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Après Justine Triet à Cannes, Renaissance défend le modèle de financement du cinéma français

Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, réfute les accusations de Justine Triet qui a reproché au « gouvernement néo libéral » d’Emmanuel Macron de « casser l’exception culturelle française ». (photo d’illustration)
Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, réfute les accusations de Justine Triet qui a reproché au « gouvernement néo libéral » d’Emmanuel Macron de « casser l’exception culturelle française ». (photo d’illustration)

POLITIQUE - « Soyons fiers » du modèle français de financement du cinéma. Quarante-huit heures après l’attribution de la Palme d’Or du Festival de Cannes, le discours de la lauréate Justine Triet sur la disparition progressive de l’exception culturelle française n’est toujours pas digéré par les responsables politiques de la droite et de la majorité.

En recevant la distinction pour son film Anatomie d’une chute, Justine Triet a livré un discours engagé dans lequel elle a évoqué la réforme des retraites mais aussi accusé le « gouvernement néolibéral » d’Emmanuel Macron de « casser l’exception culturelle française » avec « la marchandisation de la culture qu’il défend ».

L’exception culturelle « repose sur l’idée que la création culturelle ne constitue pas un bien marchand comme les autres », définit le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Or, « la question de la rentabilité des films est une question qui est très présente en ce moment au sein des financements étatiques », affirme Justine Triet dans une interview accordée à France Inter le 28 mai.

Si ses propos ont trouvé un écho certain à gauche, Les Républicains et Renaissance crient à « l’ingratitude ». La présidente LR de la région Île-de-France Valérie Pécresse l’appelle ce lundi 29 mai à « ne pas mordre la main qui (la) nourrit » tandis que le député Renaissance et président de la Commission des affaires économiques Guillaume Kasbarian grince : « Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables ». Sa collègue des Hauts-de-Seine et porte-parole du groupe Maud Bregeon s’en prend sur BFMTV au « microcosme bourgeois qui se pavane sous les dorures du Festival, biberonné à l’argent public depuis des dizaines années, et présentant un film qui n’aurait pas vu le jour sans cet argent ». « Marchandisation de la culture... Quand on a des films qui vivent de par les subventions publiques... », ajoute l’élue Renaissance.

Le financement français du cinéma est « très bien »

En réalité, dire que le cinéma vit des subventions publiques n’est pas exact, comme l’ont fait remarquer plusieurs professionnels du secteur, de l’ancien président du Festival de Cannes Pierre Lescure sur Twitter à l’écrivain Nicolas Mathieu, lauréat du Goncourt en 2018. « Vous (l’État, ndlr) ne financez pas le cinéma et la culture. NOUS (les Français, ndlr) finançons le ciné et la culture via des dispositifs de solidarité collective dont vous n’êtes que les organisateurs temporaires. La main qui nourrit les artistes n’est pas la vôtre », fustige l’auteur sur Instagram.

Contrairement à ses deux collègues de la majorité, le ministre délégué chargé de l’Industrie Roland Lescure ne s’y est pas trompé. Sur Twitter ce lundi 29 mai, il rappelle que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) est « financé par des taxes, assises sur les recettes du cinéma » comme celles des ventes de billets. Il met aussi en avant l’intervention de l’État pendant l’épidémie de coronavirus, où une enveloppe de 50 millions d’euros avait été allouée aux cinémas, sans oublier les différentes aides apportées aux intermittents du spectacle. « Pas très néolibéral, commente-t-il, en référence au discours de Justine Triet. Et c’est très bien ainsi ! Soyons en fiers. »

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a elle démenti les accusations de la réalisatrice. « Le gouvernement n’a jamais autant fait, depuis qu’Emmanuel Macron est président, pour sauvegarder au contraire notre exception culturelle », se défend-elle sur France Inter, évoquant notamment une directive européenne portée en 2018 par la France pour « obliger les plateformes Netflix, Amazon, Disney à financer la production de films et de séries français ».

« Qu’une Palme d’Or comme celle-ci soit possible, c’est bien parce qu’on a ce système de financement du cinéma, de la diversité, qui rend un film comme celui de Justine Triet possible », a-t-elle ajouté.

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