Areola n’est pas coupable

À quelques jours de la confrontation face au Barça de Leo Messi, le PSG se pose mille questions sur le poste de gardien de but. La nouvelle bourde d’Areola face à Lille et la blessure de Kevin Trapp posent un problème majeur au moment où arrivent les grandes échéances de la saison.

Il n’a pas voulu saluer les supporteurs à l’issue du match contre les Lillois. Déçu, dépité et honteux, Alphonse Areola n’a pas osé fêter cette victoire arrachée à la dernière minute (90+2) grâce à un but miraculeux inscrit par Lucas. Malgré les trois points acquis déterminants dans la course au titre avec Monaco, le pauvre gardien de but français n’avait pas le cœur à sauter de joie. Abasourdi, il avait toujours en tête cette nouvelle bourde qui a plongé tout un club dans la torpeur pendant six minutes. A quatre minutes de la fin, il avait tenté un crochet qui a été intercepté par de Préville. Le Lillois s’est vu offrir un but tout fait qui a remis les deux équipes à égalité. Sympa, Presnel Kimpembe avait dû aller relever le jeune goal (23 ans), prostré le nez dans le gazon. Heureusement, l’issue heureuse de ce match crispant a apaisé la culpabilité et les doutes du gamin de Paris. Maintenant, doit-on faire le procès d’Alphonse Areola ?

Dans un accident, il y a toujours des responsables. En début de saison, Unai Emery a voulu faire jouer la concurrence entre le jeune gardien formé au club et son coéquipier allemand Kevin Trapp. En France, nous n’avons pas cette culture. Le gardien de but a besoin de certitude et d’une régularité dans les performances. La saison dernière, le cinquième gardien de but dans l’hiérarchie du football allemand avait dû laisser beaucoup d’énergie et de force mentale pour résister à la concurrence de l’Italien Salvatore Sirigu, très apprécié dans le groupe parisien. Déjà fragilisé, Kevin Trapp a vu arriver un autre candidat au poste qui n’était ni meilleur, ni moins bon que lui. Aucun des deux hommes n’appartient au top 10, voire au top 20 des meilleurs gardiens de but au monde.

Si Paris prétend gagner la Ligue des champions comme le rêvent chaque matin ses actionnaires qataris milliardaires, il ne peut pas aligner un gardien de second choix. Une nouvelle fois, on voit les carences et les lacunes du secteur recrutement depuis le départ de Leonardo. Le manque d’anticipation et de vision de Patrick Kluivert crève les yeux. Le directeur du football multiplie les recrues sur les côtés ou au poste de meneur de jeu mais oublie l’essentiel : un vrai deuxième buteur axial. On espère pour lui que Cavani ne se blessera pas. Mais c’est un autre problème. En revanche, pour le poste de gardien de but, Paris va affronter le Barça, une des trois meilleures attaques au monde, avec un gardien blessé et un gardien déprimé. Pourquoi le club parisien n’a-t-il jamais songé à faire un gros coup sur le marché des transferts ? Un exemple : Hugo Lloris était prêt à quitter Tottenham à l’intersaison. Son image, sa régularité et son expérience auraient apporté une vraie plus-value. A présent, on peut épiloguer pendant des heures sur le niveau d’Alphonse Areola. C’est trop tard. Un gardien qui doute est perdu.