Colombie: comment les secours ont réussi à retrouver les enfants disparus dans la jungle pendant 40 jours

Colombie: comment les secours ont réussi à retrouver les enfants disparus dans la jungle pendant 40 jours

L'opération avait été baptisée "Espoir". Vendredi, quatre enfants ont été retrouvés dans la jungle amazonienne de Colombie, après avoir erré pendant 40 jours à la suite d'un accident d'avion.

Originaires du groupe indigène Uitoto, Lesly, Soleiny, Tien Noriel et Cristin ont été extraits de la jungle, hélitreuillés et transportés par hélicoptère vers la ville de San Jose del Guaviare puis acheminés samedi par avion médicalisé à Bogota. A leur arrivée, ils ont été évacués en civière et embarqués à bord de plusieurs ambulances. Cette bonne nouvelle met fin à plusieurs semaines de recherches pour les secours.

Le périple de ces enfants a débuté le 1er mai, lorsqu'un petit avion Cessna 206 s'est écrasé, le commandant de bord ayant signalé un problème au niveau du moteur quelques minutes après le décollage. L'engin transportait le pilote, un chef indigène, les quatre enfants âgés de 13, 9 et 4 ans, ainsi qu'un bébé de 11 mois à l'époque, et leur mère. Débutent alors des recherches associant des militaires et des indigènes de communautés proches du lieu de l'accident.

Un message de leur grand-mère diffusé

L'avion n'a été retrouvé que deux semaines plus tard. Le pilote, le chef indigène et la mère de famille ont été retrouvés morts, mais les équipes de secours ont découvert des fruits grignotés dans la zone du crash, leur laissant espérer la survie des enfants. Plus de 100 militaires ont été mobilisés sur cette opération, au fil de laquelle ils ont trouvé des traces du passage des enfants, comme un abri de fortune, fait de bâtons et de branches.

L'armée de l'air s'est jointe à l'opération avec trois hélicoptères. A bord d'un de ces appareils, un haut-parleur "pouvant couvrir une zone d'environ 1.500 mètres" a diffusé un message enregistré par la grand-mère des enfants.

Dans la langue Uitoto, la femme disait à ses petits-enfants qu'ils étaient recherchés et leur demandait de rester où ils se trouvaient, afin que les secours puissent les localiser.

Des kits de survie largués dans la jungle

Le 20 mai, l'armée a indiqué avoir largué par avion une centaine de kits de survie contenant de la nourriture et de l'eau dans la jungle. Deux jours plus tard, la présidence a annoncé le largage, depuis des hélicoptères, de 10.000 tracts, en espagnol et en langue indigène indiquant la manière de contacter les secours

Fin mai, le général Pedro Sanchez a affirmé sur W Radio que "d'après les preuves" récoltées jusqu'alors, dont une empreinte de pas, les enfants étaient vivants. "S'ils étaient morts, il serait certainement facile de les retrouver parce qu'ils seraient immobiles", et les chiens renifleurs lancés à leur recherche "nous guideraient", a-t-il ajouté.

Pedro Sanchez a estimé que ses unités se sont trouvées à 100 mètres ou moins des enfants, mais que les pluies, la végétation et le terrain marécageux rendent les recherches difficiles.

Un chien disparu

Elles étaient menées avec l'aide de chiens renifleurs. Ce jeudi, l'un d'entre eux s'est lui aussi perdu dans la végétation. Wilson, un berger belge de six ans, "a disparu (...) dans les jungles de Caqueta et Guaviare (sud)", a annoncé l'armée dans un communiqué. Selon l'armée, "l'une des hypothèses" concernant la disparition du chien est qu'"en raison de la complexité du terrain, de l'humidité et des conditions météorologiques défavorables, il aurait été désorienté".

Finalement, les quatre enfants ont été retrouvés vendredi, "un jour magique", a commenté le président Gustavo Petro. Les enfants "étaient seuls, ils ont réussi par eux-mêmes. C'est un exemple de survie totale qui restera dans l'histoire. Ces enfants sont donc aujourd'hui les enfants de la paix et les enfants de la Colombie", s'est-il félicité, en louant "la coordination efficace entre les militaires et les indigènes" lors des recherches.

Selon l'armée, les sauveteurs ont retrouvé la fratrie à environ 5 km à l'ouest du site de l'accident. "Ils sont faibles. Laissons les médecins faire leur pronostic", a commenté Gustavo Petro. Les secouristes de cette "opération espoir" ont parcouru, en plus d'un mois, près de 2.656 km dans cette jungle impénétrable.

Article original publié sur BFMTV.com