En Égypte, des pattes de poulet pour lutter contre l’inflation

Alors que les prix des produits alimentaires en Égypte ne cessent de grimper, sur fond d’une dégringolade monétaire sans précédent depuis un an, les autorités ont appelé la population à favoriser la consommation de pattes de poulet, une alimentation promue comme “saine pour le corps et le budget”, rapporte The Wall Street Journal (WSJ) dans un reportage sur la situation socioéconomique du pays.

La monnaie nationale a atteint en janvier un nouveau plus bas historique, à plus de 32 livres pour 1 dollar, avant de se stabiliser autour de 30 livres, marquant ainsi une baisse de 43 % de sa valeur par rapport au billet vert depuis mars 2022 et de 75 % depuis le putsch d’Abdel Fattah Al-Sissi, en juillet 2013.

Catherine Doutey/Courrier international
Catherine Doutey/Courrier international

Outre des facteurs internes, notamment une dette élevée, et la pression du Fonds monétaire international (FMI) pour faire flotter le régime monétaire, en partie à l’origine de cette dévaluation, le pays est frappé de plein fouet par la guerre en Ukraine, qui a entraîné une sortie massive de capitaux, “estimée à 20 milliards de dollars”, selon le WSJ. Celle-ci a aggravé le phénomène de dévaluation monétaire et d’inflation, pesant sur la sécurité alimentaire et entraînant de nouveaux segments de la population dans la pauvreté.

“La livre égyptienne a connu la troisième pire performance dans le monde, après la roupie sri-lankaise et le peso argentin”, indique le Wall Street Journal. Conséquence : “l’inflation a atteint près de 19 % en novembre, et les économistes s’attendent à ce qu’elle culmine à 25 % d’ici à mars”, précise le journal américain.

“Ces jours sont les pires”

Sur le terrain, ce bond des prix alimentaires – “30 % (en un an) à la fin de novembre” – se fait largement ressentir, et contraint les Égyptiens à ne plus consommer certains produits, y compris les œufs, voire à sauter des repas.

Selon Mohamed Wahba, représentant des bouchers à la chambre de commerce du Caire, cité par le WSJ, les ventes de viande ont chuté d’environ 25 % au cours du mois dernier.

Ahmed Qutb, 53 ans, risque de fermer son étal de volaille, faute de clients. “Le poulet est désormais pour les riches”, lâche-t-il. “Le fait que le gouvernement dise aux gens de manger des pattes de poulet montre à quel point il n’a pas réussi à gérer la crise”, déplore de son côté Mahmoud Ibrahim, 55 ans, professeur de sport dans un lycée.

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