Barrage partiellement détruit en Ukraine: l'eau continue de monter autour de Kherson

Barrage partiellement détruit en Ukraine: l'eau continue de monter autour de Kherson

Peur, incompréhension et colère. Au lendemain de la destruction partielle du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, les habitants de la zone située aux alentours de l'infrastructure découvrent avec horreur les destructions provoquées par l'eau qui s'écoule désormais de manière irrémédiable.

Évacuations massives

Les autorités ukrainiennes estiment que 24 localités situées entre le barrage et la ville de Kherson sont inondées par les eaux du fleuve Dniepr. Une montée des eaux qui a déjà provoqué l'évacuation de 17.000 personnes côté ukrainien, tandis que les informations sont parcellaires, voire manquantes, côté russe, où 25.000 personnes seraient concernées. Les autorités installées par les Russes dans les régions qu'ils occupent ont toutefois bien assuré avoir procédé à des évacuations.

"La situation est vraiment critique. Si l’eau monte encore d’un mètre, nous perdons notre maison. On essaie simplement de sauver nos proches et nos biens les plus précieux", dit à BFMTV Oleksandr, un habitant de Kherson.

Pour de nombreux locaux, la priorité est de sauver les animaux restés dans les maisons submergées. Ainsi, Tatiana a difficilement pu regagner sa maison et récupérer ses deux chiens en bonne santé. En revanche, son habitation, méconnaissable, est temporairement inhabitable.

"Qu'ils finissent tous dans un cercueil"

A Kherson, l'eau continue de monter ce mercredi matin. Selon Nicolas Coadou, envoyé spécial de BFMTV dans la ville ukrainienne, le niveau augmente à vue d'œil et des rues et places, au sec mardi soir, se retrouvent désormais sous plus d'un mètre d'eau.

"La situation la plus difficile a lieu dans le district de Korabelny de la ville de Kherson. Jusqu'à présent, le niveau de l'eau s'est élevé de 3,5 mètres, plus de 1000 maisons sont inondées", a détaillé mardi soir dans un communiqué le chef de cabinet adjoint de la présidence ukrainienne, Oleksiï Kouleba.

Le niveau le plus haut devrait être atteint ce mercredi à la mi-journée, avant un retour à la normale attendu d'ici trois à quatre jours.

Cependant, dans les rues de cette ville qui a été la première conquête russe en 2022, puis qui pendant de longs mois a été le théâtre de combats avant d'être en partie reprise par l'armée ukrainienne, la colère et le ressentiment se font de plus en plus forts.

"Ils sont tarés, désolé pour l’expression mais putain quoi, ma mère a 80 ans et je dois porter ses derniers sous-vêtements et housses de couette. Ces salopards de Russes, je veux qu’ils finissent tous dans un cercueil", s'emporte Ivan, qui transporte plusieurs sacs de vêtements sous ses bras.

Pour Oleksandr, cette destruction du barrage est un stratagème mis en place par Moscou afin de retarder la contre-offensive ukrainienne. "Ils pensent que nos chars ne passeront pas, mais nous n’avons pas besoin de chars. On les finira à la main ces connards", insiste-t-il.

Moscou et Kiev s'accusent mutuellement

Tandis que les évacuations se poursuivent, Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité de la destruction du barrage. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie d'avoir "fait exploser une bombe" sur le barrage. Elle l'avait miné, avait-il affirmé en octobre dernier.

"Il est physiquement impossible de (le) faire sauter d'une manière ou d'une autre de l'extérieur, avec des bombardements", la version donnée par Moscou, a-t-il ajouté.

De son côté, la Russie a appelé mardi la communauté internationale à "condamner" Kiev. "Nous appelons la communauté internationale à condamner les actions criminelles des autorités ukrainiennes, qui sont de plus en plus inhumaines et constituent une menace sérieuse pour la sécurité régionale et mondiale", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com