Les Bleus et les rucks : les chiffres de la perte d'influence

Les données chiffrées montrent que les Bleus sont beaucoup moins efficaces dans les rucks défensifs pour gratter ou ralentir la sortie de balle.

Les données d'Opta sont claires, et confirment l'impression générale : en 2023, les Bleus grattent moins de ballons dans les rucks adverses, y sont davantage pénalisés, tout en ne parvenant pas à les ralentir autant que lors des trois premières années du mandat de Fabien Galthié (voir infographie).

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Les statistiques des grattages et des fautes sont les plus marquantes, mais celle disant que la durée des rucks défensifs a diminué d'une demi-seconde est loin d'être neutre. Car avec des sorties de balle plus rapides pour l'attaque adverse, la défense entre dans un cercle vicieux : ses joueurs ont moins de temps pour se replacer et reconstituer la ligne ; ils sont donc moins préparés à monter rapidement sur le temps de jeu suivant et à remporter leur duel ; enfin, le travail défensif dans les rucks dépendant du rapport de force lors de la collision, ils se retrouvent en moins bonne position pour gratter ou contre-rucker efficacement.

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Tout l'édifice défensif s'en retrouve fragilisé. En 2022, les Bleus encaissaient en moyenne 18,2 points et 1,7 essai par match. Depuis deux matches, les moyennes sont montées à 28 points et 3 essais.

Face à l'Irlande, une différence marquante

Les deux dernières confrontations face à l'Irlande (victoire à domicile, 30-24, le 26 février 2022, et défaite à Dublin, 32-19, 11 février 2023) disent bien que quelque chose a changé. De 2022 à 2023, la durée des rucks défensifs tricolores a baissé de 0''7 et le pourcentage de sorties rapides (entre 0 et 3 secondes) a bondi de 53 à 65 %.

On pourrait s'appuyer sur le nombre de grattages quasiment équivalent (5 l'an dernier, 4 cette année) pour dire que le pouvoir de nuisance des Bleus perdure malgré tout. Mais c'est à fortement nuancer. Si on rapporte ces données au nombre total de rucks irlandais (87 en 2022, 142 en 2023), Julien Marchand et les autres ont piqué un ballon tous les 17 regroupements au Stade de France, et un ballon tous les 36 à Dublin.

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Le fait même que l'Irlande ait quasiment doublé son nombre de rucks d'une année sur l'autre témoigne d'ailleurs de la difficulté des Bleus à stopper sa mécanique, basée sur une succession de... rucks rapides.

Dernier élément chiffré concernant les France-Irlande récents : la nette baisse, de 1,1 à 0,7, du nombre de défenseurs tricolores impliqués dans les rucks irlandais. Deux explications sont possibles : le choix stratégique des Français d'y « mettre » moins de joueurs ; ou leur incapacité à intervenir, soit parce qu'ils ont été mis en retard par les enchaînements adverses, soit parce qu'ils ont dominé dans les impacts. Dans tous les cas, on peut y voir un rapport avec les nouvelles directives arbitrales dans les rucks.

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