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Attribution du Mondial-2022 au Qatar : Reynald Temarii mis en examen, une première dans ce dossier

Le ballon « Al Hilm », le ballon de match officiel utilisé lors des demi-finales et de la finale de la Coupe du monde de football au Qatar, présenté lors d’une conférence de presse à Doha, le 13 décembre 2022.
Le ballon « Al Hilm », le ballon de match officiel utilisé lors des demi-finales et de la finale de la Coupe du monde de football au Qatar, présenté lors d’une conférence de presse à Doha, le 13 décembre 2022.

QATAR - Les investigations sur l’attribution controversée du Mondial-2022 au Qatar accélèrent : l’ancien vice-président tahitien de la Fifa Reynald Temarii a été mis en examen en début de semaine pour corruption privée passive par des juges d’instruction parisiens, une première dans ce dossier.

Cette mise en examen a été signifiée à Reynald Temarii par les magistrats instructeurs dans un courrier du 22 mai, a indiqué ce samedi 27 mai le parquet national financier (PNF), confirmant une information du Monde.

L’ancien président de la Confédération océanienne de football (OFC) était depuis novembre 2021 placé sous le statut plus favorable de témoin assisté dans cette affaire.

Dans cette information judiciaire ouverte en 2019 à Paris sur la désignation de l’émirat comme pays hôte, les juges d’instruction cherchent à savoir si le vote en faveur du Qatar, pour le Mondial-2022 de football, de Michel Platini, à l’époque patron de l’UEFA, a été obtenu en échange de contreparties.

Au cœur des soupçons figure un déjeuner tenu en 2010 entre Nicolas Sarkozy, alors président de la République, Michel Platini et deux hauts dirigeants qataris.

Mais les magistrats s’intéressent aussi à la volte-face de Reynald Temarii la veille de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.

Suspendu un an par la Fifa (Fédération internationale de football) le 17 novembre 2010 pour infraction au code d’éthique après des articles du Sunday Times, Reynald Temarii ne pouvait plus siéger au comité exécutif le 2 décembre 2010 pour le vote.

L’OFC devait donc désigner un remplaçant qui aurait accordé sa voix à l’Australie au premier tour de scrutin puis, en cas d’échec, aux États-Unis, principaux rivaux du Qatar.

305 000 euros de frais de défense

Or, Reynald Temarii a fait appel de sa suspension dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre alors qu’il avait préalablement annoncé accepter la sanction et qu’il ne disposait pas des motivations du comité d’éthique lui permettant ce recours.

En faisant appel, selon les statuts de la Fifa, il privait l’OFC d’un représentant lors du vote. Le 2 décembre 2010, le Qatar l’a emporté devant les États-Unis, pourtant favoris.

En octobre 2022, lors d’une conférence de presse, Reynald Temarii s’était dit victime d’escroquerie, expliquant, avoir reçu, avant de décider de faire appel, une note confidentielle du consultant Jean-Charles Brisard l’informant que le parquet fédéral suisse envisageait de le poursuivre pour corruption, ce qui était faux.

Il avait affirmé que, selon cette note, une « renonciation à l’appel de sa part » équivalait « à une reconnaissance de culpabilité et compromettrait sa défense ». Selon lui, il s’agissait de faux éléments destinés à le pousser à faire appel.

Dans ce volet, la prise en charge des frais de défense de Reynald Temarii pour un montant de 305 000 euros par l’influent qatari Mohamed Bin Hammam intrigue aussi les juges d’instruction.

Tout comme un voyage tous frais payés à Kuala Lumpur (Malaisie) entre sa sanction et le vote de la Fifa, pour rencontrer Mohamed Bin Hammam. Cette somme a été versée à la société de Jean-Charles Brisard JCB Consulting via une convention antidatée.

Selon plusieurs sources proches du dossier, Jean-Charles Brisard, également placé sous le statut de témoin assisté et qui conteste toute volonté d’escroquerie, était convoqué le 22 mai par les juges d’instruction. Mais cette convocation a été reportée sine die.

« Nous sommes plutôt satisfaits de voir que le dossier avance et que des étapes commencent à être franchies », a réagi auprès de l’AFP Me Jean-Baptiste Soufron, avocat d’Anticor, partie civile dans le dossier. « D’autant plus qu’il n’est pas si courant de faire passer des personnes du statut de témoin assisté à celui de mis en examen, ce qui indique forcément une nouvelle analyse du dossier par les juges ».

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