Bannissement des athlètes russes : des exclusions, des exceptions et des tensions

Bannissement des athlètes russes : des exclusions, des exceptions et des tensions

Les athlètes russes et bélarusses pourront-ils de nouveau participer à des compétitions internationales y compris les JO de Paris ? Le Comité international olympique se réunit en ce début de semaine pour clarifier sa position après l’invasion russe de l’Ukraine. Ce possible retour en grâce des athlètes suscite déjà de nombreuses tensions diplomatiques à l’approche des Jeux olympiques de 2024, dont les qualifications ont débuté pour certaines disciplines.

Euronews fait le point.

Quelles sont les compétitions auxquelles les Russes et les Bélarusses peuvent encore participer ?

Les problèmes avec la Russie existaient bien avant la guerre en Ukraine. En décembre 2019, le comité exécutif de l'Agence mondiale antidopage a reconnu que l'Agence russe antidopage (RUSADA) ne respectait pas le code antidopage. Conséquence : les équipes russes ont été suspendues des compétitions majeures durant quatre ans. Moscou a alors fait appel auprès du Tribunal arbitral du sport, qui a réduit la peine à deux ans, pendant lesquels les athlètes russes n’ont pas pu concourir sous le drapeau national lors des grandes compétitions internationales, y compris les Jeux olympiques (Tokyo 2021 et Pékin 2022) et les championnats du monde. Cela avait déjà été le cas lors des Jeux olympiques de Pyeongchang (Corée du Sud, 2018).

Ce bannissement était en vigueur jusqu'au 16 décembre 2022. Et, contrairement à ce qui s'était passé quatre ans auparavant, les athlètes russes devaient obtenir le droit d'ajouter sur leur uniforme les couleurs de leur drapeau et le nom de leur pays avec l'inscription "neutral athlete" en anglais.

Mais depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022, tout a de nouveau basculé.

La commission exécutive du CIO a publié une déclaration dans laquelle elle demandait aux fédérations d'exclure de nouveau les athlètes russes et bélarusses des compétitions internationales et de ne pas organiser de championnats dans la Fédération de Russie et au Bélarus "afin de protéger l'honnêteté des compétitions sportives mondiales et la sécurité de tous les participants".

Dans le cadre du statut de neutralité, les compétiteurs individuels de la Fédération de Russie ont cependant été autorisés à participer aux compétitions internationales de tennis, de cyclisme, de sport automobile, de judo, de sambo (arts martiaux) et d'échecs (les équipes ont été disqualifiées).

En judo, l'équipe russe a pu participer au tournoi du Grand Chelem à Ulaanbaatar (Mongolie) en juin 2022, mais n'a pas été autorisée à participer aux championnats du monde à Tashkent (Ouzbékistan).

Les exceptions malgré le banissement

Aujourd'hui, il reste très peu de sports dans lesquels les athlètes russes sont encore autorisés à concourir. L'un d'entre eux est le tennis, où les joueurs entrent sur le court avec peu de contraintes. Daniil Medvedev et Andrey Rublev sont actuellement classés parmi les dix premiers, bien qu'ils ne jouent pas sous le drapeau russe sur le circuit ATP. Individuellement, les ressortissants russes jouent en tant que neutres, sans autres restrictions. Cependant, l'équipe nationale russe est suspendue des tournois par équipes, tels que la Coupe Davis et la Coupe Billie Jean King.

Au sein de l'Ultimate Fighting Championship (UFC), les combattants russes ne seront pas non plus empêchés de se battre pour des titres. Le président de l'organisation, Dana White, déclare qu'il n'est pas prêt à se plier à la tendance générale et à suivre les recommandations du CIO.

Les Russes s'excluent parfois d'eux-mêmes

La Fédération internationale de l'automobile (FIA) a également autorisé les pilotes russes à participer aux tournois, mais sous certaines conditions : avant le départ, ils devaient signer un document de neutralité. Ils ont refusé et n'ont donc pas participé aux compétitions.

La Fédération internationale de judo a suspendu les pouvoirs de Vladimir Poutine en tant que président honoraire de l'organisation et a annulé un certain nombre de tournois dans la Fédération de Russie, mais a autorisé les athlètes russes à concourir en tant que neutres. Cependant, le 28 février 2022, la Fédération russe de judo elle-même a annoncé que les Russes suspendaient leur participation.

La situation est similaire dans les sports électroniques. Il n'y a pas encore eu de décision générale officielle, mais plutôt au cas par cas, et il appartient aux organisateurs de tournois d'appliquer d'éventuelles sanctions. Les Russes, par exemple, n'ont pas été autorisés à participer aux tournois FIFA, Apex Legends et Warcraft 3.

De nouvelles conditions pour les JO de 2024 ?

Le 25 janvier 2023, le Comité international olympique a publié une déclaration "sur la solidarité avec l'Ukraine, les sanctions contre la Russie et le Belarus et le statut des athlètes de ces pays", qui stipule que les athlètes russes et bélarusses pourront participer individuellement aux Jeux olympiques de Paris mais sous certaines conditions.

Pour participer aux JO, les athlètes russes devront accepter une « neutralité exclusive », y compris pour les membres du comité olympique russes. Le CIO demandait aux Russes soit de condamner l’agression contre l’Ukraine, ou au moins de garder le silence sur ce sujet. Enfin pour participer au JO, les athlètes devront également respecter pleinement le Code mondial antidopage.