Athlétisme (marteau): Bigot sèche les Mondiaux, tout pour les JO

Comment vous sentez-vous après cette opération du dos ?

La hernie, c’est fini, c’est du passé. Je me suis fait opérer le 3 février. C'était obligatoire. Au-delà du fait que je sois athlète de haut-niveau, c'était paralysant dans la vie quotidienne. J’avais des douleurs horribles au dos. L’opération était vraiment une libération. Je suis ressorti le soir même, c’est une opération mini invasive. C’est derrière moi, on prend le temps de reprendre l’entraînement pour revenir crescendo.

Est-ce que malgré l’opération, c’est handicapant pour la suite de votre carrière de lanceur de marteau ?

Non, c’était handicapant sur le coup puisque je me suis arrêté de lancer pendant deux mois. Ce qui ne m’était jamais arrivé. Mes coupures post compétitions se limitent en général à une ou deux semaines. Et ça suffisait à perdre des sensations donc j’avais vraiment peur cette fois. Au final, la toute première séance était bonne. Ça m’a beaucoup rassuré. J’ai perdu de la puissance, j’ai raté quasiment 4 mois de musculation mais je ne suis pas inquiet pour récupérer. Le corps a de la mémoire.

Vous avez longtemps hésité sur la suite à donner à ta saison, ça semble compliqué d’aller aux mondiaux de Budapest à la fin du mois d’août ?

C’est mort parce qu’avec Pierre-Jean (ndlr: Vazel, son entraîneur), on l’a décidé. Pas de saison internationale 2023. Bien que je sois déjà qualifiable pour les mondiaux puisque j’ai les minima, je pourrai me dire qu’avec un niveau de forme correct en juillet – août, ça peut suffire. Mais est-ce que ça vaut vraiment le coup de se dépêcher à l’entraînement pour aller à Budapest ? Pour peut-être tout juste rentrer dans les douze finalistes…. Je ne pense pas. L’objectif, c’est clairement les Jeux. J’ai déjà eu une médaille mondiale dans ma carrière. Je ne dis pas que je n’en veux pas d’autres… ce qui m’intéresse, c’est la médaille olympique. Je ne veux pas griller les étapes pour absolument montrer de quoi je suis capable à Budapest. Je ne veux pas me griller avec les Jeux derrière. Ce n’est pas facile comme décision mais il faut savoir ce que l’on veut. Et je ne m’interdis pas quelques meetings en juillet, août, septembre. Je ne ferai pas 80m cette année, mais probablement 75m et ce sera bien pour préparer les Jeux.

L’adrénaline d’une grande compétition va-t-elle vous manquer malgré tout ?

Forcément… mais par exemple, j’ai été malade en 2018 et je n’ai pas passé les qualifs aux Europe de Berlin. Puis il y a eu l’épisode COVID. Donc, ça ne me fait pas peur. J’ai déjà connu des saisons difficiles. C’est reculer pour mieux sauter.

La saison de marteau commence tranquillement, un seul lanceur à plus de 80m…

Je vais suivre ça de près. Et c’est certain que parfois ce sera dur de rester spectateur car je suis un mec qui aurait eu le niveau de jouer le podium mais il faut l’accepter. C’est ma passion et toute ma vie le marteau. Ça pique un peu mais j’ai eu de la chance jusqu’à mes 30 ans. J’ai été épargné par les blessures.

Vous pensez que le top 7-8 mondial qui se stabilise depuis quelques saisons sera le même au stade de France l’été prochain ?

Je ne pense pas qu’un nouveau crack arrive au dernier moment. Les mecs restent 10-15 ans au plus haut niveau donc la hiérarchie ne bouge pas tant que ça. Le podium se jouera encore avec les 6-7 meilleurs qui étaient à Eugene, les deux Polonais, le Norvégien, le Hongrois, peut être un Américain et moi.

Devenir le premier médaillé français au marteau masculin, il n’y a plus que ça dans votre tête ?

J’étais déjà le premier à réussir à monter sur le podium d’un championnat du monde. C’était déjà énorme. Après pour moi une médaille olympique a encore plus de valeur. Je ferai tout pour l’avoir. Et devant mon public à Paris, ça va être exceptionnel. Ça n’aura pas la même savoir qu’une médaille olympique.

Article original publié sur RMC Sport