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24h du Mans: avec un nombre record d’Hypercars, beaucoup espèrent assister à "la course du siècle"

24h du Mans: avec un nombre record d’Hypercars, beaucoup espèrent assister à "la course du siècle"

La notion de "course du siècle" est utilisée comme un terme marketing par les organisateurs des 24h du Mans, dont on fête le centenaire cette année. Mais il est possible que ce concept s’exporte aussi sur la piste, tant le plateau est alléchant pour l’édition 2023. Ferrari, Porsche, Cadillac, Peugeot et Vanwall débarquent et vont aligner une voiture en catégorie Hypercar, la plus prestigieuse. Ces marques se sont ajoutées à Toyota et Glickenhaus, déjà présentes l’année dernière (Alpine y avait engagé une voiture l’an passé, mais s’est retiré avant de revenir en 2024).

Au total, seize voitures en Hypercar seront au départ, contre cinq l’an dernier. Un record depuis que les Hypercars sont apparues en 2021. Mais surtout, la catégorie reine au Mans n’avait plus connu un tel nombre d’engagés depuis 2011. "En réalité, il n’y a pas de lien entre le centenaire des 24h du Mans et le retour massif des constructeurs. C’est le fruit d’un nouveau règlement technique proposé aux constructeurs qui est assez intelligent, explique Frédéric Lequien, patron du Championnat du Monde d’Endurance (WEC). Il permet beaucoup de liberté en termes de design avec des budgets qui sont contenus. Il est en train de se passer quelque chose."

Cette coïncidence tombe bien. Les constructeurs ont en effet été convaincus de revenir grâce à ce nouveau règlement dévoilé à partir de 2019, puis amendé. Il est intéressant notamment sur le plan technique avec des modifications apportées sur la puissance, le poids ou le contrôle des performances aérodynamiques des voitures de la catégorie reine. La performance est quelque sorte encadrée pour tous, ce qui ne pousse pas à dépenser outre-mesure et limite les coûts des écuries. Les marques ont aussi plus de liberté sur l’esthétique et le design de leurs modèles. De plus, les prototypes LMDh, engagés dans le championnat américain d’endurance (IMSA), ont été invités à rejoindre le WEC dans la catégorie avec les Hypercars. Ce qui permet, si besoin, une convergence pour les équipes.

Le WEC parle d’un nouveau cycle

Résultat : une émulation et de l’excitation au sein même du paddock. "La concurrence est beaucoup plus relevée donc on peut s’attendre à beaucoup plus de suspense et plus de spectacle", appuie Frédéric Lequien, qui aime parler de "début d’un nouveau cycle". "Avec toutes ces équipes, ça va être une vraie guerre, ça va être top ! C’est un vrai plus, c’est génial, sourit Jean-Éric Vergne, au volant d’une Hypercar Peugeot. Avant Toyota dominait tellement qu’il n’y avait pas vraiment de compétition. Tous les éléments sont là pour que ce soit la plus grande édition qui n’ait jamais existé." Pour les concurrents l’enjeu est important puisque le Mans est le sommet de la saison.

"Professionnellement cela nous complique forcément la vie, car il y a davantage de concurrence. Mais c’est extrêmement intéressant techniquement, sportivement, de se confronter à plus de constructeurs et d’avoir des courses plus intéressantes. Ça valorise le championnat", pense Olivier Jansonnie, le directeur technique de Peugeot. Le constructeur français est un peu en retrait depuis le début de saison et cela s’est confirmé au Mans, puisqu’aucune des deux 9x8 Hypercar ne s’est qualifiée pour l’Hyperpole. "Il faut être patient. Tout le travail que l’on a fait sur la fiabilité, il faut qu’on le fasse sur la performance, disait Vergne il y a quelques jours Est-ce que cela va arriver cette année ou l’année prochaine ? Il faut être patient même si cela peut être frustrant de ne pas jouer la gagne." D’autant que les détails compteront plus que jamais cette année…

"Portières contre portières"

Mathieu Jaminet, qui pilotera une Porsche, vit lui "un rêve de gosse" en faisant partie de ce "plateau exceptionnel". "Je pense que la course va être hyper serrée. J’espère que les performances des voitures seront proches pour qu’on ait une belle bagarre en piste. Il faudra faire une course parfaite. C’est génial, c’est ce que tout le monde a toujours voulu voir. Au-delà d’être pilote, je suis un grand fan de sport auto et avoir des plateaux compétitif et ultraserrés ça donne toujours de belles courses. On espère donner un show cool."

