Braun-Pivet sur la PPL Liot : « Je prendrai mes responsabilités » si Coquerel la laisse passer

Braun-Pivet « prendra ses responsabilités », si Coquerel refuse de torpiller la loi Liot
Braun-Pivet « prendra ses responsabilités », si Coquerel refuse de torpiller la loi Liot

La présidente de l’Assemblée nationale estime désormais que le texte d’abrogation de la réforme des retraites « ne doit pas » être débattu au Parlement.

POLITIQUE - Puisqu’il faut tout faire soi-même… Yaël Braun-Pivet a levé un bout de voile sur son attitude à attendre quant à la proposition de loi Liot d’abroger la réforme des retraites. Ce texte, qui commence son parcours en commission mercredi, est l’objet de toutes les attentions depuis plusieurs semaines entre les opposants au gouvernement et le camp présidentiel.

C’est, pour l’instant, à Éric Coquerel, le président insoumis de la Commission des finances de l’Assemblée nationale qu’il revient de dire si la proposition est recevable (conforme à la Constitution) ou non. Seulement, à écouter la présidente de la chambre basse ce mardi 30 mai, les chances de voir le texte être discuté dans l’hémicycle se réduisent drastiquement.

Yaël Braun-Pivet se montre désormais très critique à l’égard du député Insoumis. Question de forme et de fond. Elle estime qu’il aurait dû réserver son verdict à l’Assemblée, (alors qu’il dévoile ses éléments de réponse dans la presse depuis quelques jours) et laisse entendre qu’elle se chargera elle-même de torpiller la proposition s’il ne prend pas ses responsabilités.

« Un président de Commission doit remplir ses fonctions. S’il a une décision à rendre, il ne la rend pas dans une tribune au Monde, il la rend en écrivant un courrier à destination de la présidente de la Commission des Affaires sociales », a-t-elle d’abord estimé ce mardi sur France 2, en appelant à « appliquer la loi », sans « interprétation politique. »

« Il ne doit pas y avoir de débat sur cet article »

« Je vois que monsieur Coquerel aimerait que l’article 40 n’existe pas, très bien c’est son droit. Mais aujourd’hui l’article 40 existe, il doit l’appliquer. Et s’il remplit pleinement sa mission institutionnelle, il devrait déclarer la proposition de loi irrecevable, c’est très clair », a-t-elle encore précisé, quitte à mettre la pression - et la lumière - sur le responsable insoumis dont la décision ne fait guère de doute.

Éric Coquerel a signé une tribune, samedi, dans les colonnes du Monde, dans laquelle il explique par le menu pourquoi il ne déclarera pas la proposition irrecevable, tout en critiquant les manœuvres de la Macronie pour faire capoter le texte.

Dans ces conditions, Yaël Braun-Pivet n’exclut plus de se charger des basses besognes. Si Éric Coquerel refuse, « nous discuterons à l’Assemblée au sein des organes compétents » , de la marche à suivre, a ainsi avancé la cheffe du Palais Bourbon. « Je ne veux pas faire comme Éric Coquerel et dire ce que je vais faire dans les médias », a-t-elle expliqué, avant d’ajouter plus clairement quelques secondes plus tard : « il ne doit pas y avoir de débat sur cet article qui est clairement anticonstitutionnel. (...) Je prendrais mes responsabilités, c’est la raison pour laquelle je suis présidente de l’Assemblée nationale. »

Le fameux article 40 (qui impose à une proposition de ne pas engendrer une charge financière pour l’État), peut être mobilisé à tout moment, et les macronistes n’ont pas dit leur dernier mot. Selon le plan, la majorité va tenter de supprimer l’article 1er du texte en commission, mercredi, pour vider la loi de sa substance et forcer les oppositions à réintroduire la disposition avant les discussions dans l’hémicycle le 8 juin, par des amendements.

Des amendements qui pourraient, eux, être déclarés irrecevables par la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet qui aurait alors la main. Ainsi le 8 juin, il n’y aurait pas de possibilité de voter l’abrogation.

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