Baisse des contrôles antidopage en France, une hérésie en pleine candidature Paris 2024

Baisse des contrôles antidopage en France, une hérésie en pleine candidature Paris 2024
Baisse des contrôles antidopage en France, une hérésie en pleine candidature Paris 2024

20% de contrôles en moins en 2017, l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) va être obligée de réduire le nombre de contrôles en raison d’un déficit annuel de 650 000 euros.

En cette année de scandales (affaire du meldonium, dopage russe généralisé, divulgation des AUT de Froome, Wiggins et Nadal notamment), le message envoyé par le gouvernement français est bien difficile à comprendre pour un pays historiquement considéré à l’avant-garde de la lutte antidopage.
Pour être précis, le budget de l’AFLD est de 9 millions par an, financé aux 9/10èmes par des subventions du Ministère des Sports et « sur les 8,5 millions d’euros prévus par le projet de loi de finances, seuls 7,8 millions d’euros seront effectivement versés », observe l’Agence dans un communiqué tombé il y a quelques heures.

Contacté, Bruno Genevois, Président de l’AFLD, « appelle l’attention de l’opinion sur cette question. Ce que je crois, en matière de lutte antidopage, c’est qu’il y a un écart entre les intentions prononcées et la réalité des faits ». Avant de poursuivre : « Les raisons invoquées à propos de cette baisse de budget ? Des mesures de portée générale concernant les contraintes budgétaires mais sans lien avec l’état d’urgence… Et puis, la masse des budgets du Ministère des Sports, ils peuvent la moduler afin d’éviter de nous pénaliser ».
Après avoir rencontré le Secrétaire d’Etat aux Sports lors du dernier Tour de France et alerté de la baisse envisagée, Bruno Genevois et le collège de l’agence avaient proposé plusieurs solutions pour inverser la tendance :

– en augmentant de 0,1% le taux de la contribution sur la cession des droits de retransmission des compétitions sportives (taxe « Buffet »)
– s’en tenir aux versements définis dans le projet de loi de finances…

Sans succès… Une polémique qui intervient au moment même où Paris 2024 passait son premier grand oral mardi devant les membres du CIO à Doha… Pour le Président de l’Agence indépendante, « pour renforcer cette candidature, il faut au contraire maintenir sur le plan financier notre volonté de combattre le dopage ». Egratigné, le Ministère des Sports a tenu à se défendre dans un communiqué reçu en début de soirée : « La subvention effectivement versée à l’AFLD aura augmenté de plus de 8% entre 2015 et 2017. Il est donc inapproprié d’indiquer qu’il n’y a pas d’augmentation des crédits de l’Etat en faveur de l’AFLD. Aussi, au-delà des efforts importants du Gouvernement, on reste dans l’attente des propositions de l’AFLD pour diversifier ses ressources et optimiser ses coûts de fonctionnement, au profit d’un renforcement des contrôles effectués ». Comment éviter de répondre aux questions qui fâchent alors que l’Etat et le monde sportif sont confrontés à de vrais choix…

Alors, quel message souhaite-t-on envoyer aux tricheurs ? Qu’ils vont avoir encore plus de chances de passer entre les mailles du système ? A l’image de l’Agence mondiale antidopage financée en grande partie par les Etats, nos pays ont-ils encore les moyens de financer la lutte antidopage ? De moins en moins car les priorités (emploi, insécurité, lutte contre l’Etat Islamique) se situent ailleurs désormais.

Antoine GRYNBAUM