Anne Hidalgo porte plainte contre Pierre Liscia et ses « mensonges » sur le cimetière de Pantin

La maire de Paris Anne Hidalgo, ici en 2017, a porté plainte contre Pierre Liscia le 31 mai 2023.
La maire de Paris Anne Hidalgo, ici en 2017, a porté plainte contre Pierre Liscia le 31 mai 2023.

POLITIQUE - La décision a été prise. La mairie de Paris a annoncé ce mercredi 31 mai qu’elle porte plainte pour diffamation contre le conseilleur régional d’Île-de-France Pierre Liscia, après la publication de plusieurs vidéos sur le cimetière de Pantin (Seine-Saint-Denis) qui serait, selon l’élu, victime de pilleurs et d’« exhumations sauvages ».

« Face aux mensonges grossiers et répétés de Pierre Liscia sur la gestion du cimetière parisien de Pantin, la Ville de Paris porte plainte pour diffamation contre l’élu du Conseil régional d’Île-de-France. Ces méthodes sont scandaleuses et dangereuses pour notre démocratie », a écrit sur Twitter le conseiller communication de la mairie de la capitale Barthélémy Bolo.

Depuis une dizaine de jours, Pierre Liscia dénonce sur son compte Twitter les abus dont il aurait été témoin dans le plus grand cimetière de France, situé à Pantin, et géré par la Ville de Paris. Des os entiers posés sur les tombes ou dans les travées sont par exemple visibles dans des vidéos qu’il partage, et où il interroge un gardien de cimetière, lequel se présente dans les médias comme « lanceur d’alerte ».

« Un mensonge sordide »

Ce dernier explique que « certains collègues font des exhumations à la pelleteuse, alors que la loi nous impose de les faire à la main ». Un peu plus tard, il assure avoir des collègues « qui se vantent de faire 20-30-40 exhumations (par jour) » pour gagner plus d’argent.

Factuel, le nouveau média parrainé par Christine Kelly, a largement relayé les accusations de Pierre Liscia et a notamment pu se procurer une vidéo montrant soi-disant une « exhumation à la pelleteuse » réalisée le 23 mai dernier, et où des os sont retrouvés dans la terre.

« La fabrique d’un mensonge sordide », a dénoncé la maire Anne Hidalgo samedi 27 mai dans un tweet. Elle a joint à son message l’article accablant de CheckNews, qui démontre comment Pierre Liscia, proche de Valérie Pécresse, a manipulé des images pour fabriquer le sujet. Contactée à ce moment-là par le Huffpost, la mairie n’avait pas encore pris sa décision sur un éventuel dépôt de plainte.

Des images détournées de leur contexte

De fait, le service de vérification d’information de Libération a montré qu’une grande partie des images utilisées dans la vidéo du 22 mai dernier ne sont pas récentes. Certaines viennent d’une autre vidéo YouTube publiée il y a cinq ans, d’autres d’une vidéo d’exhumation du cimetière de Niort.

Interrogé par CheckNews, Pierre Liscia reconnaît que seule l’image du crâne qui apparaît dans les premières secondes de son reportage est récente. Les autres ne sont que des images d’illustration, ce qui n’est pas précisé ailleurs.

Concernant les ossements retrouvés dans les allées du cimetière, la mairie assure auprès de Libération : « Ce n’est pas du tout une question d’exhumation, mais au contraire d’inhumation. C’est au moment où les tombes sont creusées, où la terre est remuée, que des os anciens, dits “perdus”, peuvent remonter à la surface ». Le conservateur du cimetière parisien de Pantin Wilfrid Blérald ajoute : « Autant les petits os peuvent remonter de terre, autant des os de cette taille, ce n’est pas possible. »

Pierre Liscia a saisi le procureur de la République

Le nombre d’exhumations réalisées par les fossoyeurs est également démonté. « Les exhumations ne sont pas décidées par les fossoyeurs eux-mêmesDonc un agent ne peut pas faire 20, 30 ou 40 exhumations parce qu’il le souhaiterait », a affirmé à CheckNews Paul Simondon, chargé des Finances à la mairie. L’opération peut d’ailleurs se faire à la pelleteuse, précise Libération, seuls les derniers centimètres d’une excavation doivent se faire à la main.

Enfin, concernant « l’exhumation » du 23 mai dernier, une source proche du dossier explique qu’elle « n’a rien d’anormal » : « Le cercueil a déjà été sorti, puisque l’on voit le capitonnage. Et les os qui continuent à être extraits par la pelleteuse sont les “os anciens”, donc d’un autre corps, qui se trouvaient sous le cercueil. On voit d’ailleurs qu’il n’y a plus du tout de cercueil pour ce corps puisque le fossoyeur les retire des mottes de terre ».

Pierre Liscia s’est malgré tout tourné vers la justice. Il a saisi le procureur de la République sur la base de l’article 40 du Code de procédure pénale, qui dispose qu’un fonctionnaire est tenu d’informer le procureur s’il prend connaissance d’un crime ou d’un délit. Il n’a pas encore réagi au dépôt de plainte de la mairie de Paris.

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