Assaillant, victimes, motivations... Ce que l’on sait de l’attaque à Annecy après la conférence de Borne

ANNECY - Après l’attaque au couteau qui a fait six blessés dont quatre enfants en très bas âge, ce jeudi 8 juin dans la matinée à Annecy, la procureure d’Annecy a donné de nouvelles informations lors d’une conférence de presse conjointe avec Élisabeth Borne à la mi-journée.

Selon Line Bonnet-Mathis, « aucun mobile terroriste apparent » n’a pour l’instant été retenu contre l’assaillant, un Syrien de 31 ans « sans domicile fixe au parcours migratoire » qui a été placé en garde à vue. « En l’état il n’y a pas d’éléments qui pourraient nous laisser entendre qu’il y a une motivation terroriste », a indiqué la magistrate (à écouter dans la vidéo en tête d’article), précisant que l’enquête était ouverte pour tentative d’assassinats.

« Aujourd’hui, c’est le temps de l’émotion, et nous sommes ici avec le ministre de l’Intérieur aux côtés des habitants d’Annecy pour exprimer tout le soutien et toute la solidarité de la nation », avait déclaré Élisabeth Borne en préambule.

Ci-dessous, Le HuffPost fait le point sur les faits, le bilan et le profil de l’auteur présumé de cette attaque au couteau.

• Que s’est-il passé ?

Peu après 9h30 aux abords du jardin de l’Europe, un parc très fréquenté situé sur les rives du lac d’Annecy, un homme vêtu d’un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, a agressé au couteau un groupe de très jeunes enfants sur une aire de jeu.

L’homme a dit à deux reprises en anglais lors de l’attaque « au nom de Jésus Christ », peut-on entendre dans une vidéo consultée par l’AFP et confirmée de source proche du dossier.

Selon différents témoignages, il a ensuite tenté de s’enfuir de l’aire de jeu et a attaqué une personne âgée, avant d’être rapidement interpellé par des policiers, qui ont ouvert le feu. Une enquête a été ouverte concernant les tirs de la police.

La police a mis quatre minutes pour interpeller l’auteur de l’attaque. Selon une source policière, un premier appel a été reçu par la salle de commandement d’Annecy à 9h41 et il a été interpellé à 9h45.

Une cellule de crise a été installée à la préfecture de Haute-Savoie et les abords du parc ont été bouclés par un important dispositif policier alors que l’attaque a semé l’effroi dans cette ville d’eau habituellement très calme.

La police scientifique travaille sur la scène du crime dans le parc du Pâquier à Annecy, où un homme a poignardé plusieurs personnes, le 8 juin 2023.
La police scientifique travaille sur la scène du crime dans le parc du Pâquier à Annecy, où un homme a poignardé plusieurs personnes, le 8 juin 2023.

• Quel est le bilan humain ?

Six personnes, deux adultes et quatre enfants âgés de 22 à 36 mois, ont été blessées. Les quatre mineurs sont « en état d’urgence absolue », un adulte a été blessé par l’agresseur puis touché par les tirs de la police et un autre adulte a été blessé plus légèrement.

Deux jeunes touristes, un Britannique et un Néerlandais figurent parmi les victimes.

• Qui est l’auteur présumé ?

L’auteur présumé est un homme de 31 ans de nationalité syrienne, Abdalmasih H., qui a vécu pendant dix ans en Suède, où il a obtenu le statut de réfugié. Selon une source policière, il a été marié à une Suédoise et a eu un enfant de trois ans avec elle. Le couple a divorcé il y a quelques mois.

Il « n’est connu d’aucun service de renseignement » et n’a pas « d’antécédent psychiatrique identifié », a annoncé Élisabeth Borne depuis Annecy dans l’après-midi. « L’enquête permettra de préciser à la fois le parcours, le profil de cet assaillant et naturellement toute la lumière devra être faite », a également déclaré la Première ministre.

Plus tard dans la journée, la procureure d’Annecy a indiqué qu’il n’était ni sous l’emprise de l’alcool, ni de stupéfiants au moment de son interpellation, selon les premières analyses. Il ne paraissait néanmoins pas « dans son état normal », a-t-elle précisé en conférence de presse.

Abdalmasih H. a introduit sa demande d’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) le 28 novembre 2022. Comme il avait obtenu le statut de réfugié en Suède, sa demande a été refusée.

Il portait une croix chrétienne quand il a été interpellé. Dans sa demande à l’Ofpra, il se présentait comme un « chrétien de Syrie », selon une source policière.

Du point de vue du droit de l’Union européenne, l’homme était en situation régulière. Il était aussi inconnu des fichiers de police.

• Comment a réagi l’ex-épouse de l’auteur présumé ?

La jeune femme suédoise qui partageait sa vie avec Abdalmasih H. jusqu’à l’an dernier dans le sud-ouest de la Suède a été interrogée par l’AFP. Elle a affiché son incrédulité après les faits.

« Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé, ce que vous me dites, c’est terrible. Mais je n’ai pas eu de contact avec lui, je ne sais pas où il vit, ni comment il va psychologiquement », a confié l’ex-épouse, sous couvert de l’anonymat. « Lui ? (...) Mon Dieu, il était très gentil, je ne comprends pas », a ajouté la jeune femme en apprenant la nouvelle.

Selon elle, le départ du Syrien est lié au fait qu’il n’a « pas réussi à obtenir la nationalité suédoise ». « Nous nous sommes rencontrés en Turquie, nous sommes tombés amoureux et nous sommes venus ici (en Suède). Après deux ans, nous nous sommes mariés, mais il n’a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays. Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède », a-t-elle confié au téléphone.

Ce départ a eu lieu « il y a huit mois », selon la jeune femme, qui a confirmé qu’il avait obtenu le statut de réfugié en Suède.

Lors d’un rare échange après son départ de Trollhättan où vivait le suspect de l’attaque, ce dernier lui a expliqué qu’il vivait « dans une église » en France. « Je n’ai plus beaucoup de nouvelles, il s’est montré très fuyant. Il m’a appelé il y a quatre mois, il habitait dans une église. Mais je n’en sais pas beaucoup plus, il est surtout en contact avec sa famille qui vit aux États-Unis », a expliqué la jeune femme, également originaire du Moyen-Orient.

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