« La colonisation arabe était pire que la colonisation européenne »

Abdelaziz Baraka Sakin raconte, comme personne, son Soudan natal.  - Credit:1 / MAXPPP / PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP
Abdelaziz Baraka Sakin raconte, comme personne, son Soudan natal. - Credit:1 / MAXPPP / PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

Avec Le Messie du Darfour, puis Les Jango, Abdelaziz Baraka Sakin nous a régalés, sur des sujets difficiles, de deux romans sur son Soudan natal, duquel il a dû s'exiler. Il nous emmène cette fois du côté de Zanzibar, dans un périple aventureux aussi palpitant que drôle, même si la toile de fond l'est beaucoup moins. Ce maître ès ironies, à l'imagination ô combien fertile et audacieuse, brode allègrement sur des bases historiques documentées.

Ainsi de sa Princesse de Zanzibar, qui vient de paraître, toujours aussi bien traduit par Xavier Luffin, dont il nous explique, de passage à Paris, l'origine : à l'époque où il s'intéressait à la littérature omanaise, car l'auteur travaille beaucoup à des anthologies, Abdelaziz Baraka Sakin tombe sur deux livres datant de la colonisation des Omanais à Zanzibar. « L'un était lesMémoires de la fille du sultan, l'autre était écrit par un chef militaire qui capturait les esclaves. J'ai été frappé par le fait que la princesse parle de la vie fastueuse des Omanais à Zanzibar, et décrive les Zanzibarites comme des gens qui ne faisaient rien, des paresseux, alors que les Africains faisaient tout, cultivaient la terre, s'occupaient des récoltes, et jusqu'à laver les corps des maîtres. Ce contraste entre ce paradis pour les Omanais et cet enfer vécu chez eux par les Africains m'a interpellé. La vie de l'individu simple, celui dont personne ne se préoccupe, ce qu'on appelle le vide historique a motivé mon roman, qui vient le comb [...] Lire la suite