En difficulté en Top 14, Castres fait comme si...
Sur une série de sept matches sans succès, Castres, qui accueille Bordeaux ce samedi après-midi en Top 14, affiche une étonnante sérénité.
Cela fait une éternité que Pierre-Yves Revol préside le Castres Olympique. Les moments difficiles, les crises, les coups de gueule avant, ou après les matches, il connaît. Jeudi après-midi, bien que très occupé et contrarié par la situation à la tête de la FFR, il a pris quelques minutes pour évoquer la délicate période que traverse son équipe. En proie au doute, elle traîne au classement (11e) et n'a plus gagné depuis le 4 décembre et la réception de Pau (16-14), avec un bilan de six défaites dont quatre sur la scène européenne, et un nul.
« En trente-cinq ans, je n'ai pas vécu que des périodes fastes. Celle-ci, elle n'est pas facile. Je la qualifierai d'intermédiaire. On n'est pas dans les six premiers mais il ne faut pas s'attendre, avec le onzième budget, à être premier du Top 14 tous les ans. Le club, dans le passé, a su faire face. C'est ce qu'on va faire. Ce n'est pas la panique à bord. » Mais la semaine dernière, il a jugé utile de pousser la porte des vestiaires pour causer à ses hommes, pour les alerter de la nécessité de réagir mais aussi pour les réconforter. « En respectant les équilibres », assure-t-il pour ne pas ajouter trop de pression.
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Car ils en ont déjà assez et en auront encore un peu plus cet après-midi, au moment de défier l'Union-Bègles-Bordeaux, un club qui a douté, et qui va mieux depuis que Christophe Urios est parti. « Ouais, c'est un match avec de la pression, mais quand t'es sportif de haut niveau, c'est ce qui t'anime », lâche Mathieu Babillot, le capitaine.
Vendredi matin, le troisième-ligne a dirigé le dernier galop d'entraînement. Sur les visages de ses partenaires, des sourires. Beaucoup. Aucune trace d'inquiétude. Les comédiens sont bons ? « Ils ont un vécu ensemble, décrit Pierre-Henry Broncan, le manager. Ils savent l'importance du match mais à quoi ça sert de stresser, ça inhibe. » Malgré l'enjeu et la situation, le club n'a pas bouleversé son programme. Il avait prévu de longue date un déjeuner, vendredi midi, avec les joueurs et les partenaires financiers. Il a été maintenu. « La semaine a été plutôt bonne, assure Babillot. Le match, ça ne sert à rien de le faire avant. On est conscients de notre situation mais on n'y pense pas tout le temps, sinon c'est quelque chose qui te ronge, et qui peut te faire perdre les moyens. »
Broncan, l'entraîneur que son président soutient - « je n'ai jamais songé à m'en séparer », assure Révol - , confirme les dires de Babillot. « La semaine a été très bonne, avec beaucoup d'application et d'implication », raconte le technicien. Dort-il toujours aussi bien ? « Oui, pas de problème de ce côté-là. Quels que soient les résultats, un coach essaye toujours d'améliorer son équipe. C'est ce que je fais. Il faut monter le curseur. « En match, l'équipe tend à s'écrouler en seconde période. Ce fut flagrant contre Édimbourg et Exeter. Cet après-midi, contrairement à ce qu'il a pu tenter en Coupe d'Europe avec l'intégration de jeunes, et les titularisations de joueurs rarement utilisés, le staff n'alignera pas un quinze expérimental.
C'est le retour de l'équipe-type, de celle, à trois exceptions près (Colonna, Ardron, Maravat) qui s'est qualifiée pour la finale du Top 14 l'an dernier. Absent depuis fin octobre, Santiago Arata retrouvera son n° 9. Il était entré en jeu il y a quinze jours contre Édimbourg mais était sorti quelques secondes plus tard, complètement sonné. Il manquera de rythme, assurément. « Il est prêt, estime Broncan. Il a pu travailler physiquement en respectant les paliers du protocole commotion. » Suspendu après un mauvais geste contre le Stade Français, Filipo Nakosi effectuera également son retour. En revanche, Gaëtan Barlot ne sera pas là. Le talonneur est resté à Capbreton, avec les Bleus, ceux qui gagnent tout le temps.
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