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Au Brésil, pourquoi Neymar et beaucoup de stars du foot soutiennent Bolsonaro

Le président brésilien Jair Bolsonaro, ici photographié au côté de Richarlison, Daniel Alves ou Gabriel Jesus notamment à l’occasion du sacre du Brésil à la Copa America 2019, bénéficie du soutien de nomnbreux footballeurs.
Kaz Photography / Getty Images Le président brésilien Jair Bolsonaro, ici photographié au côté de Richarlison, Daniel Alves ou Gabriel Jesus notamment à l’occasion du sacre du Brésil à la Copa America 2019, bénéficie du soutien de nomnbreux footballeurs.

Kaz Photography / Getty Images

Le président brésilien Jair Bolsonaro, ici photographié au côté de Richarlison, Lucas Paqueta, Daniel Alves ou Gabriel Jesus notamment à l’occasion du sacre du Brésil à la Copa America 2019, bénéficie du soutien de nomnbreux footballeurs.

FOOTBALL - D’un point de vue occidental, c’est totalement contre-intuitif : comment des footballeurs, bien souvent issus des classes populaires, pourraient-ils soutenir un dirigeant d’extrême droite ? Eh bien au Brésil, depuis que Jair Bolsonaro a fait irruption sur la scène nationale, c’est devenu la norme. Après Ronaldinho, Rivaldo ou Romario ces dernières années, le Parisien Neymar vient d’officialiser son soutien au leader populiste en vue du scrutin présidentiel de ce dimanche 2 octobre.

Sur TikTok, l’attaquant du Paris Saint-Germain a ainsi publié une vidéo dans laquelle on le voit danser et entonner les paroles d’une chanson qui déclame : « Vote, vote et confirme : le 22, c’est Bolsonaro » (le « 22 » fait référence du numéro à taper sur les machines à voter pour soutenir le président sortant, ndlr). Une sortie on ne peut plus explicite, qui s’inscrit dans une tradition récente au pays du football.

En effet, depuis sa première candidature en 2018, Jair Bolsonaro s’est régulièrement attiré les propos élogieux de gloires actuelles et passées de la Seleção, l’équipe nationale. De Ronaldinho à Cafu en passant par Kaka, Pato, Lucas Moura, Daniel Alves ou Romario, nombreux sont ceux qui ont ouvertement fait campagne pour le leader populiste. Cette année encore, le dernier cité, par ailleurs sénateur à Rio, a clairement fait savoir qu’il « défendait » le président sortant et qu’il « croyait en ses propositions ».

Religion et néolibéralisme

Un soutien sur lequel l’intéressé s’est appuyé, faisant du maillot auriverde (jaune et vert) un signe de ralliement dans ses meetings et s’appropriant ainsi un symbole au départ apolitique.

Au point que les rares figures soutenant ouvertement Lula (on pense à l’ancien Lyonnais Juninho ou au « meilleur joueur de l’Histoire du PSG », Raï) se retrouvent largement minoritaires face aux bolsonaristes. De quoi entacher l’image d’un football brésilien historiquement très engagé pour le progrès social et la démocratie, notamment au travers des figures de Sócrates et des opposants à la dictature des Corinthians de São Paulo.

Mais il y a des raisons à cet engagement des footballeurs d’aujourd’hui dans le camp du populisme. En l’occurrence des scandales de corruption qui ont dévasté la classe politique locale et fait naître un profond ressentiment contre les élites et les partis en place.

De plus, comme l’explique au HuffPost Christophe Ventura, spécialiste de l’Amérique latine à l’Iris, « les évangélistes sont la seule frange de la population où Bolsonaro est majoritaire au Brésil ». Et ces croyances religieuses, on les retrouve très profondément ancrées chez de nombreux joueurs. « Bolsonaro est conservateur, voire réactionnaire en matière de mœurs et très néolibéral et individualiste en matière économique, répétant que l’on se fait tout seul, qu’il faut prendre l’initiative, gagner de l’argent, vantant la figure du self-made-man… » Un discours qui semble donc séduire les millionnaires religieux et issus des classes populaires qui constituent l’élite du football brésilien.

Dans ce tweet, le ministre de la Communication de Jair Bolsonaro partage une vidéo dans laquelle Neymar remerciait le président pour une visite dans les locaux de sa fondation. Fabio Faria ajoutait : « Tous en jaune et vert, avec le maillot de l’équipe nationale, pour voter pour notre capitaine ».

Le contrecoup du Covid

Néanmoins, cet état de grâce s’est en partie étiolé avec un épisode particulièrement douloureux de la présidence Bolsonaro : la pandémie de Covid et ses 700 000 morts brésiliens. Arrivé au pouvoir grâce à un discours antisystème, bien souvent complotiste et alimenté par sa position antivaccins, Jair Bolsonaro n’a effectivement eu de cesse de minimiser les effets du virus et de prendre position contre les traitements, auxquels la population était pourtant très favorable.

Et parmi elle des footballeurs qui ont progressivement pris leurs distances, ou en tout cas cessé d’afficher un soutien clair au régime en place.

Mais à l’image du soutien de Neymar -qui deviendra prochainement le meilleur buteur de l’Histoire de la Seleção, devant le roi Pelé- à trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, rien n’est encore joué dans le duel qui devrait opposer le revenant Lula et Bolsonaro. D’autant que le discours contre la corruption et les élites continue de faire mouche, et que les partisans radicalisés et fanatiques du président sortant demeurent une part non négligeable de la population.

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