"C'est AZF force 10": les explosions à Beyrouth ravivent la colère de Toulousains

Deux puissantes explosions à Beyrouth ont fait plus d'une centaine de morts et des milliers de blessés et causé d'innonbrables dégâts dans la capitale libanaise - Anwar AMRO © 2019 AFP
Deux puissantes explosions à Beyrouth ont fait plus d'une centaine de morts et des milliers de blessés et causé d'innonbrables dégâts dans la capitale libanaise - Anwar AMRO © 2019 AFP

Les deux gigantesques explosions dans le port de Beyrouth qui ont fait plus de 100 morts et 4000 blessés ont ravivé mercredi les souvenirs traumatisants de la catastrophe d'AZF en 2001 à Toulouse, les associations de victimes exprimant leur "compassion et colère".

"C'est le même spectacle qu'à AZF à un degré plus important, la même vision de blessés, de murs balayés et de dégradations", explique à l'AFP Jacques Mignard, président de l'association "AZF - Mémoire et solidarité".

Le Premier ministre libanais Hassan Diab a affirmé que ces déflagrations étaient notamment dues à l'explosion de quelque 2750 tonnes de nitrate d'ammonium, la même substance en cause dans la catastrophe d'AZF à Toulouse.

Le nitrate d'ammonium également en cause

"Chaque fois, il y a de la compassion. C'est terrible pour les Libanais quand on se souvient de ce qu'on a vécu", insiste Claudine Molin, membre de l'association "Plus jamais ça ni ici ni ailleurs".

Le 21 septembre 2001, 300 tonnes de nitrate d'ammonium stockées dans un hangar en plein Toulouse explosent. La déflagration, qui souffle le complexe chimique AZF (Azote Fertilisants), est entendue jusqu'à 80 km à la ronde, faisant 31 morts et 2500 blessés.

"Ca ne devrait pas se reproduire en 2020"

"Je suis en colère. Notre expérience n'a servi à rien. D'ici deux ans, on ne s'en souviendra plus et ça, ça me désole. Ca ne devrait pas se reproduire en 2020", tance Claudine Molin, en insistant sur le besoin de "s'intéresser aux risques industriels en dehors des catastrophes".

"C'est AZF force 10, c'est impensable qu'il y ait une telle quantité de produit autour d'une ville, autour des habitations", a réagi sur BFMTV Pauline Miranda, présidente de l'association des sinistrés du 21 septembre 2001.

"Hier (mardi, NDLR), quand j'ai vu ces pauvres gens, j'ai automatiquement pensé à ça", a confié Jeannine Cantarueil à franceinfo, ancienne infirmière libérale toulousaine qui a vécu l'explosion de l'usine AZF.

"Une série de négligences"

Le nitrate d'ammonium, qui entre dans la composition de certains engrais mais aussi d'explosifs, "ne peut pas être entreposé n'importe où et n'importe comment", souligne l'ancien rapporteur d'une commission d'enquête sur la catastrophe d'AZF.

"On se dit qu'on stocke autant de nitrate et on n'y fait pas gaffe. C'est terrible. C'est une série de négligences, c'est toujours la même chose", regrette Serge Baggi.

L'ancien directeur de l'usine chimique AZF et la société exploitante ont été définitivement condamnés fin 2019, 18 ans après l'explosion qui a traumatisé et bouleversé Toulouse, la Cour de cassation ayant rejeté leurs pourvois.

L'ex-directeur Serge Biechlin avait été condamné à 15 mois de prison avec sursis pour "homicide involontaire", et la société gestionnaire du site, l'entreprise Grande Paroisse, à l'amende maximale de 225.000 euros.

Article original publié sur BFMTV.com