En athlétisme, des personnes transgenres exclues des compétitions féminines

La fédération internationale d’athlétisme a décidé d’exclure à partir du 31 mars des compétitions féminines internationales les athlètes transgenres hommes et femmes ayant eu une « puberté masculine ». (Illustration : aux Championnats du monde d’athlétisme dans l’Oregon, aux États-Unis, en juillet).
La fédération internationale d’athlétisme a décidé d’exclure à partir du 31 mars des compétitions féminines internationales les athlètes transgenres hommes et femmes ayant eu une « puberté masculine ». (Illustration : aux Championnats du monde d’athlétisme dans l’Oregon, aux États-Unis, en juillet).

SPORT - La Fédération internationale d’athlétisme a pris un important virage dans sa politique vis-à-vis des athlètes transgenres en les excluant « à compter du 31 mars » de la catégorie féminine, qu’elle entend « protéger », a annoncé ce jeudi 23 mars son président, Sebastian Coe.

« Le conseil (de World Athletics) a décidé d’exclure des compétitions féminines internationales les athlètes transgenres hommes et femmes qui ont connu une puberté masculine », a annoncé Coe à l’issue de trois jours de réunion du Conseil. « Le Conseil de World Athletics a pris des mesures claires pour protéger la catégorie féminine de notre sport », a estimé le Britannique.

« Nous ne disons pas non à tout jamais »

L’annonce a surpris alors que l’instance avait indiqué fin janvier étudier une « option prioritaire », pour durcir le règlement actuel désormais obsolète, qui encadrait la participation des transgenres en leur demandant de réguler leur taux de testostérone.

« World Athletics a consulté différents acteurs pendant les deux premiers mois de l’année, les fédérations membres, des entraîneurs, la commission des athlètes, le CIO et des associations de personnes transgenres et de défense des droits de l’homme. Nous avons constaté le peu de soutien de l’option proposée dans un premier temps », a précisé l’instance dans un communiqué.

« Pour beaucoup, les preuves que les femmes trans ne conservent pas un avantage sur les femmes biologiques sont insuffisantes. Ils veulent plus de preuves (...) avant de prendre en considération l’option d’une inclusion dans la catégorie féminine », a détaillé Sebastian Coe. « Nous ne disons pas non à tout jamais », a-t-il nuancé, indiquant qu’un groupe de travail spécifique allait être créé pour étudier de futurs développements scientifiques.

Le Comité international olympique (CIO) avait demandé aux fédérations sportives en novembre 2021 d’établir leurs propres critères pour permettre aux personnes transgenres et intersexes de concourir à haut niveau.

Règlement durci pour les intersexes

World Athletics a par ailleurs encore durci jeudi son règlement pour les athlètes intersexes comme l’emblématique Sud-africaine Caster Semenya, qui doivent désormais maintenir leur taux de testostérone sous le seuil de 2,5 nmol/L pendant 24 mois, au lieu de 5 nmol/L pendant 6 mois pour concourir dans la catégorie féminine. Surtout, le règlement s’applique désormais à toutes les disciplines et plus seulement aux courses allant du 400 m au mile (1,610 m), comme c’était le cas depuis 2018.

Cette règle avait été dénoncée par Caster Semenya, double championne olympique du 800 m, qui refuse toujours de s’y plier avec un traitement hormonal ou une opération, après avoir perdu les recours intentés notamment devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).

World Athletics propose aux treize athlètes intersexes qui concourent actuellement selon elle un règlement « temporaire » en faisant baisser leur taux de testostérone pendant 6 mois au lieu de 24. Elles sont ainsi exclues des Mondiaux de Budapest (19 au 27 août) mais pourraient participer aux JO de Paris, a précisé Coe. Toutes ont cependant refusé ces dernières années de prendre un traitement hormonal, préférant s’aligner sur des épreuves qui étaient autorisées jusqu’à aujourd’hui.

Les Russes toujours exclus

Au cours de trois jours de réunion chargés, le Conseil de World Athletics s’est aussi doublement prononcé sur la question russe. Les athlètes russes et bélarusses restent exclus « dans un futur proche » de toute compétition internationale, comme c’est le cas depuis l’invasion de l’Ukraine début 2022.

La position du sport olympique N.1 était particulièrement attendue, alors que le débat enfle sur leur réintégration dans le sport mondial à un an et demi des Jeux olympiques de Paris, pour lesquels les qualifications ont déjà débuté.

World Athletics a cependant décidé de réintégrer la Fédération russe d’athlétisme (Rusaf), qui était suspendue depuis plus de sept ans suite à un vaste scandale de dopage. Un moment important pour l’athlétisme international après un processus de réintégration interminable, qui ne change toutefois rien à la situation actuelle des athlètes russes, privés de compétition.

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