CHRONIQUE. Métavers : pourquoi rendre désirable la réalisation d'utopies négatives ?

Le Pr Ganascia rappelle, dans sa chronique, que dans "les œuvres de science-fiction où il a été introduit, le métavers se présente surtout comme une utopie négative".

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°907, daté septembre 2022.

Depuis qu'en octobre 2021, Mark Zuckerberg a décidé de changer le nom de la société Facebook en "Meta" - en référence au métavers qu'il souhaite bâtir -, le mot a acquis une grande popularité. Pourtant ce néologisme, forgé en 1992 par Neal Stephenson dans le roman "Snow Crash", est relativement ancien. Et le principe d'une telle simulation, décrit en 1964 dans "Simulacron 3" de Daniel Galouye, l'est plus encore.

Les premières tentatives d'univers virtuels sont elles aussi datées. Second Life, où l'on peut se promener à loisir et se présenter aux autres au moyen d'avatars, à savoir d'êtres numériques que l'on compose, que l'on coiffe et que l'on habille à son goût, date de 2003, ce qui fera bientôt vingt ans. De fait, il existe déjà bien des applications industrielles de métavers immersifs construites avec les techniques de réalité virtuelle. Citons par exemple le domaine des jeux vidéo ; citons aussi ce que l'on appelle les "jeux sérieux", avec de nombreuses utilisations dans le secteur du marketing ou de la formation. Enfin, les simulations sont essentielles dans le domaine aéronautique, où elles concourent à la formation des pilotes et des opérateurs.

Un cauchemar plutôt qu'un rêve dans les œuvres de science-fiction

Le regain d'intérêt actuel n'est donc pas lié à la nouveauté du concept mais aux progrès techniques qui permettraient de le systématiser, en particulier au perfectionnement des technologies qui sous-tendent les réalités virtuelles. Mais, bizarrement, dans les œuvres de science-fiction où il a été introduit, le métavers se présente surtout comme une utopie négative. Parfois, c'est une sorte de drogue qui aide à échapper à une détestable réalité.

D'autre fois, lorsqu'on s'y transporte en esprit, on est conduit à douter de sa propre existence en craignant d'être soi-même le jouet de malins génies tout-puissants dans un grand métavers cosmique. Dès lors, il ap[...]

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