Au Sénégal, le procès d’Ousmane Sonko présente des “risques pour la paix sociale”
Après sa condamnation en appel, le 8 mai dernier, à six mois de prison avec sursis pour diffamation du ministre Mame Mbaye Niang, l’opposant Ousmane Sonko est à nouveau convoqué, ce 16 mai, devant les juges, pour répondre d’accusations de viols dans l’affaire Adji Sarr, du nom de cette employée d’un salon de massage qui l’a attrait en justice, et dont l’affaire défraie la chronique depuis plus de deux ans au Sénégal.
Quand on sait que les précédentes convocations du leader du Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) avaient donné lieu à des violences [notamment à Dakar et en Casamance lors de son arrestation, en mars 2021] pour ce qui passe, aux yeux de ses partisans, pour une cabale politique visant à l’éliminer de la course à la présidentielle, il y a des raisons de craindre que cette nouvelle comparution de l’opposant ne soit un nouvel avis de tempête sur Dakar.
Des craintes d’autant plus fondées qu’en cas de non-présentation du prévenu au tribunal, l’autorité judiciaire a la latitude de mettre en œuvre une ordonnance de prise de corps, si elle juge sa présence nécessaire.
L’heure de vérité
Un acte qui pourrait en rajouter à l’exacerbation des tensions si le candidat déjà déclaré à la présidentielle de février 2024 devait faire l’objet d’une arrestation ou d’un mandat de dépôt. Quand on sait que le jeune opposant a récemment appelé ses concitoyens à la résistance et à la désobéissance civile [notamment dans un communiqué publié le 8 mai sur les réseaux sociaux] contre la justice avec laquelle il refuse désormais de collaborer, on peut nourrir des appréhensions par rapport aux agitations de ses partisans.
Devant ce banditisme judiciaire, j’ai décidé de ne plus collaborer avec la justice et de ne plus me présenter devant elle. C’est cela le sens de la désobéissance civile.
— Ousmane Sonko (@SonkoOfficiel) 8 mai 2023
Lesquelles agitations pourraient alourdir davantage un climat sociopolitique déjà fortement tendu. Et ce en raison des démêlés judiciaires de l’édile de Ziguinchor, sur fond de mobilisation contre un troisième mandat de Macky Sall, le chef de l’État continuant de garder le mystère sur ses intentions de se remettre dans le jeu électoral de la course à sa propre succession.
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