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Agression du petit-neveu de Brigitte Macron: deux prévenus condamnés à 12 et 15 mois de prison ferme

Agression du petit-neveu de Brigitte Macron: deux prévenus condamnés à 12 et 15 mois de prison ferme

Des soutiens de chaque côté et des versions qui s'opposent. Le tribunal correctionnel a condamné deux des trois prévenus à de la prison. Des peines de 30 et 24 mois ont été prononcées à l'encontre de Yohann L. et de Florient C., dont la moitié ferme. Ils sont repartis menottés du tribunal. Le troisième Adrien F. a été relaxé "au bénéfice du doute".

"Aucune manifestation ne sera tolérée." La salle du tribunal correctionnel d'Amiens était comble ce lundi après-midi alors que la juridiction jugeait trois hommes pour la violente agression dont a été victime, le 15 mai dernier peu avant 21H30, Jean-Baptiste Trogneux, le petit-neveu de Brigitte Macron. Ce dernier avait tenté d'empêcher des individus de mettre des poubelles devant sa chocolaterie en plein centre-ville.

"Ils étaient en train de le massacrer, a raconté un voisin de la victime qui a assisté à la scène. Dans le groupe, c’était une minorité de gens qui en voulait physiquement à cette personne."

"Passer leurs nerfs"

Dans le box des prévenus, qui comparaissaient détenus, ils sont trois, Yohan L., 35 ans, Adrien F., 22 ans et Florient C., 20 ans. "La jurisprudence dit que chacun est le complice de l’autre, quand vous êtes tout seul face à une meute qui hurle, qui vous menace, ce groupe entier est coupable des violences", a rappelé le procureur lors de ses réquisitions, sévères, allant de deux à quatre ans de prison.

"Le mobile est odieux, il voulait passer leurs nerfs sur l'établissement", martèle le représentant du parquet.

Tour à tour, ils ont pourtant nié avoir donné des coups à Jean-Baptiste Trogneux. L'un d'entre eux reconnaissant du bout des lèvres avoir donné "une claque". Ce jour-là, tous reconnaissent avoir participé à une manifestation sauvage lancée sur les réseaux sociaux alors que le président de la République s'exprimait après l'adoption du projet de réforme des retraites. L'un d'entre eux, Adrien F, se présentant comme "journaliste indépendant" était présent pour couvrir le rassemblement.

- "Pourquoi avoir mis des poubelles devant la chocolaterie?", tente de comprendre le président du tribunal. - "Les chocolats de chez Trogneux sont trop chers, voilà pourquoi j’ai mis les poubelles devant", répond, d'un ton nargueur, Yohan L.

"J'ai loupé mon coup"

Yohan L., identifié par six personnes, dont la victime, comme ayant donné des coups, nie. "Au moment où j’ai mis les poubelles, Jean-Baptiste Trogneux je l'ai pas vu arriver, il m’a bousculé. Au moment où je voulais riposter, j’ai loupé mon coup. Une personne m'a porté et m’a éloigné du groupe. Voilà", assure cet homme, placé sous curatelle.

Ce trentenaire, chauve, a pourtant un passif lourd avec la justice. Déjà condamné pour des violences, sur un enfant et sur sa compagne, l'assume: "Si je l’avais frappé, il aurait fini par terre". "C'est-à-dire?", demande l'assesseuse. "Avec du sang". L'homme, interpellé avec un couteau à cran d'arrêt sur lui, reconnaît un "corps-à-corps" avec la victime. "Je le touche mais je l’abîme pas", maintient-il.

Florient C. apparaît lui plutôt comme un suiveur. "Quelqu'un fait et vous faites pareil, c'est inquiétant", avait relevé le procureur face à un jeune homme de 20 ans, illettré, au parcours de vie chaotique, victime de viol pendant son enfance et condamné pour viol sur mineur, et dont l'interrogatoire a été laborieux. "Quand on a mis les poubelles, il a bousculé un de nos potes", se justifie-t-il, assurant qu'ils n'ont "rien cassé".

"On n'attendait pas grand-chose mais on espérait peut-être quelques mots pour la victime", déplore Me Delahousse, l'avocat de Jean-Baptiste Trogneux, absent mais représenté par son père.

"Vivre sereinement"

Le troisième prévenu, Adrien F., présente lui-aussi un parcours de vie difficile. Ne sachant ni lire, ni écrire, le jeune homme de 22 ans assure travailler comme "journaliste indépendant" sur les réseaux. "Je l’ai pas touché", répète-t-il avant de s'effondrer en larmes. Au bénéfice du doute, ne pouvant être formellement identifié, il a été relaxé.

Du côté de la défense, on estime que ce dossier a souffert de la médiatisation et de l'impact du nom de la victime sur la procédure. "Qu’on s’appelle M. Dupont ou Trogneux, ça ne change rien', avait plaidé l'avocate de Yohan L., dénonçant "une peine exemplaire".

Jean-Baptiste Trogneux a lui été reconnu comme victime. "Son seul souhait", selon son avocat qui avait demandé un euro symbolique de dommages et intérêts au nom de son client. "Il demande que de tels faits ne se reproduisent jamais et qu’il puisse vivre sereinement."

Article original publié sur BFMTV.com