La Corée du Nord lance un « véhicule spatial », Séoul envoie un ordre d’évacuation par erreur

La Corée du Nord lance un « véhicule spatial », Séoul envoie un ordre d’évacuation par erreur (Photo d’un drapeau nord coréen)
La Corée du Nord lance un « véhicule spatial », Séoul envoie un ordre d’évacuation par erreur (Photo d’un drapeau nord coréen)

INTERNATIONAL - La Corée du Nord a tiré, ce mercredi 30 mai, une fusée présentée comme un « véhicule de lancement spatial », selon l’armée sud-coréenne, semant la confusion à Séoul où un ordre d’évacuation a été lancé par erreur, et déclenchant une brève alerte au missile au Japon.

« La nouvelle fusée de transport de satellites Cheollima-1 s’est abîmée dans la mer de l’Ouest », le nom coréen de la mer Jaune, a finalement déclaré l’agence de presse d’État KCNA, expliquant cet échec par « une perte de poussée due à un démarrage anormal du moteur du deuxième étage, après la séparation du premier étage pendant un vol normal ».

Pyongyang a tiré « ce qu’elle appelle un véhicule de lancement spatial » vers le sud, a indiqué l’état-major sud-coréen. Le « projectile a disparu des radars avant d’atteindre son point de chute attendu », a par la suite fait savoir l’armée citée par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, ajoutant qu’elle cherchait à savoir si le projectil avait explosé en vol ou s’était écrasé quelque part.

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a pour sa part évoqué un « possible missile balistique ».

« Les enfants et les personnes âgées d’abord »

La Corée du Sud a annulé une alerte lancée tôt mercredi matin par la ville de Séoul, qui avait fait retentir les sirènes et envoyé un message d’« urgence critique » sur tous les téléphones mobiles en demandant aux habitants de se préparer à évacuer en faisant passer « les enfants et les personnes âgées d’abord ».

« Nous vous informons que l’alerte émise par les autorités métropolitaines de Séoul à 06 h 41 a été incorrectement lancée », a indiqué le ministère sud-coréen de l’Intérieur.

Selon l’état-major interarmées sud-coréen cité par Yonhap, le projectile a survolé la mer Jaune sans affecter la zone métropolitaine de Séoul.

« Lancement de missile. Lancement de missile. La Corée du Nord semble avoir lancé un missile. Veuillez vous abriter à l’intérieur des bâtiments ou sous terre », a indiqué l’alerte tweetée par le bureau du Premier ministre japonais à l’intention des habitants de l’archipel d’Okinawa (sud), et diffusée par la chaîne nationale NHK.

Le gouvernement a cependant annulé cette alerte 30 minutes plus tard en estimant tout danger écarté. « On s’attend à ce que le missile évoqué plus tôt n’arrive pas au Japon. L’appel à évacuer est levé », a-t-il fait savoir sur Twitter.

Un tir de missile balistique déguisé ?

« La Corée du Nord a lancé ce qui semble être un missile balistique (...) Aucun dommage n’a été signalé pour le moment. Nous sommes en train d’analyser d’autres informations », a déclaré le Premier ministre nippon Fumio Kishida aux journalistes en arrivant à son bureau à Tokyo.

La Corée du Nord avait annoncé mardi qu’elle allait lancer un satellite espion afin de « faire face aux actions militaires dangereuses des États-Unis et de leurs vassaux », le Japon estimant pour sa part qu’il allait s’agir d’un tir de missile balistique déguisé.

Le ministère japonais de la Défense avait ordonné d’abattre tout missile dont la chute sur son territoire terrestre ou maritime serait confirmée, et avait déployé à cet effet des missiles intercepteurs SM-3 et de type Patriot PAC-3.

Pyongyang avait dit que ce lancement interviendrait entre le 31 mai et le 11 juin.

« Payer le prix et supporter la souffrance qu’elle mérite »

Critiquant les récentes manœuvres entre Washington et Séoul, un haut responsable nord-coréen avait déclaré mardi que son pays ressentait « le besoin de développer ses moyens de reconnaissance et d’information ainsi que d’améliorer diverses armes défensives et offensives. »

Tokyo et Séoul avaient fermement critiqué l’annonce du lancement, affirmant qu’il violerait les sanctions imposées par les Nations Unies contre la Corée du Nord, lui interdisant notamment d’utiliser des missiles balistiques.

« Si la Corée du Nord procède effectivement à ce lancement, elle devra en payer le prix et supporter la souffrance qu’elle mérite », avait lancé le ministère des Affaires étrangères sud-coréen.

Selon des analystes, envoyer un satellite en orbite peut permettre à Pyongyang de procéder à un essai dissimulé de missile balistique intercontinental (ICBM), car les missiles à longue portée et les lanceurs spatiaux reposent sur la même technologie.

Une puissance militaire « irréversible »

En 2012 et 2016, la Corée du Nord avait par exemple procédé à des tests de missiles balistiques en les qualifiant de lancements de satellites. Les deux projectiles avaient alors survolé la région d’Okinawa.

Depuis une escalade des tensions en 2019 avec sa voisine, la Corée du Nord a accéléré son développement militaire en conduisant notamment des essais interdits, et s’est déclarée puissance militaire « irréversible » par le biais de son leader, Kim Jong Un.

Ce dernier a aussi appelé à l’augmentation « exponentielle » de l’arsenal militaire nord-coréen, y compris en armes nucléaires tactiques.

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