Quel bilan pour Igor Tudor, qui va quitter l'OM?

Quel bilan pour Igor Tudor, qui va quitter l'OM?

Son passage n'aura duré seulement onze mois. Igor Tudor, qui va quitter l'Olympique de Marseille après le dernier match de championnat, a vécu une année pour le moins chargée. Elle a commencé avec la défiance du public après son arrivée inattendue et s'est achevée en eau de boudin avec un sprint final manqué. Entre temps, les supporters ont pu s'autoriser à rêver du titre avec les résultats séduisants après la Coupe du monde. Mais ils ont aussi dû subir la rocambolesque élimination de la Ligue des champions et la désillusion en Coupe de France après le tour de force inédit contre le Paris Saint-Germain à domicile.

· Un public qu'il a fallu convaincre

Le 7 août, à l'annonce de son nom par le speaker du Vélodrome, le public siffle. Ce n'est que le premier match de championnat de la saison, mais Igor Tudor se retrouve déjà dans une position difficile. Son manque de renommée et ses résultats inquiétants en pré-saison (défaites 3-0 contre Norwich, 2-0 contre Middlesbrough, 0-2 contre l'AC Milan) suscitent une défiance des supporters, pris au dépourvu par le départ de Jorge Sampaoli. La mise sur le banc de Dimitri Payet, adulé après avoir porté l'équipe la saison passée, n'arrange rien. Sauf que le bilan sur les neuf premières journées est excellent: sept victoires, deux nuls. "Si je me fais siffler à nouveau et qu'on gagne, très bien. L'important est que les joueurs ne soient pas sifflés", ose même Igor Tudor courant août.

· Avec lui, l'OM a cru au titre... et a laissé échapper son objectif

Ce n'était plus arrivé depuis un moment: l'Olympique de Marseille a pu croire au titre. Au soir de la 33e journée, il n'y a que cinq points d'écart avec le Paris Saint-Germain. Mais la défaite 2-1 contre le RC Lens met non seulement un terme au rêve, mais provoque aussi l'échec de l'objectif principal de la saison: la 2e place avec la qualification directe pour la Ligue des champions. C'est le paradoxe Tudor: l'OM ne peut faire mieux que 3e, malgré un nombre de points supérieur à celui de la saison passée (71 contre 73 au moins) et, surtout, un jeu au pressing séduisant et aux résultats intéressants après le Mondial au Qatar (11 victoires, 4 nuls, 2 défaites). C'est ce même football qui permet au club de faire tomber le PSG en Coupe de France, ce qui n'était plus arrivé au Vélodrome depuis 2011.

· Les désillusions en coupe

Le vrai point noir de la saison se trouve là: le fiasco en Coupe de France. L'OM aurait pu être à la place du Toulouse FC ou même du FC Nantes, en tant que finaliste, mais il s'est retrouvé incapable de battre les amateurs du FC Annecy juste après avoir sorti le PSG. Une occasion manquée de remporter le premier titre majeur depuis le championnat 2010.

En Ligue des champions, l'OM a, certes, enfin réussi à exister. Mais au-delà des défaites contre l'Eintracht Francfort, le deuxième but encaissé lors du dernier match contre Tottenham qui empêche le repêchage en Ligue Europa fait mal. Mais au regard de ce qu'a pu produire l'équipe par la suite, après avoir assimilié ses principes de jeu, la conclusion de cette aventure européenne est sans doute qu'il aurait été intéressant de revoir Igor Tudor aux manettes dans cette compétition.

· Un management qui a fait débat

À cause des résultats décevants des dernières semaines de son passage, Igor Tudor laissera peut-être d'abord le souvenir d'un entraîneur considéré comme étant un poil trop rigide pour Marseille. Sa gestion de Dimitri Payet tout au long de la saison, avec la sanction pour le match du 20 mai contre le Losc, a suscité beaucoup de débats. Y compris celle de Mattéo Guendouzi, à la fois pour son positionnement très haut et son temps de jeu qui s'est progressivement réduit. Il y a aussi le cas Chencel Mbemba, parfois mis sur le banc après avoir été considéré comme le deuxième meilleur joueur derrière Alexis Sanchez.

Éric Di Meco, qui aurait aimé voir le technicien croate une saison de plus, disait fin mai dans Rothen s'enflamme sur RMC: "Le constat est que la gestion de Tudor sur cette fin de saison est un échec. C'est un jeune entraîneur qui a des progrès à faire. Sa gestion l'a empêché d'utiliser à 100% certains joueurs. L'ultra-rigidité, c'est un défaut à un moment donné". Son de cloche similaire chez Jérôme Rothen: "Il faut aussi reconnaître les choses positives qu'il a pu faire tout au long de l'année. Mais il n'y a pas eu assez d'adaptation par moment. En restant assez dur dans son management, il est arrivé ce que je pensais: explosion plus ou moins du groupe, avec des résultats en dents de scie sur les dernières semaines. On se rend compte que sa méthode a mis la plupart des joueurs dans le dur. Même lui le premier. Il est rattrapé par tout ce qu'il a mis en place sur les derniers mois. C'est trop de conflits. (...) Il s'est sabordé. Il y avait mieux à faire avec certains joueurs".

Article original publié sur RMC Sport