Brittney Griner, prisonnière en Russie et otage d'un jeu qui la dépasse

Détenue dans les geôles de Poutine, la championne de basket américaine est devenue une monnaie d’échange entre le Kremlin et Washington.

Appeler sa fille Brittney dans l’Amérique du va-t-en-guerre et très réactionnaire George Bush père, c’est comme prénommer son fils Kevin dans la France pépère de François Mitterrand. Cela ne lui donne pas beaucoup d’atouts… Dans son autobiographie parue en 2014 et intitulée « In My Skin» («Dans ma peau»), la basketteuse Brittney Griner, 31 ans aujourd’hui, avoue s’être « longtemps endormie, mortifiée, en pensant très fort: pourvu que je me réveille normale demain matin ».

Noire de peau, mal à l’aise dans son corps de géante, se découvrant lesbienne dès la préadolescence, elle se demandait ce qu’elle avait bien pu faire au bon Dieu pour être née ainsi. Si différente. Au gré des ans, dans une histoire de «comeback kid» comme les États-Unis les adorent, Brittney Griner est parvenue, au-delà des sarcasmes et des préjugés, à devenir un parangon de tolérance et de résilience pour des milliers de jeunes Américaines. En abandonnant fissa son prénom pour le surnom de BG (ses initiales, mais aussi celles de Big Girl). Et surtout en s’imposant comme une des plus illustres basketteuses de l’Histoire: 2,06 mètres, une envergure de 2,22 mètres, deux titres olympiques (2016, 2021) et la capacité, rare dans le basket féminin, d’accomplir des «dunks»: l’art de marquer en projetant le ballon dans l’arceau, à une ou deux mains, bien au-dessus du cercle.

Avec ses 2,06 mètres, elle est l'une des rares joueuses à réussir des «dunks»

Cette année, son destin a basculé dans un univers interlope à la John le Carré: la voilà otage des jeux d’ombres de l’espionnage où les êtres ne sont que des pions dans une partie d’échecs joués par les États. Hagarde, le teint cireux, les joues caves et les yeux éteints, les avant-bras, tout mâchurés de(...)


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