Alphonse Areola peut-il vraiment incarner l’avenir du PSG ?

En concurrence avec Gigi Buffon, le titi parisien n’a pas eu à rougir du match à distance, mais n’a jamais totalement fait l’unanimité. Peut-il vraiment apporter des garanties pour l’avenir du PSG ?

Pour cette ultime ligne droite avant que le Paris Saint-Germain ne soit sacré champion de France, la direction francilienne devrait déjà chercher à se projeter sur la saison prochaine, et cette nécessité d’apporter un nouveau souffle au club de la capitale. Alors, au milieu des renégociations, des convoitises et des carences à combler, les décideurs parisiens vont également devoir trancher dans le vif sur l’épineuse question des gardiens.

Recruté pour faire passer un cap au PSG et lui apporter à la fois l’expérience et le caractère qui lui faisait défaut en Ligue des champions, Gianluigi Buffon n’a pas su porter les siens sur la scène européenne. Pire, malgré une saison plus qu’honorable sous le maillot francilien, l’histoire retiendra forcément que la légende italienne aura plombé son équipe dans l’apathie collective, face à Manchester United.

Alors, à l’heure où le Paris Saint-Germain ne peut rêver plus grand sans s’octroyer l’ambition de compter dans ses cages un top gardien, il se démène avec deux portiers dont le standing ne semble pas encore au diapason avec le reste de l’équipe. Car si Alphonse Areola gère à merveille l’entente cordiale avec son concurrent direct, et qu’il faut accorder à Tuchel une gestion brillante des deux hommes, force est de constater que le Titi Parisien n’a pas tout l’espace adéquat pour parachever son évolution.

Permettre à Areola de s’entraîner aux côtés de son idole et de se frotter à la concurrence de l’Italien est une aubaine pour un jeune gardien en devenir. Mais à 26 ans, celui qui a déjà vécu des prêts pour revenir dans la peau d’un titulaire, et qui a déjà battu le fer avec Kevin Trapp, se voit aussi freiné dans sa progression en restant spectateur des dernières rencontres européennes. Ce qui ne l’a toutefois pas empêché de prolonger son contrat en décembre dernier jusqu’en 2023.

« Je suis très heureux de poursuivre mon aventure ici et de m’installer sur le long terme. À moi de continuer de prouver que je le mérite. C’était important pour moi de prouver qu’en tant que joueur de la formation on pouvait grandir dans ce club », avait d’ailleurs confié l’intéressé au Parisien.

Car il le sait, concurrence ou non, quand on prétend occuper l’un des 11 fauteuils convoités dans les petits papiers de Tuchel, on se doit d’en avoir le talent, le caractère et les ambitions. Pour ce qui est du talent, Areola n’en manque pas, et sa marge de progression laisse encore présager quelques jolis coups de patte. Pour ce qui est du caractère et de l’ambition, le n°16 a prouvé qu’une concurrence saine n’égratignait pas ses intentions. Et s’il peut encore affirmer son autorité, son langage corporel est en constante progression pour dégager davantage de sérénité.
Mais alors, où résident les incertitudes ? Certainement dans l’irrégularité chronique d’un joueur qui oscille entre les coups d’éclat et les petites bourdes (le match contre Lyon se rappelle à nos bon souvenirs). Le lot commun des gardiens, en somme. Sauf qu’Areola, qui squatte le haut du panier en Ligue 1 avec ses 81% d’arrêts, peut espérer faire encore mieux.

Ce dimanche face à Toulouse, le troisième gardien des Bleus a d’ailleurs montré ses deux visages. Des sorties aériennes parfaitement maitrisées, des arrêts réflexe savoureux et une belle parade pour finir le package du gardien héroïque qui sauve clairement la peau de ses partenaires, englués dans un beau pétrin à 0-0. Sauf que le portier a tout de même laissé entrevoir quelques habituelles sautes de concentration. Et même si l’on serait bien tenté de les passer sous silence car elles minimiseraient sa performance globale, on ne peut que grogner devant les quelques relances ratées et parfois dangereuses du portier, qui font toujours de l’ombre à ses compte-rendus finaux.

Alors oui, peut-être sommes-nous trop exigeants, mais ce sont dans ces moments-là, où les opportunités se jouent, qu’un joueur qui joue son avenir doit rendre une copie parfaite. Au retour d’une trêve internationale qui a laissé dans les esprits la bourde lourde de conséquences de Buffon, et à l’heure où l’Italien a engagé les conversations pour prolonger son contrat, Areola a clairement une carte à jouer : celle de s’imposer dans le paysage comme la relève la plus fiable.

« C’est le moment pour Alphonse de montrer qu’il est là et il prend ce moment. Les deux sont exceptionnels ensemble et rien n’a changé. C’est le moment d’Alphonse et il a été bien », a d’ailleurs expliqué Tuchel après la victoire du PSG (1-0), comme un ultime message, tandis que son homologue Toulousain, Alain Casanova, saluait les « arrêts miraculeux » du Parisien.

Une chose est sûre : après s’être débattu pendant deux saisons pour se défaire d’un duo de « deux numéros 2 » avec Trapp, puis de « deux numéros 1 » avec Buffon, c’est l’heure du quitte ou double pour Areola, qui doit impérativement se montrer souverain devant les filets parisiens.

Alors que le contrat de Buffon s’achève en juin prochain, et que le PSG pourrait être tenté de sortir son chéquier pour débaucher une référence mondiale, il est l’heure pour lui de démontrer que si concurrence il y a la saison prochaine, elle sera faussée d’avance.
Ça tombe bien, puisque Tuchel a mis de côté son habituelle rotation, titularisant Areola avant la trêve face aux rivaux Marseillais, le lançant à nouveau contre le TFC et prévoyant de l’envoyer au charbon mercredi, pour la demi-finale de Coupe de France face à Nantes. Une décision peut-être pas anodine, de laisser le Titi dans les cages pour la 4e fois consécutive, pour la première fois cette saison.

Jusqu’à maintenant, le natif de Paris avait toujours brandi haut et fort son amour pour l’écusson francilien, sans jamais vraiment réussir à éteindre le feu des critiques du peuple Rouge et Bleu. Le virage est pris, il reste désormais 9 rencontres à l’enfant du PSG pour être magistral.