Les Anglais, médaille d’or de la flemme

Il fut un temps, quand le trophée de Wimbledon ne passait guère qu’entre des mains britanniques, où il était possible de remporter ce tournoi en pantalon. Il fut même un temps où la cravate n’empêchait rien. Il faut dire qu’en ces temps reculés le tennis était un sport où l’on ne transpirait pas.

Allez, une ou deux gouttes, mais guère plus, en tout cas rien comparé à ce que l’on voit de nos jours, où le bandeau antitranspiration, les litres de sueur et le passage régulier de la serviette-éponge sont les attributs d’un affichage quasi fétichiste de l’effort et de l’endurance – et souvent accompagnés de braillements dont la violence est parfois alarmante. Je ne suis certainement pas le seul téléspectateur à devoir couper le son pour m’épargner l’incessant brouhaha des invectives de fond de court.

L’âge d’or de la Grande-Bretagne sportive

Il n’en a pas toujours été ainsi. Bien avant ces temps de ronchonnement permanent, il fut une époque où les femmes servaient à la cuillère, habillées comme des douairières dans la série Downton Abbey, tandis que les hommes, à l’image de Fred Perry, triple vainqueur de Wimbledon dans les années 1930, gardaient parfois un petit pull pendant les matchs. C’était aussi l’âge d’or de la Grande-Bretagne sportive – étonnant, non ?

Le cricket lui aussi est un sport sans sueur. Aujourd’hui encore, à moins de multiplier les lancers pendant un intervalle de temps prolongé, nul ne transpire. En tout cas pas trop, à moins qu’il fasse très chaud, ce qui est rarement le cas sous nos latitudes. Ce principe du moindre effort est favorisé par les règles du jeu lui-même, puisque les lanceurs se limitent à des séries de six balles, après quoi libre à eux d’aller paresser sur le champ extérieur pour réfléchir à ce qu’ils mettront sur leurs scones.

L’heure du thé, c’est sacré

Tout cela est très logique au fond : l’ambiance chic et feutrée de l’heure du thé traditionnelle en plein match tolère mal les odeurs de vestiaire. Je suis convaincu que je pourrais pratiquer mon lancer jusqu’à ce que mort s’ensuive sans exciter une seule de mes glandes sudoripares – et je ne suis pas un cas isolé. Cela s’explique en partie par la mauvaise météo anglaise, fiable à presque 100 %. Existe-t-il d’autres régions du monde où les pratiquants d’un sport d’“été” peuvent se permettre de porter un pull à manches courtes, l’équivalent en laine du poids d’un chien de petite taille ?

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