L’équipe a signé trois top 5 dont une 3e place lors des trois premières manches du WEC. Même s’il "manque encore du temps" à l’équipe selon le pilote Frédéric Makowiecki. "Il y a déjà eu, à une certaine époque, beaucoup de voitures d’usines et de voitures privées. Mais on a une grande année, ajoute-t-il. Ces dix dernières années c’était principalement des duels voire des trios. On aura une belle bagarre. La gestion n’est pas la même vue le nombre, il faudra être fort face à tous. Quand les gens verront le départ de toutes ces Hypercars samedi, ça va être quelque chose… Se retrouver dans des batailles portières contre portières, j’apprécie beaucoup."

Ferrari impressionne

Parmi ces retours, celui de Ferrari est le plus spectaculaire, cinquante ans après sa dernière apparition en catégorie reine. De par son aura, d’abord. "Des marques comme Ferrari sont des marques qui font toujours rêver énormément, se réjouit Frédéric Lequien. Elle rayonne d’une manière incroyable et touche pleins de générations." Par les performances de la Scuderia, aussi, avec trois podiums au classement général en trois courses du WEC. "Ils ont fait un boulot remarquable. Ils n’avaient pas fait de prototype depuis très longtemps, ils ont tout fait en interne et chapeau, dit Mathieu Jaminet, impressionné. Dès la première course ils étaient performants. Ce qu’ils ont réussi à faire en un laps de temps très court est exceptionnel !"

"Ils n’ont pas toujours été très bons en opération et en stratégie mais ils ont montré une belle pointe de vitesse, appuie Makowiecki. Ils sont devant nous, mais je veux qu’on se concentre sur notre boulot. A nous de leur montrer que quand ça compte, on peut aussi être là !" Le cheval cabré sait faire, a de l’expérience. Lilou Wadoux ne conduit pas une Hypercar, elle est engagée en catégorie LMGTE-AM avec la Scuderia, mais elle est tout de même impressionnée par le professionnalisme de la Scuderia : "Rien que tout le soutien autour… On a du media-training, des camps d’entraînements avec tous les pilotes Ferrari. On a le support mental, faire du simulateur à Maranello. J’évolue dans tous les domaines." La bataille sera rude. "Gagner, c’est ce que tout le monde veut faire, affirme Sébastien Bourdais, qui s’installera dans l’Hypercar Cadillac. Gagner le général c’est différent d’une victoire de classe. On espère que tout le travail paiera. Il y a seize voitures, ça va être une grosse guerre. Même si Toyota fait figure de mastodonte." La marque japonaise reste sur cinq victoires au Mans, a parfois agacé par sa domination, mais elle suscite de l’admiration et les organisateurs lui sont reconnaissants d’être resté ces dernières années.

Une affluence record

Conséquence de ce plateau jamais vu lors des dernières éditions, l’attrait du public et des médias pour l’Endurance a augmenté. Les 24h du Mans seront, à l’occasion du centième anniversaire, à guichets fermés, avec une affluence record de "près de 300 000 spectateurs sur l'ensemble de la grande semaine de l'épreuve". "A Spa (le 29 avril), on a eu 72 000 personnes. C’est un aussi record. Il y a cet enthousiasme car à ce plateau magnifique mais aussi au côté accessible de l’Endurance, sourit Frédéric Lequien. On dit souvent que chez nous on peut presque toucher les voitures. L’arrivée massive des constructeurs a entraîné une dynamique très positive en termes decommunication, d’intérêt pour les diffuseurs dans le monde entier aussi." Les constructeurs s’engagent généralement sur des cycles de quatre ans. Et trois nouveaux sont attendus en catégorie Hypercar l’an prochain : BMW, Lamborghni et Alpine.

Article original publié sur RMC Sport