Abdou Diallo : zoom sur la nouvelle recrue du PSG

Tout juste débauché de Dortmund par Thomas Tuchel, le jeune Abdou Diallo va venir étoffer le secteur défensif du PSG. Mais pour quel apport ?

À moins d’un mois de la rentrée en Ligue 1 pour le Paris Saint-Germain, le staff francilien continue d’opérer sur le marché des transferts, oscillant entre l’offre et la demande. Et ce mardi, c’est Abdou Diallo qui vient désormais étoffer l’équipe francilienne.

Mais avant même d’évoquer ce que la nouvelle recrue du PSG peut apporter au club de la capitale, il faut se pencher sur les carences que cette équipe doit combler. Car si le joueur français a été débauché du Borussia Dortmund, c’est bien parce que Thomas Tuchel avait maintes fois tiré sur la sonnette d’alarme en fin de saison, réaffirmant sa volonté de recruter. À la fois pour insuffler du sang neuf dans le peloton, mais aussi pour augmenter numériquement le nombre de joueurs disponibles en cas de pépins dans les grands cols. Des joueurs capables de sortir les leaders de leur zone de confort.

Et ça tombe bien, puisque dans le secteur défensif, au grand dam du coach allemand, tous les Parisiens ont connu des pépins ou des absences la saison passée, laissant parfois entrevoir des compositions plus expérimentales les unes que les autres.

Bref, après avoir essuyé un revers dans le dossier Matthijs De Ligt, et recruté le prometteur Mitchel Bakker, le PSG vient enfin de s’adjuger un potentiel titulaire avec Abdou Diallo.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si, celui qui a suivi le parcours de Tuchel depuis qu’il a quitté le Rocher (à Mayence, Dortmund, et maintenant au PSG) s’est fait rapatrier dans l’Hexagone.

Un transfert judicieux pour Paris ?

Pour ceux qui n’auraient pas les yeux rivés sur la Bundesliga chaque week-end, il suffirait de voir que Diallo a pris part à 38 matches toutes compétitions confondues la saison passée, dont pas moins de 37 titularisations, pour comprendre l’importance qu’il a pu prendre dans la saison du BVB dans sa course haletante au titre.

« Un joueur capable de jouer 50 matches par saison », en somme : mot pour mot la commande passée par Tuchel au terme de la saison passée.

Alors, du rythme, d’accord, de l’importance, ok, mais pour quelle influence ?

Abdou Diallo est un défenseur comme Tuchel les savoure : polyvalent, technique, propre dans les duels et capable de se mouvoir dans une charnière centrale à deux ou trois défenseurs. Un joueur intelligent tactiquement, donc, qui pourrait se calquer sur le métier engrangé par Marquinhos la saison dernière, ce dernier oscillant entre plusieurs secteurs de jeu.

Ce que n’avait pas forcément réussi à faire Kehrer, d’abord recruté pour épauler la défense centrale, puis envoyé dépanner sur le côté droit avant d’y migrer quasi définitivement.

Diallo, lui, s’est aussi essayé à endosser le costume du latéral (il a dépanné à gauche), mais c’est bien dans une charnière centrale qu’il se sent le plus à l’aise. Et qu’il exploite, aussi, au mieux ses qualités de bon relanceur.

Thomas Tuchel souhaitait démarrer la saison avec quatre défenseurs centraux. Deux droitiers, deux gauchers. Chose faite avec Marquinhos, Thiago Silva, Kimpembe et Abdou Diallo.

Reconnu pour être besogneux et humble, Abdou Diallo, comme les autres recrues de ce mercato estival, débarque finalement au PSG avec la ferme intention de répondre aux exigences du duo Tuchel - Leonardo : travailler, sans faire de vagues, pour faire honneur à l’écusson rouge et bleu. Le tout, sans rechigner à évoluer à plusieurs postes.

