AVANT/APRÈS. Barrage détruit en Ukraine: des images satellite montrent l'ampleur des inondations

AVANT/APRÈS. Barrage détruit en Ukraine: des images satellite montrent l'ampleur des inondations

Des inondations record. Après la destruction partielle du barrage de Kakhovka mardi, dans le sud de l'Ukraine, le niveau du fleuve Dniepr a augmenté de plusieurs mètres et l'eau a envahi des terres qui ne sont habituellement pas immergées en aval du barrage, dans l'oblast de Kherson.

Le comparatif d'images satellites fournies par l'entreprise américaine Maxar, prises avant et après la destruction, permettent de mesurer l'ampleur de la libération des eaux et des dégâts engendrés.

Les dégâts ont d'abord été importants autour du point de rupture du barrage avant que les gigantesques volumes d'eau libérés par le barrage ne gagnent toutes les rives du Dniepr jusqu'à la Mer noire, dans laquelle le fleuve se jette.

Plus de 2700 personnes évacuées

La Russie et l'Ukraine continuent de se rejeter la responsabilité de cette destruction, sans qu'il soit possible à ce stade de déterminer précisément l'origine de cette destruction ou si elle a été organisée par l'un ou l'autre des belligérants.

Les autorités ukrainiennes et russes, qui contrôlent respectivement les rives droite et gauche du fleuve à ce niveau, ont annoncé avoir évacué plus de 2700 personnes: 1450 l'ont été par l'Ukraine et 1274 par la Russie.

Selon le procureur général d'Ukraine, plus de 40.000 personnes pourraient être touchées par les inondations, dont 25.000 dans les territoires contrôlés par la Russie.

Si aucun décès n'a été officialisé ni côté ukrainien ni côté russe au moment de l'écriture de cet article, la destruction partielle du barrage a "certainement (fait) de nombreux morts", selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby.

Infrastructures et habitations sous les eaux

De nombreuses installations industrielles et portuaires ont été touchées, notamment dans la grande ville de Kherson, reprise par les forces ukrainiennes à la Russie en novembre, et qui fait aujourd'hui face à une zone occupée par les forces de Moscou. L'eau continuait d'y monter ce mercredi matin, selon les autorités ukrainiennes.

Dans certaines zones, le comparatif entre les images satellites avant et après la destruction du barrage montre comment l'eau a englouti des routes entières et même des bâtiments, comme dans la petite ville de Korsunka, à mi-chemin entre le barrage et Kherson.

Les conséquences de l'effondrement du barrage sont humaines pour les habitants de la région et aussi stratégiques: elles sont en mesure de ralentir et/ou rendre plus difficile le passage du Dniepr par les forces ukrainiennes dans le cadre du projet de contre-offensive. De même, l'énergie du barrage était utilisée pour alimenter la centrale nucléaire de Zaporijjia. Pris dès le début de l'offensive russe en Ukraine, le barrage permet également d'alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou.

Les conséquences sont aussi écologiques: de nombreux environnements en bord de fleuve vont être affectés par cette montée rapide des eaux, dans lesquelles se sont déversées "150 tonnes d'huile de moteur" selon les autorités ukrainiennes.

Volodymyr Zelensky a évoqué "la plus grande catastrophe environnementale causée par l'homme en Europe depuis des décennies", ajoutant que la Russie "est coupable d'un écocide brutal".

Article original publié sur BFMTV.com