95% des adultes ne font pas assez de sport en France

70% des femmes sont exposées aux risques liés au manque d’activité physique, contre 42% pour les hommes, d'après l'avis de l'Anses (photo d'illustration). (Photo: Sarah Mason via Getty Images)

Trop sédentaires, pas assez sportifs, les Français augmentent considérablement leur risque de développer une pathologie liée au manque d'activité physique.

SPORT - Nous sommes 35,5 millions d’adultes en France exposés aujourd’hui à des risques sanitaires élevés. Soit 95% de la population entre 18 et 65 ans, femmes enceintes et ménopausées exclues.

C’est ce que révèle un avis de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, rendu public ce mardi 15 février. Ont été évalués les risques liés aux niveaux d’activité physique et de sédentarité des adultes. Cet avis se fonde sur l’analyse des résultats de plusieurs études et rapports menés sur la question, entre 2011 et 2020.

“On ne pensait pas que le chiffre serait aussi élevé”

D’après l’agence, nous ne bougeons pas suffisamment. Entre le sport que nous pratiquons trop peu et notre sédentarité qui nous fait vénérer le canapé, nous sommes 95% à augmenter significativement notre risque de développer les maladies afférentes comme le diabète de type 2, l’obésité et les accidents cardio-vasculaires.

“Quand on a démarré l’étude, on ne pensait pas que le chiffre serait aussi élevé, explique au HuffPost la Pr Irène Margaritis, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses. On sait qu’on est dans une société qui bouge peu, mais quand on commence à rentrer dans les détails, l’augmentation des risques est marquée”.

Les adultes à faible niveau d’étude et les moins de 45 ans, les plus touchés

Ainsi, l’expertise révèle que 70% des femmes sont exposées aux risques liés au manque d’activité physique, contre 42% pour les hommes. De plus, passer plus de 8 heures par jour en position assise expose à un risque pour la santé. Les adultes à faible niveau d’étude et les moins de 45 ans sont les plus touchés.

“La sédentarité et le manque d’activité physique sont des facteurs de risque peu dépendants l’un de l’autre, précise la Pr Margaritis. Ils ont des effets spécifiques à chacun. Le problème, c’est quand les effets se cumulent.”

En effet, plus du tiers des adultes additionnent sédentarité élevée et activité physique insuffisante, ce qui entraîne un taux de mortalité et de morbidité plus importants encore.

Le confinement, pire que le télétravail

La sédentarité est aujourd’hui marquée par le temps passé devant les écrans pour le loisir. Or, les deux confinements de 2020 ont augmenté les temps longs sur les tablettes, téléviseurs et téléphones. Cette mauvaise habitude ne semble pas avoir décru depuis.

De même, le télétravail a été pointé du doigt comme une source de sédentarité supplémentaire, “mais, ajoute la Pr Margaritis, l’enjeu n’est pas le télétravail, c’est le confinement ! Parce qu’on peut très bien télétravailler et exercer une activité physique lors de ses pauses. Alors que le confinement a clairement augmenté la sédentarité.”

Seulement voilà, à lire l’avis de l’Anses, si nous voulons éloigner le risque, il faudrait que nous fassions 5 fois par semaine une demi-heure de vélo, 1 à 2 fois par semaine de la natation, et 2 à 3 fois par semaine de la gym ou du yoga.

Des objectifs inatteignables ?

Dès lors, rien d’étonnant à ce que nous soyons 95% à ne pas remplir ces critères. “Pourtant les niveaux de preuve de danger sont là, assure la Professeure, ils sont même très élevés. Nous savons avec certitude que cette somme d’activités protège réellement des risques.”

Alors, comment faire pour atteindre ces objectifs exigeants?

“Ce n’est pas une injonction individuelle, tempère la Professeure. C’est plutôt un rapport adressé aux pouvoirs publics. Nous disons à la fois aux gens de faire ce qu’ils peuvent, d’autant qu’on en voit les bénéfices dès le début de ce type de campagne, et dans le même temps, nous nous adressons aux institutions: attention, la société telle qu’elle est organisée actuellement, ne permet pas aux adultes d’exercer ces activités physiques ni de diminuer la sédentarité”.

Il faut changer de modèle

Pour preuve, la voiture reste le moyen de déplacement privilégié. En dehors des grandes agglomérations, les distances sont trop grandes d’un endroit à l’autre pour être faites à pied ou en vélo. Le temps de sommeil a raccourci, empêchant le corps de récupérer l’énergie dont il a besoin pour se dépenser utilement. Le temps de sport à l’école aussi s’est amenuisé, parce que les heures de travail ont rallongé. Le temps scolaire ne permet pas de faire du sport autant qu’il le faudrait.

“Tous ces éléments démontrent une inadaptation de notre société au besoin de sport. C’est cela qui doit être pris en compte par les pouvoirs publics, persiste la Pr Irène Margaritis. Nous devons repenser notre modèle pour permettre à chacun de se soustraire aux risques liés à la sédentarité et au manque d’activité physique.”

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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