Après des débats agités, les Liot retirent leur proposition de loi pour abroger la réforme des retraites

Cette proposition d'abrogation avait entretenu la flamme des opposants à la réforme des retraites malgré sa promulgation mi-avril. Mais ce texte porté par le groupe indépendant Liot avait été vidé de sa mesure phare par la majorité.

"Il ne reste plus rien dans le texte sauf évidemment les amendements de la minorité présidentielle. En responsabilité, nous avons décidé de retirer notre texte", a indiqué le patron du groupe Bertrand Pancher, en dénonçant "les attaques puissantes contre le Parlement".

Courson s'inquiète de "la colère et de la violence"

"Nous n'allons pas nous ridiculiser à poursuivre le débat", a-t-il lâché, dépité, après plus de deux heures d'échanges éruptifs mais sans le moindre vote.
Cible de la colère des oppositions: la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a bloqué mercredi l'examen de la mesure d'abrogation, jugée inconstitutionnelle car elle crée une charge pour les finances publiques. Cette décision est inédite dans l'histoire de la 5ème République.

"De cet abaissement du Parlement ne peut ressortir que désintérêt pour nos institutions, et dans le pire des cas, colère et violence", a averti Charles de Courson (groupe Liot) à la tribune.

Braun-Pivet, cible de vives critiques

En retour, le ministre du Travail Olivier Dussopt a pointé une proposition de son groupe "presque nihiliste" et "vide". Dans un hémicycle agité, la séance avait démarré par une série de rappels au règlement à l'adresse de Yaël Braun-Pivet.

"Vous abîmez, vous écrabouillez la démocratie parlementaire", a tonné le patron des députés communistes André Chassaigne.

Le président de la commission des Finances Eric Coquerel a épinglé "des décisions politiques et partisanes, sur ordre de l'exécutif". Mais, a rétorqué Éric Woerth dans le camp présidentiel, "le chahut constitutionnel voulu par Liot et LFI, c'est ça la véritable atteinte à la démocratie". Depuis le perchoir, Mme Braun-Pivet, issue des rangs macronistes, s'est justifiée à plusieurs reprises: "la Constitution, rien que la Constitution, c'est mon rôle".

Une motion de censure la semaine prochaine

La mesure pour un retour à l'âge légal de départ à 62 ans avait d'abord été torpillée en commission lors d'un vote serré, puis réintroduite via des amendements.
La gauche et Liot avaient bon espoir de renverser la vapeur dans l'hémicycle. Mais "à la colère, à l'inquiétude, à l'incompréhension que nous, députés, avons tenté ici de relayer, vous avez répondu par le passage en force", a encore accusé Bertrand Pancher, chef de file des députés Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), en brandissant une Constitution. Même adoptée par l'Assemblée, la proposition d'abrogation n'aurait eu que de faibles chances d'aboutir au plan législatif, n'ont eu de cesse de faire valoir les macronistes. Tout en s'inquiétant du signal politique qu'aurait envoyé une victoire des oppositions. Avec la fin de cette séquence parlementaire, deux jours après une 14èùe journée de mobilisation sociale dont la participation a été la plus faible enregistrée en cinq mois de manifestations, l'exécutif espère pouvoir tourner la page des retraites. Une motion de censure déposée par la Nupes sera étudiée en début de semaine prochaine.

Article original publié sur BFMTV.com