En Colombie, le récit des 40 jours de recherches pour retrouver quatre enfants vivants

Depuis le 1er mai, jour du crash de leur avion, des centaines de personnes étaient mobilisées pour retrouver des enfants. Et le miracle a eu lieu.

COLOMBIE - Le miracle colombien. Vendredi 9 juin, le président Petro annonce la nouvelle que plus personne n’imaginait. Quarante jours après le crash d’un avion dans lequel ils se trouvaient, quatre enfants ont été retrouvés vivants et en bonne santé apparente.

Pendant plus de cinq semaines, ils ont erré au milieu d’une épaisse végétation laissant sur leur chemin de précieuses traces pour les militaires et indigènes engagés dans les recherches.

Voici la chronologie de l’incroyable opération de recherche déployée pour les retrouver.

1er mai : le vol vire à la catastrophe

Le matin du 1er mai, un petit avion Cessna 206 appartenant à la compagnie Avianline Charters quitte une zone de jungle connue sous le nom d’Araracuara pour se rendre à San José del Guaviare (sud), l’une des principales villes de l’Amazonie colombienne. À bord de l’appareil, le pilote, un chef indigène, les quatre enfants âgés de 13, 9 et 4 ans, ainsi qu’un bébé de 11 mois à l’époque, et leur mère.

Quelques minutes après le décollage de l’avion pour un trajet de quelque 350 km au-dessus de la jungle, le commandant de bord signale un problème au niveau du moteur. L’avion disparaît ensuite des radars. Selon les informations diffusées par les autorités, les enfants avaient pris l’avion avec leur mère pour fuir les menaces de la guérilla qui s’était retirée du pacte de paix signé par les FARC en 2016.

Photo de la carcasse de l’avion prise le 19 mai en Colombie.
Photo de la carcasse de l’avion prise le 19 mai en Colombie.

15 mai : l’avion localisé

Entre le 15 et le 16 mai, des militaires parviennent à retrouver l’avion dans le sud du département de Caqueta. L’appareil est à la verticale, le nez planté au sol, au milieu d’une dense végétation. Le pilote est retrouvé mort dans le cockpit. Le chef indigène et la mère de famille sont également retrouvés sans vie, sans que les militaires indiquent où exactement. Un chien renifleur trouve un biberon à proximité du site de l’accident.

Plus de 100 militaires sont déployés dans la zone avec l’espoir de retrouver au moins un des enfants vivants. Des dizaines d’indigènes des villages voisins, habitués à se déplacer dans une jungle où les orages sont fréquents et qui abrite des serpents, des jaguars et d’autres animaux sauvages, se joignent aux recherches.

Des hélicoptères de l’armée de l’Air survolent la zone, diffusant des messages de la grand-mère des enfants dans leur langue, leur demandant d’arrêter d’avancer afin de pouvoir être retrouvés. Des chaussures, des vêtements et des fruits fraîchement mâchés sont retrouvés. À environ 2,5 kilomètres de l’endroit où le petit avion s’est écrasé, les militaires découvrent un camp abandonné par la guérilla.

Des opérations de recherche sont en cours dans la jungle amazonienne, en Colombie, pour retrouver quatre enfants disparus après le crash de leur avion il y a deux semaine (photo publiée par l’armée prise mercredi 17 mai).
Des opérations de recherche sont en cours dans la jungle amazonienne, en Colombie, pour retrouver quatre enfants disparus après le crash de leur avion il y a deux semaine (photo publiée par l’armée prise mercredi 17 mai).

17 mai : la fausse annonce

L’opération de secours baptisée « Espoir » quadrille une zone d’environ 323 kilomètres carrés. Trois semaines après l’accident, sont retrouvées deux couches et une paire de chaussures. L’armée assure être passée à moins de 100 mètres des enfants. Les recherches se limitent alors à une zone d’une vingtaine de kilomètres carrés.

Le 17 mai, des militaires tombent sur un abri de fortune fait de branchages. Un chien signale une paire de ciseaux et un bandeau pour les cheveux. Le même jour, quelques heures plus tard, le président colombien Gustavo Petro annonce sur Twitter que la fratrie a été retrouvée vivante. Le lendemain cependant il se rétracte et supprime son message.

26 mai : la fête symbolique

Le 26 mai, les forces militaires organisent une fête symbolique pour célébrer le premier anniversaire de Cristin, le plus jeune des quatre enfants.

8 juin : la disparition du chien Wilson

Le 8 juin, alors que l’opération de recherches passe au second plan dans les médias en raison d’une crise gouvernementale provoquée par un scandale d’écoutes illégales, l’armée annonce que Wilson, un chien renifleur participant aux recherches, a disparu lui aussi dans la jungle. Le chien, un berger belge âgé de six ans, est à l’origine de la découverte du biberon. Selon un bulletin de l’armée, il aurait été « désorienté » en raison du « terrain complexe ». Les militaires retrouvent des empreintes qui semblent appartenir au chien à proximité de celles des enfants.

9 juin : l’annonce du miracle

Les militaires avec les quatre enfants retrouvés dans la jungle amazonienne de Colombie, le 9 juin 2023.
Les militaires avec les quatre enfants retrouvés dans la jungle amazonienne de Colombie, le 9 juin 2023.

Le vendredi 9 juin dans l’après-midi, le président Petro annonce sur Twitter que les enfants ont été retrouvés vivants. Son message est accompagné d’une photo les montrant entourés de militaires et d’indigènes. Leurs visages sont émaciés. Selon le président, « ils étaient seuls, ils s’en sont sortis tout seuls ». Ils sont retrouvés à cinq kilomètres du lieu du crash. Vers 21 heures, le ministère de la Défense annonce que les enfants sont transférés par hélicoptère à San José de Guaviare, la ville la plus proche, où leur état de santé va être évalué. Le chien Wilson n’était pas avec eux.

Pendant leur période d’errance, deux des enfants ont fêté leur anniversaire dans la jungle : la benjamine Cristin a eu un an, et Tien Loriel cinq ans.

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