Blessure de Verratti : le PSG de Tuchel à l’heure du bricolage

Sorti sur blessure face à Guingamp, Marco Verratti pourrait manquer plusieurs semaines de compétition. Un vrai coup dur pour un PSG qui manque déjà cruellement de billes au milieu de terrain.

« C’est la pire chose qui pouvait nous arriver ». Voilà comment Thomas Tuchel a expliqué, sans détour, son ressenti au terme de l’incroyable victoire des Parisiens face à Guingamp (9-0), concernant l’état de Marco Verratti.
Pas franchement de quoi rassurer une capitale suspendue aux lèvres du coach pour en savoir davantage sur l’état de son petit hibou. Finalement, si l’entorse est confirmée, l’indisponibilité n’est pas encore connue.

Il faut dire que l’on imaginait mal que la situation pouvait être pire.
Cet été déjà, Tuchel avait vu Lo Celso et Pastore filer vers de nouveaux horizons, sans enregistrer de recrue au milieu de terrain. À la rentrée, le coach ne cachait plus son agacement quant à la gestion d’un dossier qui aurait dû être prioritaire depuis le départ à la retraite de Thiago Motta.

Cet hiver, comme si la situation n’était pas assez compliquée, Tuchel a également assisté à l’éviction de deux autres profils : Adrien Rabiot, d’abord, envoyé au placard, coupable de mettre sportivement et financièrement son club de formation dans la panade en déclinant une prolongation qu’il avait longtemps fait miroiter.
Lassana Diarra, ensuite, dont l’ultime pige parisienne s’est surtout soldée par une succession de pépins physiques qui conduisent finalement à la rupture à l’amiable de son contrat avant la fin de son bail.

Résultat, Tuchel ne disposait plus que de Verratti comme milieu défensif de métier, et avait dû bricoler les six premiers mois pour compenser le manque de recrutement. En installant avec brio Marquinhos dans un rôle de numéro 6 hybride entre le milieu et la défense, et en expérimentant de temps en temps Draxler sur la même ligne, Tuchel n’a pas eu froid aux yeux. Et ça a marché puisque le PSG a fini l’année invaincu en championnat, et premier de son groupe en Ligue des champions au nez et à la barbe du finaliste de l’édition précédente. Un joli tour de force, quand on connaissait les carences avec lesquelles il allait devoir s’accommoder.

Mais force est de constater que non seulement tout l’équilibre du milieu de terrain reposait sur Marco Verratti et son néo-binôme, mais qu’en plus Tuchel ne pourrait pas se passer de la moindre blessure tant l’équilibre était fragile.
Ces dernières semaines, par exemple, le forfait de Kimpembe contraignait le technicien à se passer de Marquinhos au milieu pour le renvoyer en défense centrale au côté de Thiago Silva. Conséquence inévitable, il fallait lancer d’autres joueurs au charbon au milieu de terrain. C’est comme ça que Tuchel a par exemple terminé la rencontre face à Amiens avec un étrange duo Bernat – Alves devant sa défense, ou qu’il a entamé le match face à Guingamp avec Dani Alves aux côtés de Verratti.
Difficile d’imaginer pour le PSG que le petit italien, seul soldat à tenir la baraque au milieu, allait finalement lui aussi déserter avant les grandes soirées européennes. Pas de chance, c’est ce qu’il vient d’arriver.

« Je suis très, très triste. Jouer avec Marco et ses qualités, et jouer sans Marco, c’est complètement différent. Nous sommes très tristes justement pour ça, car je pense qu’il est sérieusement blessé. C’est dur et grave pour nous. C’est très sérieux, je pense que c’est possible qu’il manque quelques semaines », a lui-même expliqué Thomas Tuchel au terme de la rencontre.

En titularisant et conservant le n°6 sur le terrain alors que son équipe menait déjà, Tuchel n’a-t-il pas pris un risque ? Facile à dire, surtout à la 13e minutes, et quand on connaît justement la pauvreté du banc dont dispose l’Allemand dans ce secteur.
À trois semaines du déplacement des siens à Old Trafford pour l’entrée en lice du PSG dans les phases finales de la Ligue des champions, le compte à rebours est donc lancé. Pour retrouver l’Italien d’abord, qui souffre d’une “entorse de la cheville gauche sans autre lésion associée”, mais aussi et surtout pour recruter dans un secteur où il fallait déjà débaucher a minima deux profils.

« Le recrutement ? Oui, mais il ne s’agit pas seulement de recruter des joueurs nouveaux car c’était aussi absolument nécessaire avec Marco. Cela ne change pas beaucoup mais une blessure de Marco change tout », a d’ailleurs rappelé Tuchel, qui déclarait déjà en fin d’année qu’il souhaitait recruter « un deuxième Marquinhos et un deuxième Verratti ». L’un comblant l’absence de Kimpembe au milieu, l’autre allant squatter l’infirmerie, la tâche se complique fortement.

Alors, possible de voir Dani Alves perdurer au milieu de terrain ? « Je ne pense pas que ce soit le moment pour essayer d’expérimenter des choses nouvelles avec les jeunes. Dani Alves a joué une deuxième fois au milieu et il a joué de façon exceptionnelle (…) et il va jouer encore. Il avait déjà été très bon pendant la deuxième mi-temps à Amiens et il peut le faire. Pour moi, c’est un joueur qui peut nous aider dans cette position parce qu’il a la qualité, la mentalité et le courage de jouer ici. Il joue de façon courageuse quand on perd le ballon. C’est une bonne position pour lui. Les autres solutions ? On a joué avec Draxler mais j’ai préféré Julian entre les lignes, plus haut. (…) On peut jouer avec Dani et Draxler ou Dani et Marqui sans Marco. Mais pour Marqui, j’ai le problème que Kimpembe est blessé », a résumé l’entraineur, qui devra donc compter sur Dani Alves… et un autre joueur pour aller se mesurer aux Red Devils, si les choses restent en l’état.

Une autre question taraude finalement la capitale : à 11 petits jours de la fermeture du mercato, le PSG va-t-il enfin officialiser l’arrivée d’un renfort ? D’Idrissa Gueye à Allan, de Paredes à Weigl, les noms se succèdent mais le PSG a besoin d’un milieu de terrain, l’Europe le sait, et la situation d’urgence ne place pas forcément la direction francilienne dans une position de force pour négocier sereinement. Et surtout, quelle recrue aura le talent, l’expérience et l’intelligence de jeu nécessaire pour se fondre à la fois dans les plans de Tuchel, répondre au standing parisien, et s’intégrer à merveille dans un collectif qu’il ne connaît pas ?

Reste qu’à l’ouverture du mercato, l’entraîneur exprimait publiquement son impatience, en se disant « nerveux sur la situation », et que depuis quelques jours, le ton a changé, l’Allemand affichant finalement sa « confiance envers sa direction ». Signe que le club a finalement trouvé ses perles rares ?