Bleus - Matuidi, toujours indispensable

ÉQUIPE DE FRANCE – Son départ du PSG et la concurrence dans le milieu de terrain des Bleus n’y ont rien changé : Matuidi continue de s’imposer comme une alternative solide pour Didier Deschamps.

Parmi les joueurs arrivés lundi dernier à Clairefontaine, en marge des deux matches amicaux face à la Colombie (23 mars) puis en Russie (27 mars), il y a les petits nouveaux, Wissam Ben Yedder et Lucas Hernandez. Et puis il y a ceux qui ont l’habitude de ces retrouvailles entre internationaux. A bientôt 31 ans – il les aura le 9 avril prochain – Blaise Matuidi fait désormais figure d’ancien dans ce groupe France à la jeunesse si régulièrement louée.

Homme de base de l’ère Deschamps

Sa longévité et son expérience lui confèrent un statut un peu particulier au sein du groupe et dans l’esprit du sélectionneur. Dans une certaine mesure, il y a du Deschamps chez Matuidi, un côté « soldat », « homme de l’ombre », caractéristique d’un élément foncièrement dédié au collectif. Preuve de la proximité existant entre les deux hommes, Matuidi concède volontiers avoir sondé le sélectionneur au moment de rejoindre la Vielle Dame durant l’été dernier : « À un an de la Coupe du monde, j’avais ce besoin d’échanger avec lui. Même si mon choix était déjà fait, je voulais lui signifier », avait-il admis lors de sa présentation chez les Bianconeri.

Pas si étonnant donc de le retrouver au 2e rang des joueurs les plus utilisés par DD depuis sa prise de fonction en 2012 (58 sélections, 4292 minutes), derrière Olivier Giroud mais devant Hugo Lloris, Paul Pogba ou encore Antoine Griezmann. Plus surprenant, Matuidi est également le 4e buteur tricolore sur cette période (9 buts en 58 matches). Une stat qui confirme ses capacités à dépasser sa fonction de simple relayeur. Une aptitude qui a récemment permis aux Bleus de se sortir de situations périlleuses, comme lorsqu’il a inscrit l’unique but de la victoire française en Bulgarie (1-0) lors des éliminatoires du Mondial, en octobre 2017.

En Russie, Blaise Matuidi devrait participer à sa 4e grande compétition sous le maillot frappé du coq (après 2012, 2014 et 2016). Son vécu est un atout indéniable pour le groupe. Mais l’avènement de Ngolo Kanté et la prépondérance d’un Paul Pogba, jusqu’ici intouchable, ont progressivement fragilisé son statut de titulaire, dans le 4-2-3-1 bâti autour de l’entente Griezmann-Giroud.

Adopté à Turin

Sauf qu’à l’image du commencement de son aventure parisienne, lorsque Carlo Ancelotti avait repris l’équipe en 2012, Matuidi manie à merveille l’art de se rendre indispensable. Après 6 ans passés dans la capitale en tant que membre actif, il est allé se confronter à un nouveau défi de l’autre côté des Alpes, à l’occasion de ce qu’il a récemment décrit sur le plateau du Canal Football club comme un deal gagnant-gagnant-gagnant : « Je voulais vivre autre chose à 30 ans. Ça arrangeait aussi le club de pouvoir donner plus de temps à Adrien (Rabiot), ça arrangeait tout le monde ».

Les questions relatives à l’entrejeu parisien autour de la double-confrontation face au Real Madrid ont, dans une certaine mesure, pu mettre en lumière l’absence de Matuidi. Autant numériquement que dans l’abattage. A Turin, on se réjouit d’avoir pu l’accueillir. Arrivé sur la pointe des pieds contre un chèque d’une vingtaine de millions d’euros il s’est imposé, après 8 mois, comme un pion incontournable de Massimiliano Allegri. « C’est un milieu différent de tous les autres milieux de terrains que nous avons », décryptait l’entraineur italien dès les mois de septembre. « C’est aussi un joueur de calibre européen, qui sait jouer simple, intelligemment, avec ou sans ballon, qui est toujours en mouvement ». Des propos légitimés par quelques chiffres. En championnat, Matuidi dispose du 5e temps de jeu de l’effectif (19 matches, 1708 minutes, devancé par Higuain, Chiellini, Pjanic et Mandzukic). Avec 91,5 % de passes réussies, il possède le meilleur ratio de son équipe chez les milieux de terrain. Le tout, en étant très souvent aligné devant la défense aux côtés de Miralem Pjanic dans un 4-2-3-1, un poste où il a parfois peiné à trouver ses repères en équipe de France, notamment quand il fut associé à Pogba. Alors, Didier Deschamps peut-il vraiment s’en passer ? Allegri, toujours lui, livrait dernièrement une partie de la réponse: « Matuidi a une qualité extraordinaire : il se tait et il court. Et en plus, il sait jouer au foot. Il l’a déjà prouvé très souvent puisque avec tous ses entraîneurs, il a toujours joué ». Un constat qui pourrait à nouveau très vite se vérifier.