C'est la faute des médias !

Dans le football comme dans toute activité publique, il est très facile de s’en prendre aux médias plutôt que de s’attaquer aux racines d’un problème. Avec l’explosion des réseaux sociaux, le petit jeu de massacre n’a jamais été aussi utilisé.

Le football copie parfois les mauvaises coutumes du monde politique. Depuis que le fourbe Donald Trump a remporté les élections américaines en se présentant comme un ennemi des médias, tout le monde semble succomber à la mode. En France, François Fillon a dénoncé, à son tour, un lynchage médiatique pour se sortir du “Penelopegate”. Du coup, le monde du football a décidé d’appliquer les mêmes grosses ficelles. Viser les médias pour détourner mieux l’attention. Attention, c’est souvent à double tranchant.

Lanterne rouge de la Ligue 1, Lorient a décidé d’éteindre la lumière pour sortir des ténèbres. Après leur défaite face aux Stéphanois (4-0), les Lorientais ont décidé de ne pas répondre aux journalistes. “Il ne faisait pas beau, on a mangé du poulet, il n y a pas d’excuse. Quelquefois, ne rien dire, c’est mieux.” Ce justificatif piteux est signé Alex Hayes, le vice-président exécutif des Merlus, visiblement très remonté contre ses joueurs. Ancien journaliste lui-même, Alex Hayes justifie le proverbe : il n’y a pas meilleur garde-chasse que les anciens braconniers. En quoi commenter une performance sportive ajoute-t-elle des soucis ou des problèmes ? Imposer le silence implique que le feu couve sous les cendres. Il serait donc dangereux de les remuer. Dommage, Lorient a longtemps été un club ouvert, familial et sympathique. A singer les mauvaises méthodes des grands clubs, on perd sur tous les tableaux.

De la même façon, le week-end dernier, Jean-Michel Aulas s’est plaint du traitement médiatique visant à déstabiliser le club lyonnais. C’est plus facile de trouver un bouc émissaire que de trouver deux bons défenseurs centraux complémentaires ou un deuxième buteur pour aider le brave Alexandre Lacazette. Enfin, venons en à Guingamp. Le penalty non sifflé en fin de match serait consécutif à la campagne de presse d’Antoine Kombouaré. Là encore, la stigmatisation des médias de la part du président de l’OL, maître en techniques de communication, démontre le désarroi dans lequel s’embourbe tout un club. Le degré d’attaque des médias, pas toujours exempts de tous reproches en certaines circonstances, est souvent proportionnel aux problèmes qui rongent un club ou une équipe nationale. Avec dix défaites concédées en Ligue 1 cette saison, Lyon est en train de laisser filer la Ligue des champions, si importante pour son standing et son budget de l’année prochaine. De graves erreurs de management et de recrutement ralentissent la croissance d’un club exemplaire depuis des années. Il est dommage de ne pas admettre ces erreurs-là et de crier en permanence au complot. Lyon est un grand club qui doit cesser de se plaindre des arbitres ou des journalistes. Lorsque l’on est malade, il est inutile de casser le thermomètre. Il n’y est souvent pour rien.