Le cardinal Jean-Pierre Ricard avoue un comportement « répréhensible » avec une jeune fille de 14 ans

Le cardinal français Jean-Pierre Ricard écoute lors d’une conférence de presse le lendemain de l’élection du pape François, le 14 mars 2013 à Rome. Le pape François a reçu jeudi un flot de messages de bonne volonté en provenance du monde entier, les non-catholiques espérant que sa papauté permettra de nouer de meilleurs liens avec le Vatican.  AFP PHOTO / ANDREAS SOLARO (Photo par ANDREAS SOLARO / AFP)

ÉGLISE - « J’ai décidé de ne plus taire ma situation et de me mettre à disposition de la justice. » L’ancien archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard, est passé aux aveux ce lundi 7 novembre dans un communiqué lu par le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort. Il a déclaré avoir abusé d’une jeune fille de 14 ans il y a plusieurs décennies et qu’il allait se retirer de ses fonctions.

À la surprise générale, lors d’un un point presse sur le thème des abus sexuels et de leur gestion à la veille de la clôture de l’assemblée plénière de la CEF à Lourdes, Éric de Moulins-Beaufort s’est mis à lire un message envoyé par le cardinal Jean-Pierre Ricard. « Il y a 35 ans, alors que j’étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables », écrit-il affirmant avoir demandé « pardon » à cette victime, toujours selon ses propos rapportés.

Cet aveu du cardinal Ricard, 78 ans, qui fut notamment évêque de Coutances, Montpellier puis de Bordeaux de 2001 à 2019, et qui a pris sa retraite en octobre 2019, a été accueilli « comme un choc » par les 120 évêques réunis dans la cité mariale, a souligné le président de la CEF. Jean-Pierre Ricard, ancien président de la CEF, est cardinal depuis 2006.

Le président de la CEF a par ailleurs détaillé les cas d’autres prélats ayant eu affaire à la justice. « Il y a aujourd’hui six cas d’(anciens, NDLR) évêques qui ont été mis en cause devant la justice de notre pays ou devant la justice canonique », a-t-il déclaré, soulignant que ces cas étaient « connus » de la presse. L’un d’entre eux est toutefois « décédé » depuis, a indiqué ultérieurement la CEF, précisant qu’il s’agissait de Pierre Pican, décédé en 2018, condamné pour non dénonciation.

11 cas d’évêques visés par des enquêtes pour abus

Deux autres évêques à la retraite « font l’objet d’enquêtes aujourd’hui de la part de la justice de notre pays après des signalements faits par un évêque et d’une procédure canonique ». Un autre « fait l’objet d’un signalement au procureur auquel aucune réponse n’a été donnée à ce jour et a reçu du Saint-Siège des mesures de restriction de son ministère », a ajouté l’archevêque de Reims. S’ajoute « désormais Mgr Ricard », a-t-il dit. Ainsi que Mgr Michel Santier, sanctionné en 2021 par les autorités du Vatican pour des « abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs » et dont la sanction a été révélée mi-octobre par la presse.

Au total, 11 cas d’évêques sont actuellement visés par des enquêtes pour abus, a déclaré Eric de Moulins-Beaufort. Concernant l’affaire Santier, dont le silence sur la sanction a choqué les catholiques, Eric de Moulins-Beaufort a admis avoir été « mis au courant de (sa) situation ». Mais il a précisé que la CEF n’était pas « partie prenante de la procédure ».

« C’est un nouveau tsunami. On ne pensait pas qu’autant d’évêques pouvaient être concernés », a réagi Marie-Jo Thiel, professeure d’éthique à la faculté de théologie de Strasbourg, dans La Croix à paraître mardi. Olivier Savignac, pour le collectif de victimes Parler et revivre, s’est dit « secoué par les révélations ». « Il y a beaucoup de choses cachées. Combien vont encore sortir ? », a-t-il interrogé, déplorant auprès de l’AFP que « l’Église ne réagisse qu’une fois au pied du mur ».

Dans un communiqué, l’archevêque de Bordeaux Jean-Paul James, revenant sur les révélations du cardinal Ricard, a exprimé sa « grande compassion à la personne victime concernée ». Le diocèse de Marseille a lui pris « acte avec peine et douleur des faits rapportés ». Celles-ci interviennent un peu plus d’un an après la publication du rapport choc de la commission Sauvé sur l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église de France depuis 1950.

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