par deux habitants anti-CADA à l’issue du conseil municipal, elle a dénoncé un « amalgame scandaleux » avec le drame d’Annecy, soulignant que « le racisme n’est pas une opinion politique mais un délit ».

Elle a précisé que les travaux du CADA allaient se poursuivre et qu’il ouvrirait comme prévu à la fin de l’année. « Je suis persuadé qu’une fois qu’il sera ouvert, tout va se calmer », a commenté Yannick Morez. « Depuis 2016 et l’arrivée des premiers migrants, nous n’avons jamais eu aucun problème à Saint-Brévin », a-t-il ajouté.

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