ÉDITO - Coronavirus: pour l'exécutif, un reconfinement contraint et forcé

Le Premier ministre Jean Castex et le président Emmanuel Macron, le 14 juillet 2020 à Paris - Ludovic Marin
Le Premier ministre Jean Castex et le président Emmanuel Macron, le 14 juillet 2020 à Paris - Ludovic Marin

Emmanuel Macron ne voulait pas d'un reconfinement. Il n'en démordait pas il y a quelques jours - "Il est trop tôt aujourd'hui pour dire si l'on va vers des reconfinements locaux ou plus larges", disait-il encore vendredi dernier. Mais le chef de l'État a fini par s'y résoudre: c'est donc un reconfinement contraint et forcé qui se profile.

Car les mêmes causes produisent les mêmes effets et amènent les mêmes solutions. L'exécutif doit évidemment faire face à l'engorgement des hôpitaux et notamment des services de réanimation, avec 2909 patients Covid en soins intensifs ce mardi - soit plus de moitié des lits disponibles en France. Il y a aussi le nombre de morts, 523 rapportés toujours ce mardi, si on additionne les décès dans les hôpitaux et ceux dans les Ehpad.

Ne pas mettre l'économie à l'arrêt

L'exécutif est pris de court. Il n'a pas d'autre solution face à cette situation hors de contrôle: le reconfinement est la seule chose qui marche pour stopper la circulation du virus.

Dans la majorité, on assure toutefois que ce reconfinement sera différent de celui du printemps parce qu'il ne veut pas mettre l'économie à l'arrêt. On laisse donc les écoles ouvertes, et peut-être les collèges et les lycées avec un protocole sanitaire révisé - à condition évidemment que les enseignenats acceptent de reprendre le travail et de ne pas exercer leur droit de retrait. On encourage le télétravail, mais on n'interdit pas pour autant aux Français de se rendre au bureau.

Un sentiment d'improvisation

À en croire les chefs de partis qui étaient reçus ce mardi soir par Jean Castex, le gouvernment n'avait pas vraiment planché sur un tel plan de reconfinement.

"Ça donne ce sentiment d'improvisation, de panique, de manque d'anticipation", a commenté le patron de LR, Christian Jacob, à la sortie de Matignon. "Je suis très surpris de la manière dont cette réunion a été programmée, conduite... Et rien n'a été mis sur la table."

Un triple échec

Il n'a pas tort: il n'y a visiblement pas de plan précis visiblement qui a été préparé. Tout se décide en urgence. Jean Castex, qui était l'homme d'un déconfinement qui a mal tourné est en passe de devenir l'homme d'un reconfinement mal préparé. Et tout cela pose des questions sur le plan démocratique. Qui décide? Le Conseil de défense, pas les ministres. Qui vote? Le Parlement, mais seulement ce jeudi, une fois les décisions annoncées.

Au final, pour l'exécutif, c'est un échec dans le discours - il a changé. C'est un échec dans la stratégie - tester, tracer, isoler, ça n'a pas fonctionné. Et c'est un échec dans l'anticipation - Olivier véran nous promettait 12.000 lits de réanimations possibles à la fin de l'été, on voit bien que ça n'est pas le cas aujourd'hui.

Article original publié sur BFMTV.com