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Basket: "On me prive de l'équipe de France", réagit Johannès

Basket: "On me prive de l'équipe de France", réagit Johannès

Marine Johannès, comment allez-vous depuis le titre décroché avec l'ASVEL ?

Je vais bien, merci. J’ai pu profiter de ma famille quelques jours avant de rejoindre New York et de partir pour une semaine de road trip.

Vous avez signé une de vos plus belles saisons en carrière avec l'ASVEL. Le ressentez-vous ?

Oui, je pense avoir réalisé une bonne saison individuellement. Je crois avoir grandi et évolué depuis l’été dernier. Mais c’est surtout collectivement que nous avons bien joué. Avec un nouveau groupe, un nouveau staff, ça aurait pu prendre plus de temps. Mais avec le travail de tout le club et un groupe soudé nous avons réussi à faire de grandes choses cette saison en remportant l'Eurocup et le Championnat de France. C’était aussi important de se qualifier pour l'Euroligue.

Quel est votre souvenir fort de la saison ? Entre la finale d'Eurocup dominée de A jusqu'à Z et ce titre de championne arraché au bout du dernier quart temps du dernier match ?

Je n’arrive pas forcément à en choisir un. Il y a eu beaucoup de moments forts cette saison… Notre demi-finale d’Eurocup face à Villeneuve et puis cette finale plus que parfaite face à Galatasaray ont été des matchs incroyables à vivre. Un titre historique pour le club. Et puis bien sûr, le titre de championne de France avec cette belle finale en 3 matchs face à Villeneuve. Finir là-dessus et être champion à la maison devant notre public, c’était juste parfait.

New York s'est constitué une équipe de stars avec Stewart, Ionescu, Jones et vous, impossible de ne pas en être ?

C’est clair que l’équipe fait rêver ! J’ai hâte d’apprendre de ces joueuses et du staff. Je vais encore avoir un rôle différent de ce que j’ai connu auparavant mais je suis prête à l’accepter. Vivre cette expérience n’est pas donné à tout le monde. Je sais que j’ai une chance incroyable.

Comment avez-vous vécu ces dernières semaines ? On vous a sentie très émue après la finale.

La dernière semaine à Lyon n’a pas été facile, mais les derniers mois non plus. La saison a été longue. Nous avons fait énormément de matchs puisque nous avons eu la chance d’être en finale sur les trois tableaux. La défaite en coupe de France a aussi été très dure à digérer. L’équipe a reçu beaucoup de critiques, moi la première. Ce n’est jamais simple, à cela s’est rajoutée la situation avec l'équipe de France que l’on a essayé de résoudre pendant plusieurs mois. C’est l’accumulation de beaucoup de choses qui m’a rendue émotive comme cela après le match. La pression, le stress, la fatigue…j’étais très heureuse mais exténuée en même temps.

Les marques de soutien vous ont-elles touchées ?

Énormément. J’ai reçu beaucoup, beaucoup de messages de manière générale. Je pense que ça m’a permis d’avancer et d’accepter plus rapidement dans le sens où je ne pouvais pas rester sur la déception de ne pas pouvoir être sélectionnée pour l’Euro. Aujourd’hui, je suis simplement heureuse de pouvoir jouer avec cette équipe de New York.

Quand Jean-Aimé Toupane dit "On ne prive pas Marine de l'équipe de France", avez-vous le même ressenti ?

Non, je n’ai pas le même ressenti. Selon moi, on me prive de l’équipe de France. Je ne pense pas avoir été excessive dans ma demande et tout le soutien que j’ai reçu le prouve. Depuis février, New York a toujours été ouvert à la discussion. Sandy Brondello, la coach, sait à quel point l'équipe de France est importante pour moi. Je reste convaincue qu’une solution aurait pu être trouvée et qu’il était possible de faire les deux. Il ne faut pas oublier qu’être européenne dans cette league, ce n’est pas facile. Il faut montrer chaque jour que tu as ta place et que tu mérites d’être là donc quand tu as la chance de pouvoir vivre ça c’est difficile de prendre un quelconque risque de perdre ta place.

Vous sentez-vous trahie ?

Non, je n’irai pas jusque là. Mais j’ai été extrêmement déçue, je ne vais pas mentir. Pour moi il est clair que je n’ai pas fait de choix, c’est la fédération qui choisit de ne pas me sélectionner. Je pouvais être là le 1er juin, je suis en équipe de France depuis 2016, je n’ai jamais rien raté depuis que j’y suis. Tout le monde sait que l’équipe nationale est importante pour moi. Même en étant blessée pour la coupe du monde en Australie j’ai fais la demande de rester avec l’équipe car je voulais faire partie du groupe et que j’avais en tête l’Euro et les Jeux olympiques. D’ailleurs, à cette période, j’ai beaucoup discuté avec Aimé et le staff. Je n’avais qu’une envie, celle de travailler avec eux. Je trouve cela dommage de pas pouvoir être sélectionnée parce que j’allais manquer une petite partie de la prépa. Je n’aime pas penser que le fait d’être en finale avec Lyon et d’avoir la chance d’être en WNBA m'aurait finalement pénalisée.

Êtes-vous inquiète pour les Jeux Olympiques ? Vous a t-on vraiment menacée ?

J’essaye de ne pas y penser. Pour le moment, si on suit les nouvelles règles, puisque je suis absente au championnat d'Europe, je ne suis pas éligible pour les Jeux olympiques non plus, mais j’espère évidemment que la fédération reviendra là dessus. C’est important que l’on trouve des solutions pour faire évoluer les choses. Bien sûr que l’équipe nationale est très importante, le maillot bleu blanc rouge c’est un honneur de le porter, mais il faut prendre en compte que la WNBA attire de plus en plus les nouvelles générations. Je pense que dans le futur il y aura d’autres joueuses françaises dans ma situation.

Dernière question: allez-vous regarder l’Euro ?

Bien sûr. Ce sont mes copines et je suis à fond derrière elles. J’espère qu’elles vont ramener le titre et j’espère pouvoir les retrouver le plus vite possible.

Article original publié sur RMC Sport