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Affaire Agnel: les avocats de N. Horter décrivent son traumatisme

Yannick Agnel le 13 juillet 2014 à Athens, aux États-Unis. (Photo: USA Today Sports via Reuters)
Yannick Agnel le 13 juillet 2014 à Athens, aux États-Unis. (Photo: USA Today Sports via Reuters)

JUSTICE - Plus d’un mois après la mise en examen de l’ex-nageur Yannick Agnel pour viol et agression sexuelle sur une mineure de 13 ans, les avocats de sa victime présumée, aujourd’hui âgée de 19 ans, ont raconté à L’Équipe la souffrance de la plaignante.

“Au-delà de l’impact dramatique que ces agressions ont eu et auront, on lui a enlevé tout ce par quoi et pour quoi elle a vécu pendant vingt ans, explique au quotidien Me Isabelle Rollet, avocate de N. Horter. Parce que pour elle, natation c’est agression.”

“Elle ne se met plus en maillot de bain”

Selon l’avocate, les violences sexuelles qu’aurait subies la jeune femme, quand elle avait 13 ans, lui ont coupé toute volonté de poursuivre ce sport alors qu’“elle aurait certainement pu, avec son niveau [...], intégrer des universités réputées aux États-Unis”. “Elle ne se met plus en maillot de bain”, résume-t-elle après avoir indiqué que N. Horter a décidé de poursuivre ses études à l’étranger “parce qu’il faut se protéger et avancer”.

Les faits se seraient déroulés “sur toute l’année 2016″, à Mulhouse (Haut-Rhin), ville où s’exerçait le nageur dont l’entraîneur était alors Lionel Horter, père de la jeune femme, mais aussi à l’étranger lors de stages en Thaïlande et en Espagne ou encore à Rio de Janeiro (ville hôte des JO 2016). Au cours de sa garde à vue, Yannick Agnel, qui avait 24 ans à l’époque, a reconnu “la matérialité des faits”, d’après la procureure de Mulhouse Edwige Roux-Morizot. Tout en précisant “que pour lui, il n’avait pas le sentiment qu’il y a eu contrainte”, avait ajouté la magistrate.

Dépression et anorexie

“Il y a pour N. ce premier soulagement qu’il ait reconnu la matérialité des faits”, affirme Me Thomas Wetterer, autre avocat de la plaignante. “Le but, c’est de l’accompagner dans ce qu’elle vit et de faire en sorte que pour elle, ça se passe le mieux possible, poursuit-il. Il n’y a pas d’agressivité, il n’y a pas un esprit de revanche. N. dit juste : ‘Voilà ce que j’avais sur le cœur, ce que j’ai somatisé physiquement’.” Car d’après ses avocats, N. Horter a souffert d’anorexie et de dépression, avant de décider de porter plainte en 2021 contre Yannick Agnel, à l’issue d’“un long cheminement”.

Selon une enquête de la cellule d’investigation de Radio France, plusieurs personnes de leur entourage étaient au courant de ce qui se passait entre Agnel et N. Horter. La victime présumée aurait également confié dès 2017 à une ancienne nageuse avoir eu une relation avec le double champion olympique 2012, qui a mis fin à sa carrière en 2016. “N. m’a dit fin 2017 qu’elle avait eu une relation avec Yannick Agnel un an auparavant, raconte l’ex-nageuse aux journalistes de Radio France. Elle me l’a dit sur le ton de la confidence. Je pense qu’elle ne réalisait pas.”

Ses avocats répètent que les parents de la plaignante n’étaient pas au courant des faits reprochés au nageur. Des personnes critiques du Mulhouse Olympic Natation, dirigé par Franck Horter (le frère de Lionel Horter, père de la victime), accusent le club de manipulation, selon une enquête de BFMTV. Un litige financier oppose Yannick Agnel et le club familial, qui a été condamné à verser 60.000 euros à l’ex-nageur.

“Malveillance”

“Vous vous rendez compte aujourd’hui de son état d’esprit quand elle lit que ses parents n’auraient pas dénoncé des faits”, interroge Isabelle Rollet, pour qui “dans l’esprit d’une jeune fille, ça se traduit par ‘est-ce que mes parents vont aller en prison?’”. Elle dénonce la “malveillance” de certains commentateurs.

Placé sous contrôle judiciaire, Yannick Agnel, a interdiction de quitter la petite couronne parisienne, de se rendre à Mulhouse sauf convocation judiciaire, d’entrer en contact avec la famille de la victime ou d’entrer en contact avec son agent, Sophie Kamoun. Il a également dû remettre son passeport à la justice.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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