Canoë: "C’est violent", Denis Gargaud justifie son recours de la dernière chance pour les JO 2024

Canoë: "C’est violent", Denis Gargaud justifie son recours de la dernière chance pour les JO 2024

Denis Gargaud, pourquoi avez-vous demandé une conciliation du CNOSF dans ce conflit?

Le seul moyen que j’avais pour me faire entendre était de faire ce recours. J’ai énormément réfléchi avant de le faire car c’est quelque chose avec laquelle je suis en conflit profond. Ça va contre mes valeurs de sportif, je n’en suis pas forcément fier. Mais je veux juste défendre mes droits et rendre la responsabilité à ceux qui sont responsables, c’est-à-dire la Fédération. Je n’avais pas d’autre choix. Je conçois qu’au final, ce que je demande, c’est remplacer quelqu’un qui a été choisi à ma place, mais je veux m’appuyer sur les règles définies à l’avance.

Comment le rendez-vous s’est-il passé?

La conciliation s’est passée de manière très cordiale. Le DTN et la directrice administrative sont venus. Il y avait un conciliateur, qui d’après ce que j’ai compris est quelqu’un d’important et un juriste hors pair. Il a dit qu’en effet, il y avait un problème dans la manière dont les règles ont été appliquées. J’ai proposé que l’on remette le sport au milieu. J’ai dit à la Fédération que c’était à elle de prendre ses responsabilités et de réinventer une règle en organisant par exemple une épreuve sur les Coupes du Monde à venir et en prenant les meilleurs résultats participeraient à la suite de la saison. Mais ils ont juste tout balayé.

Qu’attendez-vous de la requête que vous avez déposée auprès du tribunal administratif de Melun?

Nos affaires de sportifs sont censées être traitées via la conciliation du CNOSF. Je suis franchement très attristé de devoir en arriver là mais c’est ma seule possibilité de faire valider la décision du conciliateur. Car il n’a pas de pouvoir juridique. Il rend un avis qui normalement est accepté. Si le tribunal suit la CNOSF, la Fédération devrait appliquer la décision. Je veux insister sur un point: une des raisons qui m’ont poussé à faire ça c’est que j’ai eu une longue carrière, j’ai plusieurs fois vécu des sélections ou des applications de règles un peu douteuses, et j’en ai observé beaucoup aussi. C’est quelque chose qui abime énormément les athlètes. Quand tu mets quatre ans de ta vie à t’engager dans un processus, remplir ce que l’on te demande et qu’au final on te juge sur autre chose, c’est violent. Ces problèmes de compréhension nous font à nous, athlètes, un énorme mal, ça traumatise. Ça laisse des traces, c’est très douloureux. C’est très difficile, je ne dors pas beaucoup, je me demande si je ne suis pas en train de m’inventer quelque chose, mauvais perdant. Mais je le fais pour moi car c’est mon seul moyen de survie, sinon ma carrière est finie mais je le fais aussi car il faut que ça s’arrête.

Si jamais les choses s’arrangent, vous sentez-vous capable de réintégrer l’équipe de France après tout ce qu’il s’est passé?

C’est impossible. Je souhaite retourner sur les compétitions internationales, je n’ai absolument rien à reprocher aux athlètes, ce n’est pas leur faute. Mais je sais très bien que je ne pourrai pas être dans la même pièce ou le même hôtel que le directeur de la performance qui m’a tenu un discours dingue et refuse de l’avouer. J’irai à l’hôtel ailleurs, je me débrouillerai. Par contre j’estime que je suis français, que j’ai déjà remporté des victoires mon pays, je n’ai jamais triché, j’ai toujours respecté mes confrères athlètes et j’estime que j’ai encore le droit de représenter mon pays. Être avec mon entraîneur ou dormir seul à l’hôtel n’a aucune importance.

Article original publié sur RMC Sport