Sur le plan de l’expérience aussi, ce jeune joueur de 23 ans, a déjà tout d’un « futur grand ». Membre du fameux « cru 2017 » de Monaco qui avait mené les Monégasques jusqu’au sommet de la Ligue 1 (aux côtés d’un certain Mbappé), et bien que Jardim l'ait curieusement très peu utilisé, Diallo a aussi découvert le meilleur de la Bundesliga sous le maillot de Dortmund, avant de devenir, la saison passée, le capitaine de l’équipe de France Espoirs.

Et justement, si ce transfert au Paris Saint-Germain fait sens, c’est peut-être aussi parce que Diallo arrive au terme de son passage chez les Bleuets (il arrive à l’âge-limite), et aspire désormais à rejoindre l’équipe A. Celle de Didier Deschamps.

"Je pense que Didier Deschamps suit tous mes matchs. C'est notre quotidien, on doit être performant chaque week-end, d'abord pour notre club et mon coach, et ensuite la cerise sur le gâteau, c'est la sélection", confiait d’ailleurs l’intéressé en décembre dernier, après avoir écumé plus de 60 capes dans toutes les catégories de jeunes tricolores.

En s’échappant du traquenard allemand où Akanji, Zagadou, Toprak et désormais Hummels allaient peut-être lui bloquer la vue, et en s’inscrivant dans le paysage parisien, Diallo viendrait en revanche concurrencer directement Presnel Kimpembe. Une rivalité sur tous les tableaux : en club comme en sélection, où le Titi ambitionne depuis plusieurs années à s’échapper du rôle de remplaçant.

Car il faut aussi se le dire : après une saison laborieuse, le champion du monde tricolore ne pourra pas justifier une immunité permanente auprès de Tuchel. Profitant à la fois du replacement de Marquinhos dans l’entrejeu et de celui de Kehrer sur le flanc droit, le Français avait jusque-là échappé aux remises en question, faute d’alternative crédible dans les plans de son technicien. Mais après une saison compliquée, des sautes de concentrations toujours plus remarquées, et alors que Thiago Silva va logiquement s’éloigner de ses standards (il aura 35 ans à la rentrée), la défense doit assurer la relève avec brio.

Nul doute qu’Abdou Diallo, plus taiseux et moins fantasque que son nouveau concurrent, saura jouer de ces atouts pour s’inscrire de manière pérenne dans les plans de Tuchel. D’autant que sa couverture parfaite du terrain, et ses faveurs pour l’axe gauche si cher à Kimpembe, seront ses meilleurs atouts.

Des interrogations

Du haut de ses 23 ans, Abdou Diallo va très vite devoir apprendre à se battre avec ses propres démons.

Sur le terrain, d’abord, où ses axes de progression résident principalement dans sa capacité à rester concentré tout un match, mais aussi à développer son agressivité dans les duels. Des bémols inhérents à sa jeunesse peut-être, mais que Tuchel ne laissera pas perdurer. Et ça tombe bien, dans le championnat allemand, l’ancien Monégasque a dû s’y résoudre.

En dehors du terrain, ensuite, la nouvelle recrue parisienne devra convaincre que ses pépins physiques appartiennent désormais au passé, comme a pu le faire Juan Bernat avant lui. Car au PSG, où l’infirmerie n’a pas désempli la saison précédente, Thomas Tuchel a été clair : il veut des joueurs fiables, capables d’encaisser les matches, avec une condition physique de gladiateur.

Privé d’Euro avec les Espoirs pour cause de blessure, le natif de Tours a également été éloigné des terrains à trois reprises du côté de Dortmund, pour trois blessures différentes la saison dernière.

D’ailleurs, le défenseur avait manqué les deux derniers matches de la saison (non moins décisifs) du BVB, pour de nouveaux problèmes musculaires.

Reste que pour un transfert avoisinant les 30 millions d’euros, et après avoir raflé déjà 4 joueurs durant le mercato pour moins de 25 millions d’euros au total, le Paris Saint-Germain avance doucement ses pions, en recrutant, sur le papier, des joueurs qui affichent à la fois combativité et rigueur. Le tout, sans tomber dans le piège de se dépouiller pour débaucher un joueur clinquant qui « ferait une faveur au PSG ». Le message de Leonardo est passé (coucou De Ligt), et les choix de Tuchel, visiblement satisfaits.