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Ben Yedder, adaptation éclair

En cinq mois à peine, Wissam Ben Yedder est parvenu à s’imposer au Séville FC. Epanoui dans un championnat propice à l‘expression de ses qualités, l’attaquant français fait preuve d’une redoutable efficacité et progresse, sous le regard avisé de Jorge Sampaoli. De quoi nourrir, à 26 ans, de hautes ambitions.

En cinq mois et une série de prestations majuscules, WBY s'est fait une place entre la MSN et la BBC.
En cinq mois et une série de prestations majuscules, WBY s’est fait une place entre la MSN et la BBC.

« Merci Wissam ». « Il fait peur . » De la gratitude du peuple violet, déferlant du parcage toulousain à Angers un soir de maintien miraculeux en L1, à la Une comminatoire de l’Estadio Deportivo, il s’est écoulé sept mois. Sept petit mois. Il n’aura pas fallu plus de temps que cela à Wissam Ben Yedder pour quitter le costume de sauveur d’un TFC moribond et pour revêtir celui de menace n°1 de l’actuel dauphin de Liga. Un changement de dimension rapide, illustré le 8 janvier dernier par le titre glacial du site d’actualité sportive espagnol, au lendemain de la prestation XXL livrée par l’attaquant français face à la Real Sociedad.

La veille, la tempête Ben Yedder avait ravagé le stade Aneota, semant au passage trois buts et une passe décisive pour acter la victoire de Séville en terre basque, une première pour le club andalou depuis 2011. Loin d’être un coup d’éclat isolé, ce coup du chapeau est venu sanctionner de la plus belle des manières la montée en puissance météorique de l’ex-Toulousain, devenu au fil des matchs un titulaire indiscutable aux yeux de Jorge Sampaoli (et ce en dépit de l’arrivée de Stevan Jovetic en provenance de l’Inter Milan). Un rapide coup d’oeil à ses statistiques suffit d’ailleurs à comprendre la confiance que lui accorde le technicien argentin. Avec 15 buts et 2 passes décisives au compteur toutes compétitions confondues, Ben Yedder suit de près le trio de grands fauves constitué par Messi, Ronaldo et Suarez.

Une gageure pour un joueur qui n’a découvert l’Espagne qu’en août. Surtout lorsqu’on se rappelle le temps que le natif de Sarcelles a mis pour être au diapason de la Ligue 1 à ses débuts à Toulouse. Dix-huit mois avaient en effet été nécessaires pour le voir s’adapter aux exigences de l’élite hexagonale. Un temps qu’Alain Casanova, convaincu du talent de ce joyau poli sur les parquets de la région parisienne, a eu la bonne idée de laisser grandir à son rythme. Résultat : quatre saisons pleines de 2012 à 2016, qui ont vu ce joueur de futsal surdoué se transformer en redoutable buteur.

Si c’est auréolé du statut de meilleur buteur de l’histoire du club que Ben Yedder a quitté la Ville Rose l’été dernier (63 buts en championnat), des doutes subsistaient néanmoins quant à sa capacité à s’intégrer au sein d’un effectif plus huppé. Moins frileux que ceux du PSG à l’intersaison, les dirigeants de Séville n’ont pourtant pas tergiversé pour aligner les 9M€ réclamés par le président du téf’ Olivier Sadran, et s’attacher les services du joueur destiné à pallier le départ de Kevin Gameiro.

S’entraîner à en vomir

Depuis, l’idylle entre le toucher de balle atypique de WBY et les pelouses espagnoles est devenu une évidence. Dans un championnat où vitesse, jeu dans les petits espaces et redoublements de passes sont aussi incontournables qu’un but dans les arrêts de jeu de Sergio Ramos, l’attaquant français semble avoir trouvé l’espace d’expression idéal pour son football, fait de provocations incessantes et de maîtrise dans les 16m.

Réduire la réussite actuelle du Français à ce type d’affinités électives ne rend néanmoins pas honneur au travail effectué par celui-ci depuis son arrivée en Espagne. Connu pour son professionnalisme – en juillet dernier, alors même qu’il se savait sur le départ, il s’entraînait encore « à en vomir », dixit Pascal Dupraz, durant le stage de pré-saison du TFC – Ben Yedder a redoublé d’efforts avec Sampaoli. Adepte, comme son mentor Marcelo Bielsa, d’un jeu offensif ayant pour corollaire une grande réactivité à la perte du ballon, le technicien argentin exige une débauche d’énergie constante de la part de ses joueurs en phase défensive. Peu habitué jusqu’ici à jouer les premiers remparts, l’ex-Toulousain s’applique depuis son arrivée à Séville à combler ses lacunes en la matière. « J’ai progressé dans les courses, dans le volume, reconnaissait-il d’ailleurs récemment dans une interview accordée à nos confrères de L’Equipe. Au-delà des buts, j’ai compris la nécessité de faire beaucoup d’efforts, en jouant notamment à un poste comme celui d’ailier gauche cette saison. »

Capable de hausser sans difficulté son niveau technique à la hauteur de celui des Nasri, Vitollo et consorts, toujours aussi implacable devant le but, et désormais acquis à la cause du pressing : Ben Yedder soigne son profil de renard moderne. De quoi donner des idées à Didier Deschamps ? S’il continue à donner des sueurs froides aux défenses adverses, il y a fort à parier que le sélectionneur des Bleus saura le récompenser comme il se doit.